aoû
22
2022

Rutana : le responsable provincial des renseignements tire à balles réelles sur des fraudeurs de carburant

Un chauffeur de taxi-moto qui ramenait du carburant de la Tanzanie voisine a failli être tué par le responsable du SNR (service national des renseignements) en province de Rutana (sud-est) vendredi dernier. Ce motard a échappé de justesse aux tirs nouris du responsable provincial du SNR au petit matin du vendredi 19 août. Deux autres motards qui transportaient deux bidons d’essence chacun appartenant à deux commerçants sont tombés dans une embuscade du responsable du SNR en province de Rutana sur la colline de Ngomante, frontalière avec la Tanzanie. (SOS Médias Burundi)

Un des motards a été grièvement blessé lors de sa fuite pendant des tirs contre lui.

Ce dernier est allé se faire soigner à un centre de santé privé avant d’être arrêté par le responsable provincial du SNR.

« Un infirmier qui tenait la garde au centre de santé a été torturé par le responsable du SNR. En plus des deux motards et cet infirmier, leurs patrons Vianney et Runyabuye ont eux aussi été torturés avant d’être embarqués la même nuit vers le cachot du SNR au chef-lieu de province où ils ont continué à être torturés », ont indiqué des sources proches du dossier.

Leur libération a eu lieu samedi mais elle a été conditionnée par le payement des pots de vin équivalent à 1 million de francs burundais pour chaque pratiquant du commerce illicite de carburant donc une somme de 2 millions .

Selon des habitants du chef-lieu de la commune de Giharo, les pratiquants du commerce illicite du carburant sont victimes du conflit de partage des pots de vin qu’ils donnent aux autorités policières affectées dans cette commune.

Nos sources précisent que le responsable provincial du SNR avait des informations que les commerçants du carburant en provenance de la Tanzanie collectent des pots de vin à donner au commissaire communal de la police à Giharo.

« Il a alors voulu leur montrer que lui aussi devrait en bénéficier », estime une source locale.

Selon des témoins, les concernés ont repris leur commerce dès ce dimanche après leur libération.

La corruption fait également parler d’elle sur les stations- service du chef-lieu de province.

Selon des clients, les responsables policier et administratif ont placé des collecteurs de pots de vin sur chaque station- service chaque fois que le carburant est disponible.

« Chaque fois qu’il y a distribution de carburant , pour que qu’on te sert à plein, il y a quelqu’un qui te demande de payer une somme de 30 mille qui doit être partagée entre le commissaire communal, le responsable du SNR et le gouverneur de province. Si tu ne paies pas on te donne entre 5 et 10 litres seulement », lâchent fâchés des chauffeurs contactés.

Les demandeurs du carburant obligés de loger deux à trois jours dans des hôtels en attendant qu’ils soient servis

« Pire encore, on fait la queue sur une seule station- service quand bien même le carburant est disponible sur deux stations. On nous explique que c’est pour assurer une bonne distribution mais on a appris que c’est pour que ces autorités puissent suivre de près la somme exacte de pots de vin collectée sur chaque station -service », lancent choqués des chauffeurs retrouvés sur la file d’attente.

Et d’ajouter , « On vient de passer deux à trois jours dans des hôtels en attendant qu’on soit servi et cela augmente les dépenses . En plus des 30 mille francs servant de frais de corruption , on doit ajouter des frais d’hébergement et de restauration. Si les autorités laissaient les stations distribuer le carburant on aurait été servi en moins d’une journée », se lamentent-ils.

Des habitants des chef-lieux des communes de Rutana et Giharo demandent aux autorités administrative et policière hiérarchiques de suivre de près cette situation.

https://www.sosmediasburundi.org/2022/08/22/rutana-le-responsable-provin...

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