Nikki Haley, diplomate et pragmatique
Nikki Haley, ambassadeur des États Unis aux Nations Unies, est arrivée à Kinshasa mercredi 25 octobre 2017 par avion militaire, accompagnée d’une trentaine de personnes, civils et militaires. Dès jeudi matin, elle s’est rendue à Goma pour évaluer avec les forces des Nations Unies l’évolution de la situation sécuritaire dans cette région où de nombreux groupes armés rivalisent pour le contrôle des ressources minières, et où l’armée congolaise peine à maintenir la paix face aux convoitises de ses voisins.
La suite de la semaine a été consacrée à rencontrer les représentants de toutes les forces politiques de la République Démocratique du Congo, que la diplomate américaine a longuement écoutées. Elle a notamment rencontré vendredi 27 octobre à Kinshasa Félix Tshisekedi (Rassemblement/UDPS), Vital Kamerhe (UNC) et Eve Bazaiba (MLC/FRC) avant de s’entretenir longuement dans l’après-midi avec le président Joseph Kabila lui-même.
L’attention des observateurs était concentrée sur les conclusions qu’exprimerait cette diplomate chevronnée, à l’issue de l’ensemble de ses consultations. Allait-elle se retrouver sur la ligne des opposants les plus déterminés, qui réclament l’organisation d’élections avant la fin 2017, voire défendent l’idée, complexe à organiser, d’une « transition sans Kabila » ? Les apprentis-sorciers en auront été pour leurs frais.
Fin de non recevoir pour les apprentis sorciers
Car même si elle n’a pas fait siennes les conclusions de Corneille Nangaa, président de la CENI, qui a récemment rendu publique une évaluation du délai d’organisation des élections aux alentours de « 504 jours » après la clôture des enrôlements d’électeurs (qui devrait se terminer en janvier ou février 2018), Nikki Haley a rejoint le camp des « pragmatiques », pour lesquels les prochaines étapes de la préparation et de l’organisation du scrutin réclament concrètement plusieurs mois.
C’est ainsi qu’elle a appelé les différentes forces en présence à s’entendre sur un calendrier électoral qui prévoirait un scrutin en 2018. Une évaluation réaliste, au vu des travaux législatifs, réglementaires et pratiques qui devront se succéder après la fin de l’établissement des listes électorales.
Une analyse pragmatique de la situation RD Congolaise
Autant dire que les explications précises fournies par le Président Joseph Kabila ont convaincu la représentante des Etats-Unis à l’ONU, dont la préoccupation première est le rétablissement de la paix et de la sécurité sur l’ensemble du territoire de la RDC, afin que les conditions soient réunies pour un vote à la fois fiable, transparent, et démocratique.
Il est indéniable en effet que la République Démocratique du Congo doit déjà à Joseph Kabila l’organisation des deux seuls scrutins présidentiels ouverts et démocratiques de son histoire compliquée. Il apparaît aujourd’hui comme le mieux placé pour assurer dans des conditions équilibrées un troisième scrutin dont les résultats seraient incontestables.
L’approche rationnelle et inclusive adoptée par le gouvernement du Congo démocratique apparaît en effet de plus en plus convaincante à des observateurs internationaux impartiaux, de moins en moins sensibles aux déclarations discordantes d’une opposition radicale à la fois divisée, désordonnée, souvent incohérente, derrière l’apparence de slogans simplificateurs.
Louable effort de synthèse
Ainsi faut-il louer l’effort de synthèse de l’ambassadrice américaine qui a fait l’effort de venir en RDC sans préjugé, qui a tenu à écouter toutes les parties, et dont les déclarations montrent qu’elle est aussi pragmatique qu’elle est diplomate, en défendant une ligne réaliste, qui tient compte de la complexité de la situation et de la nécessité d’assurer l’équité et la fiabilité des prochaines échéances électorales. Et pour cela, la paix prime.
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