Massacre des Banyamulenge, 20 ans après, les rescapés réclament justice
Ce mardi 13 août 2024, la communauté des Banyamulenge, réunie autour de la Fondation Gatumba, a commémoré le massacre survenu, il y a 20 ans au camp de réfugiés de Gatumba, dans la province de Bujumbura, à quelques kilomètres de la frontière congolaise. Plus de 160 personnes ont été assassinées. Les rescapés demandent toujours la justice.
Sous un soleil de plomb, les rescapés, les familles des victimes et des membres de la diaspora Banyamulenge se sont réunis, tous habillés en noir, le visage sombre marqué par la douleur et la tristesse. Nombre d’entre eux portaient des photos de leurs proches assassinés, en hommage à leur mémoire. Les témoignages poignants des survivants ont rappelé l’horreur de cette nuit où des centaines de personnes ont été massacrées.
La communauté des Banyamulenge dénonce l’impunité totale qui règne depuis deux décennies et déplore le silence assourdissant de la Communauté internationale, notamment de l’ONU, ainsi que l’inaction du gouvernement burundais.
À l’occasion de cette commémoration, la Fondation Gatumba et la communauté des Banyamulenge ont appelé le gouvernement burundais à poursuivre l’instruction de ce dossier afin de traduise devant la justice les responsables de ces crimes. Elles demandent également à l’ONU d’honorer les promesses de justice faites aux victimes.
Malgré l’importance de cet événement, les autorités burundaises ont limité l’accès au cimetière où reposent les victimes de ce massacre, n’autorisant qu’un nombre restreint de personnes à s’y rendre.
Aucun représentant du gouvernement du Burundi n’a assisté à cette cérémonie. L’ambassade de la République démocratique du Congo n’a pas non plus répondu favorablement à l’invitation.
Le chef de la ligue des jeunes du parti au pouvoir Imbonerakures dans cette localité, initialement responsable de la sécurité, a empêché certains membres de cette communauté éprouvée d’accéder au lieu de la commémoration avant l’arrivée des policiers.
Cette situation a suscité des interrogations quant à un éventuel remplacement des forces de l’ordre par les Imbonerakure, qui semblaient agir en leur nom.
Signalons qu’au moins 166 réfugiés Banyamulenge ont été massacrés à Gatumba en commune Mutimbuzi de la province de Bujumbura dans la nuit du 13 août 2004. Cette attaque a également fait 108 blessées et 8 portées disparues. La responsabilité de ce massacre n’a pas encore été établie.
Pour rappel, Pasteur Habimana, de son vrai nom, Méthusella Nikobamye, porte-parole du FNL-Palipehutu, alors mouvement rebelle avait revendiqué l’attaque dans la foulée. Mais il se dédira quelques années plus tard.
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