Nakivale (Ouganda) : désespoir des jeunes réfugiés burundais
Les jeunes burundais du camp de Nakivale en Ouganda font face à d’énormes difficultés dans la vie quotidienne. Selon des leaders communautaires, ils n’ont pas de source de revenus. Le HCR qui avait initié des programmes d’autofinancement des réfugiés en général et des jeunes en particulier se voit aujourd’hui dans l’incapacité de continuer par manque de moyens financiers.
D’après les leaders communautaires, les jeunes burundais sont confrontés à plusieurs défis de taille. “Pas de travail, pas de frais pour faire les études. Comme conséquences, ils ont perdu l’espoir d’un avenir meilleur. Ils sont devenus des délinquants. Certains garçons consomment des stupéfiants et les grossesses non désirées sont très nombreuses chez les jeunes filles”, regrettent-ils.
Plus grave encore, la dépression mentale fait rage, trois cas de suicide en l’espace d’un mois, déplorent des leaders communautaires . « Il se manifeste de plus en plus de jeunes qui se déplacent dans la rue la tête ailleurs. Des fois ils quittent leur domicile sans s’habiller. C’est peut être par manque du goût de la vie qu’ils le font », témoignent des réfugiés.
Des jeunes se confient à SOS Médias Burundi
“Moi je n’ai rien à dire car je pensais qu’en 2016, »le soit-disant dialogue » entre le gouvernement du Burundi et les partis politiques d’opposition allait déboucher sur l’ouverture des médias brulés, le respect des droits de l’homme et enfin le retour de tous les réfugiés. Mais voilà que rien n’a été fait. Pour le moment, je ne vois pas comment je vais rentrer. Je me réfugie dans tout ce qui me procure du bonheur, même de courte durée soit-il afin de noyer mon chagrin. Je consomme des stupéfiants par exemple pour pouvoir dormir », dit un jeune homme du village New Hope à Nakivale.
Son ami lui, dit être déçu par le gouvernement actuel en qui il avait placé espoir. « Je croyais avoir fui l’impitoyable gouvernement de Pierre Nkurunziza mais je suis dans l’embarras quand à mon avenir. Pour avoir de quoi mettre sous la dent, je dois mendier.
Je ne peux pas me payer les études, ma vie n’a pas de sens en fait, elle est en ruine. Je croyais que le nouveau gouvernent allait faire un geste d’ouverture pour que je puisse rentrer mais voilà que je suis déçu”, dira ce jeune burundais du village Kashojwa B.
Le HCR n’a pas de solution dans l’immédiat
Depuis 2019, des programmes d’auto financement destinés aux réfugiés ont été mis en place. Les ONGs partenaires du HCR ont créé des activités génératrices de revenus. « Aujourd’hui, nous constatons que le budget n’est plus suffisant. Nous avions octroyé des bourses d’études à des jeunes, mais le budget reste limité », expliquent des agents du HCR.
Les leaders communautaires demandent à l’agence onusienne en charge des réfugiés et au pays d’accueil d’aider les Burundais à accéder au moins à des écoles de métiers et autres formes d’encadrement.
À des humanitaires, ils demandent de prendre en charge des cas de jeunes présentant des signes de dépression. Nakivale compte plus de 41.000 réfugiés burundais. Les jeunes sont estimés à plus de 60% de cette population
(SOS Médias Burundi)