sep
25
2019

Makamba : les violences domestiques sévissent

Près de 1.500 cas de violences sexuelles et basées sur le genre (VSBG) reçus par le centre intégré de la province Makamba, depuis le début de cette année. A la découverte de ce centre débordé par les cas de violences domestiques.

Des épouses délaissées, battues, maltraitées… et violées. Le centre intégré « Mpore », qui aide les victimes de VSBG à Makamba, est débordé, ce mercredi 18 septembre.

Il est 11h. Le couloir est bondé d’une vingtaine de jeunes femmes. Quelques hommes s’aperçoivent à l’extérieur. Ces victimes de violences de toutes sortes attendent, mines renfrognées, d’être reçues soit par un médecin, un psychologue ou un OPJ (Officier de police judiciaire). Plus de 70% de ces cas sont des femmes maltraitées ou abandonnées par leurs maris.

Une jeune femme, 33 ans, a été délaissée par son mari. Ce dernier lui a laissé quatre enfants. Démunie, elle peine à trouver de quoi nourrir ses enfants. C’est le cas d’une autre, la trentaine également. Elle venait d’accoucher un mort-né. Jugée coupable par son mari, ce dernier lui a fermé la porte au nez en rentrant de l’hôpital.

La seule femme âgée parmi toutes ces victimes attire l’attention. Maltraitée par son mari, elle vit le même calvaire, souvent contrainte de dormir dans la brousse.

La plus petite de ces victimes âgée de 16 ans se couvre de plusieurs pagnes de la tête aux pieds. Violée, elle a une grossesse avancée, difficilement remarquable. « L’auteur doit être puni. J’ai dépensé beaucoup d’argent pour que ma sœur aille à l’école. Mais c’est peine perdue », lance, fâché, le grand frère de la victime.

Ce centre de prise en charge a déjà reçu près de 1500 cas de VSBG, depuis 2017 jusqu’aujourd’hui, selon Béatrice Ndayishimiye, infirmière de ce centre. Les cas les plus fréquents sont des violences socioéconomiques au foyer puis les violences sexuelles.

Certaines victimes tentent de reconstruire leur vie

L’infirmière du centre indique que les cas les plus fréquents sont des violences socioéconomiques.

En dehors du centre, un grand groupe composé d’une centaine de jeunes femmes s’aperçoit sur un terrain. Elles sont apparemment dans une réunion. Ce sont des victimes de VSBG qui se sont regroupées dans un collectif.

« Twitezimbere » est une association d’épargne-crédit regroupant les femmes qui ont subi des viols ou des maltraitances par leurs maris.

Aujourd’hui, leur vie change. D’après la représentante de cette association sur la colline Musanga, certaines victimes de viol n’osaient pas se montrer. Marginalisées, elles éprouvaient de la honte. « Celles qui ont rejoint l’association ont retrouvé l’estime de soi. Grâce à l’épargne, nous ne sommes plus dépendantes».

Cette femme leader affirme que les violences tendent à diminuer à Makamba grâce au centre « Mpore » qui poursuit les auteurs.

La répression, l’arme de combat contre les VBG

Le gouverneur de la province Makamba, Gad Niyukuri, admet qu’il existe des violences de toutes sortes dans sa province. Mais avec l’implantation de ce centre intégré, il affirme que les violences ont sensiblement diminué.

Gad Niyukuri parle d’environ 400 cas de VBG en 2017. La moitié en 2018. Cette année, le chiffre frôle une quarantaine. Il cite les données du CDFC (Centre de développement familial et communautaire).

Ce gouverneur affirme qu’il reçoit en personne des plaintes des victimes de VBG. Aujourd’hui, il reçoit environ 5 cas par jour contre une vingtaine avant l’implantation du centre intégré. Il confirme que les cas les plus fréquents relèvent de la violence domestique.

Pour lutter contre ces violences, le gouverneur indique que l’administration priorise la répression pour que les auteurs punis servent d’exemples. « Des réunions de sensibilisation sont organisées régulièrement pour décourager ces violences».

www.iwacu-burundi.org

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