Pénurie du sucre, c’est la faute aux propriétaires de distilleries clandestines
Au moment où s’observe une pénurie incompréhensible du sucre, même si la Société sucrière du Moso se justifie jurant qu’elle ne cesse de distribuer la même quantité, le porte-parole du ministère chargé de l’Intérieur, donne une toute autre explication.
Selon Pierre Nkurikiye, les fabricants des boissons prohibées communément appelé ’’inkoneseri’’ (réservées aux connaisseurs) raflent des quantités énormes de sucre distribué pour leurs distilleries clandestines comme celle montrée la presse ce mercredi 26 mai. C’était à la 9ème avenue à Mutakura dans la zone de Cibitoke.
Dès l’entrée de cette propriété, il se dégage des effluves de vin de banane mais mêlées d’autres relents désobligeants. A chaque tombée de la nuit, cette parcelle voit défiler des camions de type Fuso lourdement chargés de fûts bleus usés en plastique pleins de cette boisson traditionnelle. Impossible de connaître la vraie cargaison.
Stupéfaction quand le petit portail s’ouvre, tout est sale et pêle-mêle : de vieux pneus par ici, des cordes par-là, des sacs de sucre vides estampillés Sosumo un peu partout et surtout des fûts vides et d’autres à moitié pleins de substances liquides.
Quand tout nouveau venu franchit la porte du salon, ses narines sont prises d’assaut par des odeurs suffocantes, il est vite indisposé. Là une autre scène : des fûts sont rangés partout, du salon jusque dans les toilettes en passant par les chambres à coucher, tous les espaces sont réservés à ces fûts, difficile de se frayer un passage pour passer d’une salle à une autre : une vraie chaîne de distillerie que le voisinage n’avait jamais soupçonné l’existence.
Selon Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, des enquêtes faites indiquent qu’il y aurait 5 distilleries clandestines pareilles produisant de la boisson prohibée à base de sucre, de vin de banane et d’autres ingrédients peu recommandables.
« Ils utilisent des quantités énormes de sucre et avec 15 fûts de vin de banane, ils peuvent facilement produire plus e 25 fûts de boisson prohibée et c’est une des causes principales de la pénurie de sucre à Bujumbura et dans les provinces », a-t-il révélé.
«Alors que les gens ne disent plus que ce sont les hauts dignitaires qui détournent le sucre produit par la Sosumo pour le vendre ailleurs », conclut le porte-parole du ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique.
« Je ne pense pas »
Selon le président de l’Olucome (Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques), cette distillerie clandestine et d’autres fabriques de boisson prohibée ne peuvent pas être la seule cause de la pénurie du sucre.
« Cet argument ne tient pas, il faut chercher d’autres raisons même la Brarudi ne peut pas causer une pénurie », réfute Gabriel Rufyiri.
Quand en 2007 et en 2008, il y a eu pénurie de sucre, raconte-t-il, les conclusions de la commission d’enquête sur les causes dirigée par Mélchiade Nzopfabarushe étaient accablantes. « Il y a des commerçants véreux qui exportaient frauduleusement du sucre, pour l’Olucome, il faut chercher le problème ailleurs ».
Le porte-parole du ministère chargé de l’Intérieur n’a pas été tendre avec l’administration locale après cette découverte : « Qu’elle se ressaisisse, ce n’est pas normal qu’il y ait des endroits pareils, soit on est complice, soit la responsabilité laisse à désirer ».
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