fév
25
2016

Paludisme : Le médecin directeur régional de Gitega lance un cri d’alarme

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une des chambres de l’hôpital occupées par les enfants malades du paludisme/ photo Jean-Noël Manirakiza

Dans  ces  deux semaines  du mois de février 2016, l’établissement de Gitega  a accueilli 210 malades frappés par l’épidémie de paludisme.  Les malades surtout les enfants ont dépassé de loin la capacité d’accueil de cet établissement. A cet hôpital les responsables se sont toutefois abstenus d’évoquer le nombre de morts du palu au début de cette année.  

Gitega a vu son taux de positivité augmenter, lors du mois de janvier. Le docteur Gamaliel Sinabajije, directeur de l’hôpital  régional de Gitega explique : « la saison des pluies  permet le pullulement des moustiques anophèles vecteurs de la malaria.» Selon lui, les champs de maïs à côté des maisons, les flaques d’eaux, les faibles moyens économiques auraient explosé le paludisme dans certaines localités.  Selon ce responsable, les enfants et les personnes vieilles restent vulnérables à l’épidémie du paludisme, et font l’objet d’une surveillance particulière.

« Ce sont les  personnes faibles. Des actions comme la campagne d’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticides doivent être menées régulièrement dans les ménages », souligne Dr Gamaliel Sinabajije.

Dans les milieux ruraux, l’épidémie est loin d’être éradiquée car les moustiquaires sont souvent utilisées pour d’autres fins. Dans certains ménages de Zege en commune Gitega, elles servent à construire les poulaillers.

« Elle était déjà déchirée et les moustiques  traversaient aisément », tente de s’expliquer Anastasie sans pour autant  indiquer qu’elle avait une autre  dans la maison. Non loin de là, une autre famille l’utilise pour protéger contre les insectes son potager de tomates. Sans complexe, le père de famille  nous fait savoir qu’elle l’empêche de respirer quand il le met au-dessus de son lit.

En effet, un technicien médical note que ces cas de malaria  sont observés dans des familles défavorisées plus qu’ailleurs.  Pour maîtriser la situation dans cet hôpital, les autorités ont été obligées d’occuper  tous les espaces disponibles pour accueillir le plus grand nombre possibles des malades.  Jusqu’à maintenant, les médicaments contre le paludisme sont gratuits.              

Malgré cet effort, les enfants occupent à deux voire même à trois un seul lit.

En attendant le ministère de la santé a distribué des milliers doses de d’artésinate injectable et des moustiquaires imprégnées ont été distribuées dans tous les hôpitaux.

 « Ce sont surtout ceux qui restent chez eux chez qui qu’on enregistre le plus de décès ! » 

D’après Diomède Muhebera chef nursing à cet hôpital, le ministère de la Santé en collaboration avec des ONG internationales devaient descendre sur terrain pour enquêter sur la raison de la recrudescence du paludisme dans le pays. Cette autorité ne voulant pas trop dramatiser la situation affirme que les malades qui rejoignent à temps les centres de santé sont sauvés.

 « Ce sont surtout ceux qui restent chez eux qui sont les plus touchés et chez qui on enregistre le plus de décès ». Joséphine Nahimana a vu son enfant  commencer à perdre l’appétit avec des  frissons et des sueurs, une diarrhée, des nausées et des vomissements.

 « J’ai d’abord amené mon enfant au centre sanitaire de Mugera mais tous les médicaments ont été inefficaces. C’est par après que je me suis décidée de venir jusqu’ici »,a-t-elle indiqué.

 En plus de la misère de la  population rurale durant ce mois de janvier, «  l’insuffisance alimentaire les rendent plus vulnérables face à cette maladie, surtout les enfants », note un médiateur de santé. Ce que ne contredit pas Anne  Bigirimana rencontrée à l’hôpital régional de Gitega.   

 « Comme je n’avais d’argent, j’ai d’abord demandé deux comprimés  d’aspirine à ma voisine croyant que ces sont seulement des maux de tête mais  sa santé continuait de s’empirer », a-t-elle reconnu.

De même, la dégradation de l’hygiène pendant cette saison des pluies et les travaux champêtres pour  cette saison culturale A a des conséquences sur la santé publique. Le peu de moyen que disposent les familles est  dépensé pour acheter les intrants agricoles.

Jean-Noël Manirakiza 

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