Nyanza-lac sous le choc : une adolescente violentée par un procureur, son père porte plainte
Même si les faits remontent au 21 mars, le père de la jeune fille brutalisée par le procureur de la République à Burundi a décidé de prendre son courage à deux mains. Il a porté plainte pour coups et blessures volontaires et sollicitations sexuelles à cette mineure. Cette autorité parle de ‘’montage’’.
Jean-Marie Ntahondi alias Ntabona, le père de la jeune fille molestée qui réside dans le quartier Kabondo à Nyanza-lac affirme avoir déféré ce mardi 30 mars cette affaire au parquet général de la République contre le procureur de la République à Bururi, M. Agricole Ndayitwayeko.
Pour sa défense, ce présumé auteur parle d’un montage pour ternir son image et nuire à sa personne en invoquant un règlement de compte datant de plusieurs années.
Le père de cette adolescente indique qu’en date du 21 mars vers 19 heures, M. Agricole Ndayitwayeko est passé devant son magasin et a intimé l’ordre à sa fille Thierryve Bitangimana de rentrer chez elle mais celle-ci lui a répondu qu’elle est chez son père et qu’elle n’a pas à quitter les lieux d’autant plus qu’elle était en train de servir un client.
Des témoins interrogés le confirme. Cette fille âgée de 15 ans, élève en 2ème année science au lycée communal de Nyanza-lac était en train de vendre de l’huile de palme devant le magasin de son père.
« Le procureur a tout d’un coup commencé à donner des gifles à ma fille et lorsqu’elle est tombée, il l’a frappée avec une chaise en plastique au niveau de la tête », témoigne le père.
Blessée, poursuit-il, ma fille a été évacuée au centre de santé privé appelé «Bon berger». Mais son état jugé préoccupant, elle a par après été transférée à Bujumbura à Kira Hospital.
« Des avances »
Jean-Marie Ntahondi indique que ce procureur a frappé sa fille car il était au courant que ce dernier a, à maintes reprises, fait des avances à sa fille, en vain. « Je pense qu’il aurait agi sous le coup de la colère ».
Il ne comprend comment ce procureur peut agresser physiquement sa fille et ne pas l’avertir avant alors qu’il savait qu’il était dans les parages. Le père de cette adolescente demande que justice soit faite pour que sa fille rentre dans ses droits.
Il appelle la justice à poursuivre ce procureur de la République à Bururi pour ses avances à une mineure, pour coups et blessures volontaires. Ce n’est pas tout comme charges, Jean-Marie Ntahondi parle également de violation du domicile car cet acte d’agression physique s’est passé chez lui.
Contacté, Agricole Ndayitwayeko, procureur de la République à Bururi balaie du revers de la main toutes ses accusations portées contre lui en indiquant que cela vise à ternir son image et nuire à sa personne.
Il avoue qu’il a giflé cette fillette mis “pas dans l’intention de l’agresser physiquement mais pour lui donner une éducation de qualité, car selon lui, ’’la fille était en train d’être distraite par un jeune homme”. Le procureur dit qu’il voulait qu’elle aille “revoir ses notes car c’était en pleine période des examens.”
Il indique qu’il a agi en bon père de famille et que son père devrait plutôt le remercier au lieu de se plaindre. Et de faire une révélation. « Je viens d’être promu au poste de procureur de la République à Bururi et il y a des gens, qui ne sont pas contents de sa montée en grade. Ils s’adonnent à faire des montages grotesques pour que je sois démis de mes nouvelles fonctions », se défend-il sans donner de précisions sur ces personnes.
« Un montage pour nuire à ma personne »
Le procureur de la République à Bururi rejette toute tentative de sollicitations sexuelles à cette adolescente. «C’est une insulte contre ma personne et une volonté de nuire à ma réputation ».
Il nie catégoriquement toute relation avec cette fille et de conclure que sa préoccupation était de voir cette élève réviser ses notes chez elle au lieu de se laisser distraire par un jeune délinquant qui lui faisait la cour.
Des sources rencontrées à Nyanza-lac indiquent que cette fille n’était pas avec ce jeune homme évoqué par le procureur de la République à Bururi. Tous les témoins affirment que cette jeune fille était en train de vendre de l’huile de palme.
Cependant d’autres sources indiquent qu’elles auraient aperçu un jeune homme en train de ’’draguer’’ cette adolescente même si ces témoins ne donnent pas l’identité de ce jeune homme. Iwacu n’a pas non plus réussi a l’identifier.
Selon des gens du voisinage qui ont assisté à la scène et qui ont difficilement accepté de témoigner, des interrogations subsistent autour de cette affaire, «Comment est-ce que une personne et de surcroît un procureur de la République peut se mettre à asséner des coups à une ado, après avoir échangé quelques mots avec elle ? Il y a, à coup sûr, des antécédents à rechercher».
Pour sa défense, le procureur parle d’un règlement de compte entre lui et l’oncle de cette jeune la fille. « Il y a quelques années, cette parenté de la jeune fille a perdu un procès dans une affaire dont j’étais président du siège. Tout cela est à rechercher pour essayer de trouver la véracité des faits », confie M. Agricole Ndayitwayeko, sa famille réside à Nyanza-lac.
Signalons que la fille se fait soigner à Kira Hospital mais en soins ambulatoires. Un proche de cette famille contacté nous a révélé que cette adolescente est prête à témoigner et à charger ce procureur de harcèlement sexuel à travers ses avances intempestives.
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