mar
24
2022

« Qu’allons-nous devenir ? »

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Une cinquantaine de motos-taxis au parking du pont de la 12ème avenue de la zone Kanyosha

Une journée après la mise en application de la nouvelle mesure de délimitation de l’espace de circulation des motos, tricycles et vélos, leurs conducteurs, surtout ceux qui font le transport rémunéré, sont dans le désarroi. Rencontrés dans différents parkings en mairie de Bujumbura, ils ne cachent pas leur désespoir.

Normalement réticents à parler devant les caméras, les conducteurs de motos rencontrés à la 12ème avenue de la zone Kanyosha se chamaillaient pour prendre la parole, tout le monde veut parler ou déverser sa colère.
Désespoir, mécontentement et amertume se lisaient sur leur visage et cela transparaît dans leur propos.

Arrivés vers 5 heures et demie du matin, à 9 heures et demie, certains n’avaient même pas encore eu un seul client depuis la matinée. Leurs motos étaient garées à l’entrée de leur zone de travail sous l’œil vigilant de la police.
Ils semblaient remontés dans leurs propos : « On ne sait vraiment pas ce qu’on va devenir, regarde vraiment, il est presque 10h, je n’ai que ces 1.200 Fbu que vous voyez, où est ce que je vais rentrer, que vais-je dire à mon patron, et à ma femme et mes enfants ce soir. Seul Dieu pourra nous sauver », se désole Aimable Manirakiza, montrant comme preuve avec deux billets de 500 Fbu et de deux autres de 100 Fbu dans la main.

Certains espéraient compenser leur manque à gagner en prolongeant les trajets vers Kabezi mais ont vus leur alternative tomber à l’eau, hélas, ils doivent payer 500 Fbu de taxe communale pour entrer dans cette autre commune.
« En temps normal à 10h, j’avais déjà au moins 15 mille de versements pour mon boss, il me restait à chercher mon repas de midi et ce que je vais ramener à la famille le soir. Aujourd’hui, j’ai commencé à travailler dans la pluie de ce matin, mais je n’ai que 2.000 Fbu », se désole Eric Manirakiza rencontré au parking du pont de la 12ème avenue de la zone Kanyosha.

La plupart des conducteurs de motos-taxis déclarent qu’avant la nouvelle mesure, ils gagnaient entre 30 et 35 mille Fbu par jour. Dans la première journée de la mise en application de cette mesure, même les plus chanceux n’ont pas pu avoir 15 mille Fbu, confient-ils.

Remonté, Innocent demande au président de la République que cette mesure soit révoquée, et en appelle à la cohérence des discours des autorités.

« Ces dernières disent toujours qu’elles veulent qu’on ait tous de l’argent et qu’on mange, comment va-t-on en avoir si elles nous empêchent de travailler ? Nous avons voté pour eux et ils commencent à nous maltraiter maintenant qu’ils sont arrivés au pouvoir. Nous ne sommes pas les causeurs d’accidents, qu’ils nous construisent des routes et veillent à l’ordre dans l’octroi des permis. C’est tout ce qu’on demande, sinon si cette mesure n’est pas révoquée, certains vont mourir d’autres vont devenir des criminels ».

A 10h, une cinquantaine de motos étaient au parking, certains conducteurs étaient assis sur leurs deux-roues, attendant désespérément avoir des clients, d’autres déclaraient qu’ils commençaient à revoir leur prix à la baisse jusqu’à 300 francs par course pour pouvoir gagner quelque chose.
https://www.iwacu-burundi.org/quallons-nous-devenir/

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    Une cinquantaine de motos-taxis au parking du pont de la 12ème avenue de la zone Kanyosha
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    Aimable Kwizera : « Il est presque 10h et je n’ai que ces 1.200 Fbu »
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