Pierre-Claver Mbonimpa : « Ma famille est menacée »
Bruxelles - « A l’heure je vous parle, d’après les informations dont je dispose, il parait que l’on prépare à Bujumbura un coup pour assassiner mon fils, qui est militaire. Des policiers ont perquisitionné hier soir sa maison, sans que la loi ne le leur permette, car seul la police militaire est en droit de le faire ». Sur un ton posé, l’activiste burundais des droits de l’homme, Pierre-Clavier Mbonimpa révèle à Infos Grands Lacs les menaces qui pèseraient sur des membres de sa famille. Non seulement à Bujumbura, où son unique fils resté au Burundi travaille comme officier dans les rangs de l’armée, mais aussi à l’étranger, « notamment à Kampala, en Ouganda, où des agents du service de renseignement burundais ont repéré là où habitent certains de mes enfants ». Mbonimpa souligne que « parmi ces agents, il y en a un que j’avais poursuivi en justice pour avoir commis un viol sur un enfant de 14 ans. Il avait été arrêté, puis relaxé après ma tentative d’assassinat. Il se trouve actuellement dans la capitale ougandaise où il surveille avec d’autres agents du service de renseignement des burundais en exil. Mes enfants sont paniqués. Je dois les aider ».
Transféré en Belgique suite à une tentative d’assassinat auquel il a échappé par miracle en aout 2015, le président de l'Association pour la protection des droits humains et des personnes détenues (Aprodh) a déjà dû faire face à deux deuils familiaux : le premier en octobre 2015, lorsque l’un de ses gendres, Pascal Nshimirimana, a été assassiné dans la commune de Ngarara, le deuxième un mois plus tard après l’assassinat de son plus jeune fils, Welly Fleury Nzitonda, tué à Mutakura.
Malgré les deuils et les menaces, Pierre-Claver Mbonimpa ne veut pas se « décourager car défendre les droits de l’homme est un honneur. Cependant il y aussi des risques, vous devez donc tout supporter ».
Propos recueillis à Bruxelles par Joshua Massarenti pour Infos Grands Lacs (IGL3), en collaboration avec VITA/Afronline (Italie).