Opinion *| Créer un Burundi nouveau
TRES BIEN. C’est la mention que je donne à un extrait du récent discours(1) du Président Evariste NDAYISHIMIYE prononcé à l’occasion du premier anniversaire en tant que Président. Ce discours a eu une forte résonnance en moi que je souhaite partager avec les lecteurs d’IWACU.
L’extrait dont je souhaite parler est celui-ci : “Ubw’abarundi twofata tukibuka neza uburundi tukaburaba, Tugaca tuvuga tuti iyo tutaja mu vyago tuba tugeze hehe ? Umunsi rero twoca dufata ingingo tuti turirire uburundi, turire kuko ubwo Burundi twabuze, ingene buba bumeze, tukariira tugaca tuvuga tuti: tubureme rero uno munsi. Kandi birashoboka! Tuce turema ubwo Burundi bwiza….rero muriki gihe twavuze yuko twaje kugirango twige ingene dushobora kurema uburundi bushasha, uburundi umuntu atagenda arakangagurika”
Il est bien question de créer un Burundi beau après avoir pleuré sur le Burundi tel qu’il est devenu. Il est aussi question d’apprendre la façon de créer un Burundi nouveau. Et cela est possible dit-il ! Ce passage est presque biblique. Certains diraient métaphysique.il renvoie au pouvoir créateur dont chaque homme est héritier même si une infime de gens en sont conscients. Il renvoie aussi à la responsabilité inhérente à son usage.
Ce discours rejoint la pensée métaphysique qui affirme que l’homme est le créateur de son propre expérience de vie quand bien même il n’a aucune idée de la façon dont il procède. C’est comme la loi qui régit le courant électrique. Qu’on soit ou non informé de l’impact que le contact avec le courant électrique produit sur le corps humain, elle s’applique : on est électrocuté. Cette loi qui peut tuer est la même qui, bien maîtrisée rend la vie plus facile: elle fait tourner les usines et les hôpitaux, elle produit la chaleur pour cuir nos aliments ou le froid pour les conserver et elle éclaire nos maisons et nos rues. Bref elle est une énergie de vie même si elle tue si on en fait un mauvais usage.
La loi universelle qui fait de chaque homme un cocréateur est du même ordre, bien comprise et bien utilisée, elle peut créer un havre de paix et de prospérité sur terre, mais la même loi peut créer des monstres capables de faire de notre vie un enfer absolu. Contrairement au courant électrique dont les causes et les effets sont immédiats, nous ne sommes pas toujours conscients d’avoir créé l’expérience que nous avons de la vie. La cause est alors cherchée ailleurs qu’en nous-mêmes et très souvent beaucoup se réfugient dans une posture de victimes au lieu d’assumer leur rôle d’auteur. L’enfer c’est les autres comme on dit, rarement soit. C’est la faute à l’autre ethnie, c’est l’autre région, c’est le colonisateur, c’est tout sauf soi. Et pourtant !
La question est donc: comment est-on cocréateurs de notre vie ? C’est par nos pensées que nous créons. Rien de ce que nous pensons ne reste sans effet. Nous avons créé le Burundi tel qu’il est avec nos pensées parce que ce sont nos pensées qui dictent par la suite les actions que nous posons. Ce sont les pensées que nous entretenons sur nous-mêmes et sur les autres qui finissent par se matérialiser dans notre expérience au quotidien. Il n’y a pas d’autres possibilités de changer d’expérience de la vie que de changer nos pensées , c’est à dire de changer notre perception de qui nous sommes et de qui sont les autres par rapport à nous.
De nombreux coachs gagent des millions de dollars en donnant des cours sur comment être riche en entretenant certaines pensées et en adoptant certaines attitudes, comment devenir qui on veut être. Bien qu’il y ait de nombreux charlatans dans le domaine, tout ce qu’ils disent s’appuie sur une loi universelle: nous sommes ce que nous pensons tant et si bien que le pouvoir de dicter ce que les gens pensent équivaut à avoir un pouvoir presque infini sur eux. Bonjour les réseaux sociaux.
Les idées que les Burundais ont entretenues dans les années passées ont produit le Burundi d’aujourd’hui. Malheureusement, nos pensées en tant que burundais sont axées sur la peur ( Uburundi umuntu agenda arakangagurika) et toutes les émotions qui l’accompagnent depuis trop longtemps. Vu globalement le résultat ne peut pas être beau. Par nos pensées d’aujourd’hui, nous sommes en train de créer le Burundi futur. Si un scanner de la pensée existait, il serait capable d’émettre une prophétie exacte de ce que sera le Burundi dans quelques années.
