Malheur aux enseignants qui violent et violentent leurs élèves
L’image est choquante, terrifiante, effrayante. Une fille déchiquetée, l’avant-bras détaché du reste du corps, est allongée sur une civière traditionnelle en rotin.
Elle est méconnaissable. Sur les réseaux sociaux, un texte explicatif accompagne le corps tailladé à plusieurs endroits : «Nous venons de mettre la main sur l’enseignant avec ses complices dans la tentative d’assassinat de la jeune fille».
Le forfait se passe en commune Butaganzwa, province Ruyigi. Selon les sources sur place, le présumé agresseur enseignant avait mis enceinte la jeune fille, son élève. Cette dernière avait entamé la procédure de le faire comparaître devant la Justice.
Le phénomène prend de l’ampleur. Il y a à peine trois mois, pareille scène macabre s’était produite à Gitega. Du haut d’un pont, un professeur du Lycée de la Persévérance de Mweya a jeté dans la rivière Ruvyironza son élève après l’avoir tabassée avec un objet tranchant. Cet enseignant avait également engrossé cette adolescente.
La loi burundaise classe les élèves du secondaire parmi les mineurs. Il ne peut donc pas y avoir de relation sexuelle consentante. Celui qui commet un tel acte, viole. Il abuse de son autorité. Un enseignant devrait être à la fois pédagogue et parent qui transmet des connaissances à son élève et enfant.
La convention des Nations unies sur les droits de l’enfant affirme que tous les enfants ont droit à une éducation de bonne qualité qui respecte leur dignité humaine et favorise le développement de leur potentiel.
L’avenir de ces deux jeunes filles est hypothéqué. Leur amour-propre est blessé. Même si elles parvenaient à survivre à leurs blessures, le risque serait grand de développer des traumatismes avec des séquelles psychologiques, physiques. Cela n’épargnera pas non plus les enfants qui naîtront de ces grossesses non désirées.
Une telle situation, apparemment récurrente, doit être découragée urgemment. Rien ne peut justifier la passivité de tous les intervenants. L’administration, la justice, la police, les parents et les autorités scolaires doivent se mobiliser pour empêcher ces violences contre les filles à l’école.
Ils doivent enquêter, sanctionner conformément à la loi les contrevenants, aider les victimes à se rétablir et prendre des mesures afin que de tels agissements ne se répètent plus.
Si ce n’est pas encore fait, le ministère de l’Éducation devrait inclure le thème de la violence à l’égard des filles dans le code de conduite des enseignants, s’assurer que les sanctions pour les coupables sont clairement stipulées, en ligne avec les lois nationales. Ce sera redonner de la crédibilité à l’enseignement. ..
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