RDC: manifestations dans plusieurs villes du pays à l'appel de l'opposition
Plusieurs centaines de Congolais ont marché à la mi-journée à Kinshasa, à l'appel de plusieurs partis d'opposition, pour réclamer l'abandon de la machine à voter et la révision du fichier électoral jugé « corrompu » pour la présidentielle prévue le 23 décembre. Toutefois, l’UDPS, l’un des principaux partis d’opposition, ne soutient pas le mot d’ordre. Le gouverneur de Kinshasa a autorisé la manifestation avec un itinéraire modifié. Les manifestants n’ont pas été autorisés à se rendre au siège de la commission électorale comme ils le souhaitaient.
La marche s'est élancée vers 12h et s'est déroulée dans le calme avant de se terminer sur la place Triomphale. La police a encadré le cortège à distance et sur le boulevard Lumumba, où la circulation n’a pas été interrompue, les voitures ont continué de circuler en marge du cortège.
Parmi les leaders, en tête de la marche, il y avait Martin Fayulu, Vital Kamerhe revenu hier soir d’Afrique du Sud, Adolphe Muzito également, Fidèle Babala pour le MLC de Jean-Pierre Bemba. Un temps annoncé l’ex-vice-président n’était pas là, son parti n’a pas donné d’explication officielle.
Comme annoncé, l’UDPS, le parti qui traditionnellement draine le plus de manifestants à Kinshasa, n'a pas participé pas à cette marche aux objectifs « obscurs » expliquait encore ce matin Jean-Marc Kabund, secrétaire général du parti.
Des déçus de l'opposition «désunie»ne défilent pas
« Cette marche, c'est pour une chose : réclamer les élections conformément à la Constitution, conformément aux lois de la République. Elections sans machine à voter, élections sans le fichier corrompu. Nous sommes là uniquement pour ça. Elections pour la décrispation politique, marche pour demander l'inclusivité : tout le monde est concerné par ces élections », a déclaré Martin Fayulu. Interrogé sur l'absence de l'UDPS, l'opposant de répondre : « la marche est pour le peuple congolais. Celui qui se sent concerné par des élections transparentes et crédibles, cette marche le concerne. Je reviens de Pretoria, nous étions avec l'UDPS, nous avons signé un document, et nous sommes mis d'accord, y compris l'UDPS pour les élections sans machine à voter, sans fichier corrompu. »
De nombreux mouvements citoyens sont également présents. L’ambiance est bon enfant. On scande le rejet de la machine, on aperçoit des gerbes de fleurs, pour célébrer l’enterrement de cette machine qui fait couler tant d'encre, perçue par les populations comme un outil de potentielle tricherie. « Il faut jeter la machine au fleuve », nous lance un manifestant.
Ces Congolais, tout en disant non à cette machine, refusent d’envisager un nouveau report de l’élection le 23 décembre. « Nous ne laisserons pas Kabila nous prendre en otage », clamait un autre manifestant. D'autres cependant ont préféré rester sur la touche et observent le cortège de loin, sans y prendre part. « Nous pensions que l’opposition serait unie pour défendre notre avenir mais nous sommes déçus donc je ne manifeste pas », expliquait pour sa part un étudiant en fin de matinée.
Des marches non autorisées dans d'autres villes
Les partis d'opposition avaient aussi appelé aujourd'hui la mobilisation dans d'autres villes du pays.
A Lubumbashi, forces de l'ordre et de sécurité ont été déployées et des accrochages ont été signalés. A Mbuji-Mayi, les manifestants ont été dispersés malgré l'autorisation qui avait été accordée pour le meeting.
A Kisangani et Bukavu, les marches n'ont pas été autorisées. Seules des délégations ont eu accès aux bureaux de la Monusco et de la Céni pour déposer leurs mémos. A Goma, la manifestation a pu avoir lieu, encadrée par la police.