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06
2016

Prisons sous haute surveillance

Des fouilles-perquisitions dans les prisons de Bujumbura et de Gitega, la semaine dernière, donnent lieu à diverses spéculations. Pour le directeur de la prison Mpimba, il ne s’agit que d’une simple opération de routine.

La police surveille les deux principales prisons du pays, comme le lait sur le feu. Jeudi 24 mars. Fait inhabituel : dans l’après-midi, la police opère une fouille-perquisition dans la prison de Mpimba de Bujumbura. Normalement, de telles opérations se font dans la matinée. Vendredi 25 mars, l’opération se poursuit : coins et recoins sont passés au peigne fin.

Dans l’après-midi, la police fait une « incursion » dans la prison de Gitega, plus précisément au quartier des 21 militaires condamnés pour putsch manqué du 13 mai. L’opération est supervisée au haut niveau par le commissaire régional, en présence du commissaire provincial et d’autres responsables de la police. Des téléphones sont saisis.

Samedi 26 mars, à Mpimba, c’est la troisième journée des opérations. Certains quartiers sont perquisitionnés deux fois. Selon les dires des prisonniers, il s’agit notamment du quartier « Mineurs adultes ». Il héberge les prisonniers « politiques », ceux arrêtés notamment pendant les différentes manifestations. Beaucoup de policiers sont signalés même dans la périphérie de cette prison.

Lundi 28 mars, pas de fouille. Curieusement, pas de visite dans l’avant-midi à la prison de Mpimba. Des bruits circulent qu’il y aurait un homme « en uniforme  probablement » qui aurait été tué pendant la nuit dans les parages. Mais personne ne confirme avoir vu un cadavre.

Avalanches d’hypothèses

Au deuxième jour de la fouille à Mpimba, des bruits commencent à circuler sur les réseaux sociaux faisant état de recherche d’armes, notamment des grenades et des fusils. D’autres internautes tentent de lier l’opération de police à une éventuelle défection de militaires des casernes situées dans les parages de la prison. Pour eux, la police redoute que ces militaires, qui se seraient volatilisés dans la nature, la semaine dernière, ne reviennent pour libérer des prisonniers « politiques ».

La même thèse de militaires déserteurs est avancée pour expliquer l’opération au sein de la prison de Gitega. Ils seraient en contact avec les putschistes écroués et pourraient tenter une opération sur la prison pour libérer les généraux écroués. Ces mêmes militaires recevraient des instructions des généraux putschistes, depuis la prison. D’où l’opération menée dans le but de s’emparer des portables des généraux, soutiennent ces internautes.

Les tenants de l’hypothèse d’une possible attaque sur les prisons s’appuient sur le discours de certains officiels lors de l’attaque du 11 décembre sur des casernes. Le porte-parole du gouvernement ressassait que les « assaillants » avaient l’intention de s’emparer des armes avec objectif ultime de mener un assaut sur la prison de Mpimba pour libérer des prisonniers.

« Opération de routine »

Pour le directeur de la prison de Mpimba, la fouille-perquisition relève du travail de routine. C’est prévu, par ailleurs, par la loi. La police fait des descentes pour sévir contre la vente illicite de boissons alcoolisées.  « Des tréphones (substances facilitant la croissance des cellules dans un organisme) ont aussi été saisies. Mais rien en rapport avec la recherche de cache d’armes », martèle Grégoire Nimpagaritse, le directeur de la prison de Mpimba. Quant au retard dans l’organisation de la visite, lundi dernier, il parle de travaux urgents à Mpimba. La visite prévue d’habitude à partir de 10h aurait causé des chevauchements avec ces travaux.

Quant au directeur de la prison de Gitega, il rappelle que la sécurité est une affaire de tous. Comme «  chef de ménage », il a grandement ouvert les portes de la prison à la police.

PHILIPPE NGENDAKUMANA 

Source : IWACU 

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