juin
30
2015

Marguerite Barankitse: Une femme exilée en colère

De Bruxelles - Il y a trois mois, avant que le Président Pierre Nkurunziza n’annonce sa candidature pour un troisième mandat, personne n’aurait imaginé voir Marguerite Barankitse trouver refuge en Belgique pour échapper aux menaces qui l’ont contrainte à fuir son pays. Personne, sauf elle. Car la fondatrice de la Maison Shalom à Ruyigi, primée à maintes reprises à travers le monde pour avoir recueilli des orphelins hutus comme tutsis pendant la longue guerre civile qui a meurtri le Burundi à partir de 1993, savait que son pays aurait été plongé dans le chaos. « Ces dix dernières années, ils n’avaient qu’un objectif, un seul : garder le pouvoir coute que coute », dit-elle avec un sentiment de colère envers le pouvoir en place. « Ils n’ont pas dirigé le pays, ils n’avaient aucune vision. Et aujourd’hui, ils sont prêts à tout détruire ».

De Bruxelles, elle assiste désormais impuissante au climat de peur qui a envahi la province de Ruyigi durant les élections législatives et communales et qu’elle a dû fuir il y a quelques semaines. Les larmes aux yeux, elle tente d’expliquer ce qui peut paraitre inexplicable, tant la situation est selon elle dramatique. « Nous n’avons pas réellement négocié la paix durable », soutient Maggy dans cet entretien accordé à Infos Grands Lacs. « Nous avons négocié des postes, mais sans faire ni l’analyse ni l’évaluation de ces choix ». Résultat : « ils nous ont menti sur leurs réelles intentions par rapport aux Accords d’Arusha ».

Pour Barankiste, il n’y a aucun doute : le Président Nkurunziza est largement responsable de la situation actuelle. « Nous sommes dirigés par un criminel », déclare-t-elle. À ses yeux, le leader burundais n’a qu’une seule logique : « c’est moi ou vous mourrez ; c’est moi et mon troisième mandat ou la mort du peuple burundais ». Malgré les violences qui ont fait au moins 70 morts depuis fin avril et poussé plus de 120 000 Burundais à fuir leur pays, Marguerite Barankitse veut garder espoir. « Car le bien finit toujours par prendre le dessus sur le mal ».

Propos recueillis à Bruxelles par Joshua Massarenti pour Infos Grands Lacs (IGL), en collaboration avec Afronline/VITA (Italie).

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