C’est en cela que le Discours du Président Evariste NDAYISHIMIYE est d’ordre métaphysique, parce qu’il nous rappelle notre identité de cocréateur et notre responsabilité: prenons la responsabilité du Burundi que nous avons créé, pleurons s’il le faut tellement notre Burundi est mal en point, mais gardons espoir parce que la possibilité de créer un autre Burundi est toujours intacte. L’apôtre Paul a beaucoup écrit sur ce sujet notamment dans son épitre aux Ephésiens au verset 22 et 23 du chapitre 4 : « 22. A vous dépouiller, eu égard à votre vie passée, du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses, 23. à être renouvelés dans l’esprit de votre intelligence ». Créer un Burundi nouveau, c’est créer un burundais nouveau et un burundais nouveau c’est un burundais qui pense de façon nouvelle et qui opte pour une autre attitude.
J’invite chaque burundais à se poser les questions suivantes: suis-je fier du Burundi tel qu’il est aujoud’hui? Suis-je conscient d’avoir contribué à le créer tel qu’il est par les pensées que j’ai entretenues et est-ce j’ai conscience que cela continuera ainsi si je ne change pas ? Suis-je prêt à changer mes pensées pour les rendre conformes aux belles pensées qu’il faut entretenir pour créer un beau Burundi ?
Ce qu’on demande aux leaders c’est d’avoir une vision tellement claire de ce qu’ils souhaitent pour leur pays qu’il la vivent déjà comme une réalité en eux longtemps avant qu’elle ne se matérialise. Les pères fondateurs des Etats Unis d’Amérique avaient une vision d’une Amérique où chaque citoyen jouirait d’une liberté qui allait au-delà de tout ce qui avait jamais existé jusque-là.
En écoutant le Président NDAYISHIMIYE, j’ai eu l’impression qu’il avait en lui cette vision claire du beau Burundi qu’il nous invite à créer.
Merci Monsieur le Président de nous avoir rappelé une vérité fondamentale: nous sommes cocréateurs donc responsables de nos créations. J’adhère de tout cœur à l’idée de créer un Burundi nouveau et beau. Et comme vous je suis convaincu que cela est possible, je souhaite que vous soyez le père fondateur du Burundi nouveau à l’exemple des pères fondateurs des Etats Unis d’Amérique qui en partant de la liberté comme fondation, ont construit le pays le plus prospère et le plus puissant au monde.
Pour moi, ce discours du Président Evariste NDAYISHIMIYE est tellement important qu’il devrait être un programme à lui tout seul. Plus nombreux nous serons de burundais à être convaincus de notre pouvoir de cocréation, plus nombreux nous serons détérminés à en faire bon usage enfin, plus nombreux nous serons à refuser la dictature du passé sur notre avenir, plus ce beau Burundi nouveau prendra forme jusqu’à devenir une réalité palpable déjà pour nous, mais certainement pour nos enfants. C’est une question de choix, il n’y a pas de fatalité.
Cependant, la perception positive que le Président Evariste NDAYISHIMIYE a réussi à créer auprès de la population burundaise ainsi que les espoirs qu’il est en train de susciter changeront rapidement de nature si jamais des actes concrets ne suivent pas les belles paroles. Si nous devons créer un Burundi nouveau et beau, le chantier est herculéen notamment sur les questions de la sécurité : même si nous notons avec satisfaction une quasi-cessation des exactions commises par les Imbonerakure, les disparitions forcées de personnes restent d’actualité et les routes burundaises restent de zones à risque comme l’illustre les récentes attaques à Rutegama; la bonne gouvernance : le Burundi est l’un des pays les plus corrompus du monde, pas étonnant qu’il soit aussi le plus pauvre, à noter toutefois que le cas récent de l’OTRACO a montré que le Président NDAYISHIMIYE était prêt à sévir, nous l’encourageons à aller de l’avant contre la corruption ; la liberté de la presse : portée disparue depuis 2015. Pourtant, une presse professionnelle libre de critiquer les dérives est objectivement un partenaire d’une bonne gouvernance ; la justice : la magistrature est loin d’être indépendante du pouvoir et nombreux restent les cas d’emprisonnements abusifs sans jugement ou en dépit de la décision de la justice.
L’Europe qui est aujourd’hui un havre de paix depuis plus de 70 ans était un champ de ruines qui a vu la mort atroce de millions de gens. Cette paix n’est pas née du hasard, elle est née d’une volonté de construire autre chose que la simple répétition du passée. Ce qu’ils ont fait, nous pouvons aussi le faire et le discours du Président NDAYISHIMIYE est un pas de géant dans la bonne direction. Nous attendons les actes concrets.
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