nov
29
2022

Muha/Kizingwe-Bihara : les propriétaires des parcelles réclament l’attribution

Les propriétaires des parcelles à Kizingwe-Bihara, zone Kanyosha, commune Muha, demandent que leurs terres leur soient attribuées. Ils accusent le comité exécutif de leur association d’avoir failli à leur mission de défendre leurs intérêts. Ce que réfute ce dernier.

« Plus de 10 ans que nous attendons l’attribution de nos parcelles. C’est quand même beaucoup d’années », se lamente un des propriétaires d’une parcelle dans ce site. Il dit ne pas comprendre pourquoi on ne passe pas à l’attribution alors que la viabilisation est déjà terminée. « Même les tuyaux de la Regideso sont déjà installés. S’ils ne sont pas utilisés, c’est une perte pour cette entreprise. » Sidéré, il souligne que ceux qui avaient contracté des crédits pour construire sont en train de perdre. « On espérait avoir un logement pour se défaire du fardeau de payer mensuellement le loyer mais voilà, on est déçu. Et c’est très difficile de conserver de l’argent pendant dix ans. On est obligé de l’utiliser pour d’autres fins », déplore-t-il.

Pour manifester leur mécontentement, des propriétaires, ont d’ailleurs sorti, le 18 novembre 2022, un mémorandum. Via ce document de quatre pages, ils disent qu’ils ont envoyé une correspondance au comité exécutif de l’APTKB (Association des propriétaires des terrains de Kizingwe-Bihara) pour demander l’organisation d’une réunion, en vain. « Nous nous sommes confiés à l’administrateur de la commune Muha pour lui demander d’exiger une réunion, sans réponse. »

Ces propriétaires affirment qu’ils se sont même adressés au maire de la ville de Bujumbura pour qu’il exige une assemblée générale de l’APTKB, en vain.
Selon les auteurs de ce mémorandum, en 2021, les propriétaires se sont aussi confiés à Déogratias Nsanganiyumwami, qui était à la tête du ministère des Travaux publics, Infrastructures et Equipement. « Là, il nous avait promis que pour tous les propriétaires, l’attribution allait se faire en novembre de la même année. Mais, la promesse n’a pas été tenue. »

Les auteurs dudit mémorandum regrettent qu’au lieu de procéder à l’attribution, quelques jours après, l’APTKB a plutôt organisé une réunion extraordinaire pour demander le paiement de ce qu’ils ont appelé : frais de rebornage, frais de fonctionnement, identification d’une parcelle et une attestation de non redevabilité. Et ce, en tenant compte de la superficie de la parcelle.

Par après, les auteurs de ce mémorandum disent s’être adressés au nouveau ministre des Travaux publics. Et ce dernier leur avait promis de trouver une réponse dans un mois. Via ce mémorandum, ils indiquent que quand ils ont rencontré le ministre, celui-ci leur a dit que la question est compliquée.

Pour les propriétaires, certaines réponses des autorités ne rassurent pas. « Le secrétaire permanent, l’assistant du ministre et le commissaire de l’Office burundais de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction (OBUHA) nous ont dit que la question risque de durer longtemps parce que les responsables de l’APTKB ont fait beaucoup de tricheries. Sinon pour eux, l’attribution des terres auraient eu lieu en 2018. »

A travers ce mémorandum, ces propriétaires ne cachent pas leur découragement. Ils n’espèrent pas avoir une réponse satisfaisante d’ici peu. « Il y a un manque de volonté de ceux qui sont chargés de trouver la solution. Nous avons vu que nous avons été trahis par nos représentants. Ils se sont tout simplement appropriés nos terres au lieu de penser à ceux qu’ils représentent. »

Ils accusent nommément Better Hyppolyte Nubashe, président de l’APTKB, de s’être arrogé le droit de remplacer l’assemblée générale en exploitant leurs terres à sa propre guise.

« Des accusations infondées »
Contacté, Oscar Niyonzima, vice-président de l’APTKB, réfute toutes les accusations mentionnées dans ce mémorandum : « Toutes ces allégations sont infondées. Ce sont des gens qui ont une ambition de détruire l’association. »

Selon lui, ces propriétaires sont pressés jusqu’à adresser une correspondance au président de la République. Il trouve que les origines de la lenteur dans le traitement de ce dossier sont à chercher ailleurs.
« A un certain moment, notre commission et celle de l’OBUHA étions en train de travailler ensemble et d’avancer. Mais, l’ancien ministre des Travaux publics et Infrastructures nous a sommés d’arrêter nos travaux. »

Il rappelle d’ailleurs que ce même ministre a donné des promesses d’attribution des parcelles à plusieurs reprises, en vain. Par après, selon lui, la question a été remise à l’OBUHA. « Après, nous avons établi une liste d’attribution des parcelles respectivement aux propriétaires et à l’Etat. »
Mais après le premier affichage, déplore-t-il, les mêmes personnes ont adressé une correspondance au président de la République. « Nous avons été obligé de refaire le travail en séparant les parcelles des acquéreurs appartenant à l’Etat et ceux des propriétaires. Cela a pris un autre temps », raconte M. Niyonzima.

