mai
11
2015

L'Union européenne, la Suisse et les USA demandent un report des élections

« La Belgique a suspendu la 2ème tranche de l’aide promise au Burundi, en attendant que le processus électoral soit remis sur une voie qui peut permettre des élections crédibles, transparentes, démocratiques et inclusives. Une position qui a également été adoptée par les Pays-Bas et la Suisse », a indiqué le représentant du royaume de Belgique au Burundi. Pour ces partenaires du Burundi, a ajouté le diplomate, cette seconde tranche est conditionnée par la mise en place des conditions minimales de réussite des élections : la liberté d’expression, de manifester pacifiquement et de faire campagne sans intimidation. Déclaration faite ce lundi 11 mai 2015, après une réunion à huis clos entre la représentation de l’Union Européenne au Burundi et le gouvernement du Burundi, au Best Outlook Hotel, pour faire un tour sur les questions politico-sécuritaires et sociales du moment. Une réunion à laquelle a été également invité l’envoyé spécial de l’UE dans la région des Grands-Lacs, ainsi que les ambassadeurs des USA et de la Suisse au Burundi. A l’ordre du jour, le processus électoral, les manifestations, les Imbonerakure, l’armement des civils, la fermeture des radios et le blocage des réseaux sociaux, etc. Dans une conférence de presse organisée après cette réunion, l’envoyé spécial de l’Union européenne dans la région des Grands-Lacs, Koen Vervaeke, a souligné que les Etats-Unis et la Suisse ont été présents dans cette réunion parce qu’ils ont le même point de vue que l’UE et partagent les mêmes inquiétudes sur la situation du Burundi. « Il faut une forte mobilisation sur le Burundi pour éviter une fracture de la situation politique et sécuritaire.»

Un processus électoral qui n’est pas sûr…

Koen Vervaeke a souligné que, pour les USA, l’UE et la Suisse, le gouvernement du Burundi est le premier responsable de la situation actuelle, raison pour laquelle ils l’ont invité à tout faire pour arrêter la violence autour de la question sur le 3ème mandat, une invitation qui vaut cependant pour tous les acteurs politiques burundais. « Nous avons rappelé aux autorités que l’interdiction des manifestations est un risque de confrontation. Le gouvernement doit respecter le droit de s’exprimer et de manifester pacifiquement. » C’est dans ce sens que la réunion a insisté, a précisé l’envoyé spécial de l’UE, sur la responsabilité des forces de l’ordre dans l’utilisation excessive de la force lors des manifestations. Selon M. Vervaeke, les événements de ces derniers jours ont prouvé une circulation des armes parmi les jeunes, en demandant au gouvernement de mettre fin a cet état de choses. Il a condamné le recours des forces de l’ordre a des forces supplétives, « ce qui va a l’encontre de l’Accord d’Arusha qui a organisé les équilibres dans les forces de l’ordre. ». Pour lui, les responsabilités seront individuelles en ce qui concerne les violences, et il en a profité pour saluer la déclaration de la présidente de la CPI.

L’envoyé spécial de l’UE dans la région des Grands-Lacs a demandé aux autorités burundaises de prendre en compte la dimension régionale de cette crise. « L’UE, les USA et la Suisse sont prêts à travailler ensemble avec la région et l’Afrique pour prévenir la crise au Burundi et nous en profitons pour saluer l’initiative de la réunion du 13 mai 2015 à Dar-Es-Salaam des présidents de l’EAC pour se pencher sur le cas du Burundi. »

Ils s’inquiètent pourtant sur la réussite d’une campagne électorale ou la liberté d’expression est largement compromise par la fermeture des médias et le blocage des réseaux sociaux. Une position fortement soutenue par les Etats-Unis, qui demande leur ouverture sans conditions.

Le gouvernement burundais a reconnu l’importance de ces partenaires, en soulignant que leurs conditions sont sérieusement prises en compte. D’après Laurent Kavakure, ministre burundais des Relations extérieures, des mesures ont été prises dans ce sens, comme l’indique le communiqué de la dernière réunion du conseil national de sécurité.

Le reportage d'Edouard Madirisha

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