fév
11
2021

Tolérance zéro contre les commissionnaires

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Pierre Nkurikiye : « plus de 300 commissionnaires ont été appréhendés »

Les pratiques des intermédiaires entre les vendeurs et les acheteurs, communément appelés « commissionnaires », vont être éradiquées. L’annonce a été faite dans un communiqué du ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique.

La chasse a commencé au marché de bétail de Rutegama dans la province de Gitega. Les gens qui se sont fait passer pour les intermédiaires entre les vendeurs et acheteurs ont été appréhendés ce 1er février par l’administration.

«Plus de 300 commissionnaires ont été interpellés et une amende de 100000 francs burundais a été exigée pour chacun d’eux», a précisé Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère de l’Intérieur du Développement communautaire et de la Sécurité publique dans son communiqué de presse de ce 2 février 2021.

Ils sont accusés de faire la pluie et le beau temps dans ce marché, le commerce de bétail profitant beaucoup plus aux commissionnaires qu’aux vendeurs. « Ils fixaient le prix, si l’acheteur ne payait pas comme ils le voulaient la perte revenait au vendeur, car ils devaient coûte que coûte percevoir leurs commissions », a fait savoir un vendeur de vache.

Apres Gitega, la capitale économique est visée. Les commissionnaires de Bujumbura sont inquiets de la décision prise par le ministre de l’Intérieur. Pour eux, c’est un métier comme tant d’autres. « J’exerce ce métier depuis plus de 10 ans. Je nourris ma famille grâce à ce métier. S’ils nous emprisonnent ou s’ils nous chassent, qui va subvenir au besoin de nos familles ? », se demande un commissionnaire des voitures.

Les commissionnaires travaillent beaucoup plus dans la vente des voitures, des parcelles, dans les locations des maisons et la vente des maisons ou autre bien meuble et immeuble : « Le métier des commissionnaires avant c’était beaucoup plus dans l’immobilier, la location des maisons seulement. Mais aujourd’hui les commissionnaires s’intéressent aussi aux différents objets notamment des voitures, des télévisions et autres matériels. Il vous suffit juste d’avoir des connaissances en la matière », a fait savoir un commissionnaire des maisons. Avant d’ajouter : « et ce métier est le gagne-pain de beaucoup de famille ici à Bujumbura et ailleurs. »

Même si les autorités veulent les éradiquer, leurs services sont appréciés par les clients. C’est grâce aux commissionnaires qu’ils n’ont pas besoin de courir derrière les objets dont ils ont besoin : « quand je veux louer une maison ou une voiture, je m’adresse aux commissionnaires, ce sont eux qui savent où les trouver et je ne m’en suis jamais plaint », explique un des clients.

« Faux commissionnaires »

« (…) éradiquer l’escroquerie commise par les faux commissionnaires, non seulement pour les marchés des bétails mais aussi pour toutes les autres transactions qui présentent cette forme de criminalité telle que la vente des parcelles, la vente ou la location des maisons ou autres biens meubles et immeubles», a déclaré le ministère de l’Intérieur du Développement communautaire et de la Sécurité publique dans le communiqué.

Les commissionnaires ne nient pas l’existence des usurpateurs dans leur métier « Cela fait 7 ans que je suis commissionnaire, et je sais qu’il y a certains qui sont malhonnêtes et il y en a beaucoup même. Mais il ne faut pas nous mettre dans le même panier. L’escroquerie ne se trouve pas seulement dans le métier des commissionnaires », explique un commissionnaire des maisons.

Certains clients, victimes de ces amateurs de la commission se plaignent : « Ils ne sont pas professionnels, ils vous facturent des montants inexplicables, parfois vous vous retrouvez en train de payer leurs frais de déplacements et de communication. S’ils vous demandent de l’argent avant le contrat de bail, vous serez que ce sont des escrocs ».

Une autre se lamente de l’inefficacité des commissionnaires : « Non seulement ils vous manipulent, ils abusent de votre confiance. Un seul commissionnaire peut présenter une seule maison à 3 ou 5 clients. Ils ne sont pas sérieux ».

Un expert dans l’immobilier explique comment ces fonctionnaires devraient faire leur travail professionnellement : « Premièrement ils doivent être sérieux dans leur métier. Ils doivent respecter leurs clients et respecter les propriétaires : ils débarquent dans votre maison sans rendez-vous, ils se permettent de publier sur les réseaux sociaux votre maison sans votre autorisation. Ils doivent penser à créer des agences pour être beaucoup plus professionnels ».

Il souligne aussi sur l’utilisation des réseaux sociaux, qui n’est pas respectée : « Vous trouverez sur leurs réseaux sociaux beaucoup de produits, car ils touchent à tout. Ils publient n’importe quoi, alors qu’ils peuvent créer des pages officiels pour rendre sérieux leurs travails ».

Le métier des commissionnaires existe depuis longtemps dans différentes provinces du pays. Ils gagnent leur vie grâce à ce métier. Ils demandent aux personnes habilitées de les organiser dans des coopératives au lieu de les chasser.

https://www.iwacu-burundi.org/tolerance-zero-contre-les-commissionnaires/

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