PLUS DE 170 RÉFUGIÉS BURUNDAIS DISPARUS EN MOINS D’UNE ANNÉE EN TANZANIE
C’est du moins le contenu du rapport des défenseurs des droits de l’homme dans les camps de réfugiés en 6 pays dont la Tanzanie. Ce rapport parle de violation grave de droits des réfugiés tels que les assassinats, disparitions forcées et arrestations arbitraires. Aidés par les avocats, ces activistes comptent saisir des juridictions internationales. (SOS Médias Burundi)
Les défenseurs des droits humains qui vivent dans les camps se sont réunis en une Coalition pour élever la voix contre des abus commis à l’encontre des réfugiés burundais dans différents camps de réfugiés et pays d’accueil.
Cette coalition burundaise de défenseurs des droits de l’homme vivant dans des camps de réfugiés ( CBDH/ VICAR en sigle) déplorent les violations auxquelles sont soumis plusieurs réfugiés burundais surtout en Tanzanie.
“Nous comptons entre 170 et 200 réfugiés victimes de disparitions forcées dans les camps de Nduta, Nyarugusu et Mtendeli, trois camps de réfugiés burundais en Tanzanie. Le seul camp de Nduta compte plus de 120 personnes disparues. Là, on ne parle pas des assassinats ciblés et exécutions extrajudiciaires. Nous, défenseurs des droits de l’homme burundais vivant dans les différents camps de réfugiés en Tanzanie, au Rwanda, en RDC, en Ouganda, au Kenya et en Zambie, sommes préoccupés par les abus que subissent nos compatriotes dans les camps », explique Léopold Sharangabo, vice-président de cette coalition.
Les cas rapportés concernent la période allant de juin 2019 à mars 2020.
Les concepteurs du rapport qui accusent certains agents du HCR de dévoiler les secrets des réfugiés liés à leurs raisons de demande d’asile indiquent que les mobiles politiques sont derrière les enlèvements.
Les plus ciblés sont ceux qui ont manifesté contre le troisième mandat du président Nkurunziza en 2015, des anciens militaires et policiers démobilisés ou déserteurs des corps de défense et de sécurité ainsi que des ou anciens activistes de la société civile.
Le rapport précise que quelques réfugiés sont remis aux autorités burundaises après plusieurs mois d’emprisonnement au moment où d’autres sont retrouvés dans de mauvais états, après avoir été torturés, ajoutent ces défenseurs.
Complicité Tanzanie-Burundi
“Les auteurs en général sont des éléments de la police tanzanienne. Mais nous constatons aussi qu’il y a des Burundais identifiés comme des agents du service national de renseignements. Ils viennent et demandent asile dans les camps alors qu’ils sont en mission leur confiée par le régime que nous avons fui”, font remarquer ces défenseurs des droits des réfugiés.
En janvier dernier, la rédaction de SOS Médias a été informée de la présence d’un officier des renseignements burundais qui s’était installé non loin du camp de Nduta.
“Nous nous demandons ce qu’il est venu faire ici, alors qu’il n’est pas réfugié. Sans doute qu’il est venu nous traquer. Ces derniers temps, il s’observe plusieurs arrestations et disparitions des réfugiés surtout jeunes, accusés de former des rébellions. Il est sans doute derrière ces cas d’insécurité”, s’inquiétaient déjà les réfugiés burundais.
Droits économiques bafoués
La coalition burundaise de défenseurs des droits de l’homme vivant dans des camps de réfugiés ( CBDH/ VICAR en sigle) dénonce aussi la fermeture des marchés et centres de négoce dans les différents camps de réfugiés en Tanzanie.
La coalition recommande à la Tanzanie de présenter devant un juge les réfugiés qui sont arrêtés au lieu de les laisser entre les mains de leurs bourreaux. Au HCR, elle lui demande de rappeler certains de ses agents à l’ordre qui divulguent les secrets des demandeurs d’asile.
Risque de poursuites judiciaires
Le Collectif des Avocats pour la Défense des Victimes de Crimes de Droit International commis au Burundi “CAVIB” rappelle que la Tanzanie est en train de passer outre les conventions relatives à la protection des réfugiés dont celle de Genève de 1951.
“C’est dommage que la Tanzanie piétine ces conventions en connaissance de cause. Tôt ou tard, elle sera traduite devant les juridictions internationales comme la Cour de justice de l’EAC, la Cour Africaine de droits de l’homme et des peuples et même les juridictions nationales en Tanzanie comme le prévoient les traités et conventions auxquels le pays a souscrit ». souligne Maitre Gustave Niyonzima, vice-président du CAVIB, ajoutant que les procédures sont en cours pour franchir cette étape.
Ces avocats et défenseurs des droits des réfugiés estiment que l’EAC devrait se saisir de l’affaire et assurer la protection effective de ses ressortissants exilés dans ses pays membres.