Marché réhabilité de Ngagara, les commerçants pessimistes sur la clientèle
«Pas de nouvelles, bonne nouvelle », un adage qui fait exception aux yeux des rares commerçants réinstallés au marché réhabilité de Ngagara. Longtemps attendue, sa réouverture, la semaine dernière, ne donne aucun espoir aux commerçants.
Ils se disent désemparés. Selon des sources concordantes sur place, pas mal d’entre eux ont même déjà jeté l’éponge. «Que pouvaient-ils faire après des journées sans un seul client?», lâche J. D, commerçante de légumes.
A l’arrivée des reporters d’Iwacu ce jeudi matin 20 septembre, à part que le portail donnant au marché est entrouvert, il n’y avait pas d’impression d’un marché en exercice depuis deux semaines. Bien qu’il y ait près d’un millier de stands et plus de trois cent échoppes, les clients ne se bousculent pas. «Il n’y a pas de mouvement à vrai dire».
Une échoppe est ouverte par ici, et il faut quelques minutes pour trouver une autre. Et outre que la construction d’un bon nombre de stands n’a jamais eu lieu, la réhabilitation d’autres est au point mort.
«Les bénéficiaires de stands et des échoppes qui ne sont pas ici sont pour la majorité dans d’autres marchés de la capitale», expliquent les quelques commerçants rencontrés. Pour eux, le manque de clientèle est dû principalement à cette absence de beaucoup de marchands. Ils diversifieraient les marchandises, ce qui attirerait les acheteurs.
Le refus de diversification des articles, un défi…
«Les commerçants reviendront petit à petit», espère le commissaire du marché. Anastase Sazi est catégorique : «Si les propriétaires des stands ne regagnent pas le marché dans les meilleurs délais, leurs emplacements pourront être attribués aux autres en vue de leur construction». Mais, dit-il, une date limite leur sera communiquée. M. Sazi estime à un tiers le nombre de stands dont la construction est déjà terminée.
Pour les commerçants, la réticence à réintégrer ce marché est fondée. Ils déplorent notamment la «cherté» des constructions et l’ «exigence de différenciation» des articles à vendre.
J.D, une commerçante des légumes, n’en revient pas : «Avant la réhabilitation du marché, je vendais en même temps les légumes, les oignons, les tomates, les aubergines, etc. Mais j’ai été sommée de ne choisir pour le moment que l’un de ces produits».
Du coup, déplore-t-elle, mon bénéfice s’est sensiblement réduit. Ainsi réunir la somme de 150 mille Bif exigée pour la construction du bloc sur lequel étaler ses légumes lui fait défaut.
Mêmes grognes chez L.S, un autre commerçant. Ce jeune homme, la trentaine, affirme qu’il devait bénéficier d’un stand dans l’endroit réservé aux boutiquiers au vu de ses marchandises faites de denrées alimentaires.
Mais faute de moyens pour se construire une échoppe, il s’est retrouvé dans l’emplacement des vendeurs de tomates. La construction et le finissage d’un échoppe coûteraient jusqu’à plus d’un million de francs selon lui.
Dans son emplacement, ce commerçant vend toujours ses denrées. «Si les décideurs de ce marché me chassent, je partirai. Dans tous les cas, les tomates, je ne peux pas». Selon lui, quand on est nouveau, on n’a pas ses clients et elles finissent par pourrir.
Tous les commerçants interrogés sont unanimes, ils demandent au gouvernement de les laisser vendre leurs articles diversifiés d’avant la réhabilitation. «Nous n’y voyons aucun problème particulier».
iwacu-burundi.org