Par ailleurs, ajoute-t-il, le changement de la Société Immobilière Publique (SIP) en Office burundais de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction (OBUHA) a ralenti l’avancement du traitement du dossier Kizingwe-Bihara. « Pour avoir les travailleurs, il a fallu au moins deux ans. »

Le vice-président de l’APTKB indique que la question Kizingwe-Bihara est au niveau du Conseil des ministres : « Puisque le ministre sortant l’avait introduit au Conseil des ministres, ni l’association, ni le commissaire de l’OBUHA, ni le nouveau ministre, personne ne peut prendre une décision là-dessus. »

Pour lui, il faut attendre la décision du Conseil des ministres : « Si la question n’avait pas été soumise au Conseil des ministres, les parcelles auraient été attribuées l’année dernière. »

« Ce sont des injures »
Jean Pierre Gatore : « Il y a une évolution dans la gestion de ce dossier »
Pour sa part, le président de l’APTKB, Better Hyppolite Nubashe indique que les accusations contenues dans le mémorandum ne sont que des injures lancées par un groupe d’inconnus. « Ils n’ont pas de preuve. J’ai bien géré la situation. » Il affirme que même les réunions sont régulièrement organisées. « On ne fait que mettre en application leurs clauses. Mais, on ne peut pas satisfaire tout le monde. »

Accusé de ne pas tenir des réunions, il affirme que les membres de l’association se rencontrent souvent. Pour lui, tout est en ordre. « Seulement, les propriétaires essaient de faire pression en propageant des rumeurs. Bref, je les qualifie d’insurgés car la question se trouve au niveau du gouvernement. Bientôt la réponse sera donnée », promet-il.

De son côté, Jean Pierre Gatore, Commissaire général de l’Office burundais de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la construction (OBUHA), se demande d’abord pourquoi le mémorandum n’est pas signé. « Nous collaborons avec l’association qui est agréée et reconnue officiellement », souligne-t-il.
Il signale qu’il a ordonné aux représentants de l’association APTKB d’organiser une réunion pour annoncer aux membres l’état d’avancement de la question Kizingwe-Bihara. Malgré ces lamentations des propriétaires, il trouve qu’il y a une évolution dans la gestion de ce dossier. « La question est au niveau du Conseil des ministres. »

Genèse du site Kizingwe-Bihara
En 2012, les propriétaires des terres dans les cellules de Bihara, Kizingwe, Nyabugiga et Mukungugu ont rassemblé leurs parcelles pour créer ce qu’ils ont appelé le site Kizingwe-Bihara. Ils ont fondé, par après, l’Association des Propriétaires de Terrains de Kizingwe-Bihara (APTKB en sigle). C’était le 6 décembre 2012.

Pour que ce site soit bien aménagé, ils se sont confiés à la Société Immobilière Publique (SIP) devenu Office burundais de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction (OBUHA) pour sa viabilisation.

Le 18 mars 2013, il y a eu une convention entre les deux parties en présence du ministre qui avait l’urbanisme dans ses attributions, Ir Jean Claude Barutwanayo. Les propriétaires des terrains se sont convenus avec SIP qu’ils cèdent 47% des terrains pour rester avec 53%. Il y a eu ce qu’on appelle la viabilisation par intégration.

Parmi les 47%, il y a des espaces pour les routes et les infrastructures publiques (Ecoles, terrain de jeu, structures sanitaires et marchés).
Le 9 octobre 2021, lors d’une réunion avec les propriétaires et les acquéreurs des parcelles à Kizingwe-Bihara, Déogratias Nsanganiyumwami, ministre d’alors des Travaux publics, Infrastructures et Equipement ? avait annoncé que jusqu’au 15 décembre 2021, l’attribution sera déjà terminée.
https://www.iwacu-burundi.org/muha-kizingwe-bihara-les-proprietaires-des...

Langues: 
Genre journalistique: 
Thématiques: 

Partager