aoû
28
2017

Payway-Burundi, plus forte que la Regideso?

 La société Payway a gagné un marché de vente des unités cash power et de recouvrement des factures d’eau et d’électricité de la Regideso. Pour l’Olucome, ce marché cache un détournement.

Le président de cet observatoire ne mâche pas ses mots et qualifie le marché attribué à Payway par le gouvernement d’illégal. Gabriel Rufyiri, parle même de « détournements opérés par certains individus hauts placés. » Il ne les cite pas.

C’est un marché accordé de manière irrégulière : «Les procédures de passation des marchés publics n’ont pas été appliquées.» A cet effet, aucun appel d’offre ouvert n’a été publié. L’accès aux informations y relatives est presque impossible. «Les gagnants de ce marché sont ceux qui acceptent de bafouer la loi.»

Malgré cela, un contrat de gérance a été signé entre le gouvernement burundais et la société Payway-Burundi. Cette convention concerne la facturation et le recouvrement des factures d’eau et d’électricité de la Regideso. Parmi les raisons avancées par le ministre de l’Energie et Mines, Côme Manirakiza, il y a notamment la gestion des grands clients.

Ce que dénonce le président de l’Olucome. Selon lui, certaines institutions étatiques et privées "proches du pouvoir" ne payent pas les factures d’eau et d’électricité. «Ces institutions doivent à la Regideso des arriérées qui s’élèvent à des milliards et des milliards de Fbu.»

Gabriel Rufyiri déplore également l’existence des arriérés des institutions publiques. Et là où le bât blesse, s’indigne-t-il, c’est que les montants destinés au paiement des factures d’eau et électricités déboursés par l’Etat n’arrivent pas à destination.«C’est comme s’il y avait une catégorie de Burundais vouée ou contrainte à supporter tout le fardeau financier de l’Etat.» Dans une lettre adressée au président de la république, le président de l’Olucome avait demandé l’annulation pure et simple de ce marché.

«Les impayés, ce n’est pas notre affaire»

D’après Gabriel Rufyiri, la hausse du prix de l’électricité annoncée par le ministère de l’Energie et Mines est une des conséquences de ces impayés. «Malheureusement, ce sont les pauvres citoyens qui vont continuer à supporter ces arriérées à la place des privilégiés de la République.»

Dans la catégorie des grands acheteurs figurent des institutions publiques, des entreprises privées, des écoles et des hôtels. Leurs arriérées d’impayés s’élevaient à 60 milliards de Fbu en juin 2016.

Yvan-Carmel Mubanji, chef du service marketing à Payway-Burundi est explicite sur la question des impayés: «Cette question ne concerne que la Regideso et ses clients». Les activités de Payway-Burundi se limitent tout simplement aux ventes des unités cash power et aux recouvrements des factures d’eau et d’électricité.

«Payway ne se mêle pas des contrats de paiement signés entre la Regideso et ses clients.» Elle n’a pas de force contraignante pour des clients défaillants. «Que les choses soient claire : les relevées des consommations d’eau et d’électricité restent un travail exclusif de la Regideso.»

Quand la politique s’invite à la Regideso

Une source interne à la direction commerciale de la Regideso, sous couvert d’anonymat, souligne que la volonté des autorités politiques prend souvent le dessus sur la détermination des autorités de l’entreprise. «La gestion des grands clients se traite dans la plupart des cas au niveau du gouvernement.» Ceci limite le pouvoir d’intervention de la Regideso.

Selon cette source, le partenariat entre la Regideso et la société Payway entraînera une augmentation du chiffre d’affaires et une réduction de certains coûts et dépenses inutiles. Il s’agit essentiellement des dépenses liées à la construction de nouveaux points de vente et la mise en place de nouveaux équipements liés aux ventes et recouvrements ainsi que le recrutement du personnel additionnel.

Notre source témoigne qu’aucun technicien de la Regideso n’oserait couper ou fermer l’alimentation en eau, encore moins en électricité aux institutions publiques comme la RTNB, les hôpitaux ou l’Onatel. «Ces dernières sont stratégiques. »

Selon notre interlocuteur, il arrive que certaines entreprises reçoivent comme avantages de la part de l’Etat, le non-paiement de leurs dus à la Regideso.

Parmi les grands clients insolvables figurent la RTNB, le ministère de la Défense nationale, l’Onatel, l’hôtel Panoramique, les écoles à régime d’internat, la mairie de Bujumbura, Afritextile, etc.

Une autre source à la Regideso fait une révélation: «Cette dernière entreprise ne paie pas ses factures d’eau et d’électricité depuis 2012 et le montant des impayés s’élève à 4 milliards de Fbu.»

Les concernés reconnaissent leurs dettes

Gaspard Baratuza, porte-parole du ministère de l’armée, reconnaît que son ministère a des arriérées d’impayés envers la Regideso. Selon lui, ces dernières ne concernent que les années antérieures à l’utilisation du système cash power. «Avec l’usage de ces compteurs prépayés, le ministère de la Défense paie régulièrement ses factures d’électricité seulement.»

Freddy Mbonimpa: «Le montant des impayés que la Regideso réclame à la mairie n’est pas exact.» Freddy Mbonimpa, maire de la ville de Bujumbura, admet qu’il y a des arriérées d’impayés envers la Regideso. Mais, le montant des impayés que cette dernière réclame à la municipalité n’est pas exact : «Elle intègre l’éclairage public et les robinets publics.»

Il précise en outre que sa municipalité n’a aucun contrat avec la Regideso sur l’éclairage public et les robinets publics. Et de noter que ces derniers ont été privatisés par la Regideso et gérés par des particuliers.

Du côté de la RTNB, c’est le silence. Salvator Nizigiyimana, directeur de la radio et télévision nationale du Burundi s’est refusé à tout commentaire. Il a signifié que la RTNB ne communique pas sur ce sujet.

Le montant alloué au paiement de l’eau et de l’électricité par le ministère de l’Education aux écoles à régime d’internat est dérisoire. Tharcise Bendantokira, directeur du Lycée Ngagara soutient que les subsides accordés ne couvrent pas les consommations de l’école. «La loi prévoit 700 Fbu par élève et par trimestre.» Et des fois, regrette-t-il, les directeurs ne trouvent pas ces subsides sur les comptes de leurs établissements.

iwacu-burundi.org

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