juin
03
2021

« N’intoxiquez pas la jeunesse ! »

Certains jeunes qui n’ont pas vécu les moments douloureux du passé sont parfois auteurs ou victimes de messages haineux. Le sociologue Patrice Sabuguheba explique que certains parents et l’entourage en sont responsables.

Des jeunes qui n’ont pas connu la violence de masse deviennent des auteurs de discours haineux. Pourquoi?

Ces messages, pour eux, c’est comme une leçon d’histoire de la part des anciens. Ils écoutent et lisent avec cette multiplication des moyens de communication, tels les réseaux sociaux. Ils suivent rarement les médias reconnus. Ils n’ont plus l’occasion de côtoyer les parents autour du feu ou écouter les bons conseils des sages. Ils croient en ceux qui parlent du passé et les prennent pour des historiens, des scientifiques. Mais ce sont des auteurs de messages de haine qui conduisent aux divisions.

N’y a-t-il pas des parents qui influencent négativement leurs enfants?

Une minorité des parents peut toujours attiser la haine. Ces parents rappellent à leurs enfants que leur grand-père et grand-mère sont morts à cause d’un groupe social donné qui est mauvais. Un groupe communautaire est taxé de bourreau. Si ces enfants ratent des discours positifs, de réconciliation, de paix, peu à peu ils s’inspirent d’un passé sombre. Comme conséquence, ils risquent de garder ce venin de la haine. Ils sont influencés et, par la suite, ils peuvent influencer les autres.

Quelles conséquences pour la société ?

Des jeunes peuvent former des groupes, se solidariser pour des réactions massives contre ceux qu’ils considèrent comme des ennemis. Des vengeances voient le jour. Ce sont des violences de masse, des destructions. L’élément déclencheur étant un discours haineux qui n’a pas été confronté au discours pacifiste et réconciliateur.

Comment prévenir l’irréparable ?

Pour bâtir une société juste et prospère, les parents et les familles doivent délivrer des messages de bonté, d’amour, de responsabilité et de citoyenneté. Ils sont complétés par l’action du système éducatif, le monde associatif et professionnel. Tout un chacun devrait consolider le sens de la réconciliation et de la cohabitation pacifique. Même des enfants nés dans des familles qui les ont façonnés par des discours de haine auraient alors la chance d’adopter des opinions pacifistes.

L’administration, l’autorité judiciaire et les forces de sécurité doivent jouer leur rôle : intervenir pour redresser, conseiller et parfois punir les auteurs des messages de haine. Il faut que tous ces corps interviennent avant que les choses ne tournent au vinaigre. Il faut également faire des séances de sensibilisation où le monde médiatique doit jouer un rôle prépondérant.

https://www.iwacu-burundi.org/nintoxiquez-pas-la-jeunesse/

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