Région Centre/Gitega : Quand l’eau des robinets publics divise
Depuis que la Regideso a interdit la vente de l’eau sur les robinets publics, la population des quartiers de la ville de Gitega qui n’ont pas de robinets chez elle jubile. Toutefois, des tricheries et vols du matériel risquent de lui priver cette manne. Les administratifs affirment qu’ils restent vigilants face à cette situation.
Ils pensaient que le temps d’escalader les vallées avec de lourds bidons sur la tête était derrière eux grâce à l’eau gratuite des robinets publics. Mais, aujourd’hui, la peur ne les quitte pas. Dans divers quartiers de la ville de Gitega, les domestiques avaient l’habitude de refuser le travail par peur de la corvée de parcourir de longs kilomètres à la recherche de l’eau potable. Malheureusement, cette pratique risque de resurgir à n’importe quel moment.
Le réflexe de minimiser les factures d’eau de la Regideso pousse certaines personnes à profiter de l’eau des robinets publics en fermant les robinets de chez elles. Certaines sources informent en effet que beaucoup de ménages préfèrent fermer leurs robinets pour aller faire la queue sur les robinets publics. Ce qui agace certains. Selon certaines personnes interrogées, surtout les domestiques, cette mauvaise habitude des uns et des autres risque par exemple d’influencer la Regideso à revenir sur sa décision.
« Quand c’était payant, il n’y avait pas du monde. Mais aujourd’hui, on croirait que la population de notre quartier a été multipliée par deux », observe le prénommé Salvator de Yoba. D’après lui, sans doute qu’il y’a des gens qui viennent des autres quartiers car il ne comprend pas pourquoi il y’a de nouveaux visages autour du robinet public alors que la plupart des ménages à Yoba ont des robinets chez eux. Et de penser qu’il existe certainement beaucoup de gens qui préfèrent profiter des robinets publics afin de minimiser les factures de la Regideso à la fin du mois.
« Je croyais que c’était un privilège d’avoir l’eau chez soi. Mais, quand je remarque que ces personnes viennent ici, je pense que ce sont des profiteurs qui veulent minimiser la facture de la Regideso », fait-il observer. M. Salvator n’hésite même pas à les qualifier de « voleurs tout simplement ».
Même sentiment de trahison chez la prénommée Annociate qui soutient que les robinets publics soient réservés uniquement à ceux qui n’ont pas d’eau chez eux. Elle suggère à l’autorité compétente de prendre des mesures strictes pour empêcher ces personnes de « mauvaise foi » qui viennent se servir sur ce qui est destiné aux pauvres.
« Je comprends que c’est public mais public ne signifie pas qu’ils ferment leurs robinets pour venir grossir les rangs de ceux qui ne peuvent pas s’en procurer », déplore-t-elle. Dans cette course vers la gratuité, cette mère de famille n’est pas la seule à se plaindre contre « cette tricherie observée ». La prénommée Belyse elle aussi s’insurge contre cette « incivilité » qui risque d’empêcher les plus nécessiteux à jouir de ce service.
« Comme je le vois, tôt ou tard, nous reprendrons à boire l’eau des marigots. Nous sommes égoïstes. Rien ne me surprendra si on revient à l’ancienne pratique », fait-elle savoir.
Il faut éviter le désordre
La décision de la Regideso d’interdire la vente de l’eau des robinets publics a été salutaire pour beaucoup de familles. Même si quelques fois il y’a des coupures d’eau, ce ne pas la même situation qu’avant. Les bénéficiaires « attitrés ou supposés » conseillent l’administration d’appliquer des mesures rigoureuses pour freiner cette pratique irrespectueuse.
« Je n’approuve pas que ceux qui ont des robinets chez eux n’aillent pas puiser sur les robinets publics. Je prône plutôt qu’il y ait un certain privilège envers ceux qui n’ont pas de moyens de faire installer les robinets chez eux », souligne une prénommée Alice, une habitante du quartier Nyamugari. Et d’ajouter : « J’ai entendu une femme qui gronde ses enfants d’aller au robinet public s’ils veulent gaspiller l’eau. J’ai été choquée d’entendre ses propos comme si ce qui est public est synonyme de gaspillage. »
D’après l’administration, ces plaintes et craintes ne sont pas tombées dans les oreilles des sourds. Elle fait savoir que des mesures provisoires ont été prises pour préserver et pérenniser les installations publiques.
« On a proposé une personne qui habite tout près du robinet de garder les clés. La population est libre de puiser de l’eau à n’importe quelle heure de la journée. La nuit, le gardien ferme les robinets », indique Jimmy Kwizera, chef de quartier Yoba. Il déclare en outre qu’il a déjà prévu une réunion pour étudier comment éviter le désordre.
« Si chez une famille ou deux, l’eau n’arrive pas dans leurs robinets, cela ne veut pas dire que tout le quartier n’a pas d’eau. Nous savons qu’il peut y avoir des tricheurs et cela doit cesser », a-t-il ajouté tout en appelant la population à rester vigilante en protégeant le matériel qui est souvent volé par les bandits de nuit.
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