fév
21
2017

Trafic humain : six Burundaises emprisonnées dans les pays du Golfe

Pour la FENADEB, le gouvernement doit s’assurer que les droits des Burundais qui sont notamment en Arabie Saoudite et Oman sont respectés.

 

«Nous sommes en contact avec les organisations des droits humains dans ces pays et nous suivons de près ce dossier», indique Jacques Nshimirimana Selon le président de la Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance au Burundi (FENADEB), cinq filles sont emprisonnées à Oman et une autre en Arabie Saoudite. Il fait aussi savoir que deux autres jeunes filles sont revenues, il y a quelques semaines, mal en point du Moyen-Orient. «Elles présentaient des signes de traumatisme.» il dit que trois autres filles sont gravement malades en Arabie Saoudite.

Selon des sources dans ces pays, certaines filles sont arrêtées pour des cas de vol, d’injures ou parce qu’elles ne portent pas de burka. «Ici, les femmes sont jalouses. Elles pensent que nous voulons attirer leurs maris», témoigne une Burundaise qui vit en Arabie Saoudite depuis une année. Toutefois, Jacques Nshimirimana se félicite que depuis la mobilisation de la société civile et le tapage médiatique qui a suivi, les choses commencent à changer, même s’il reste des filles qui sont maltraitées. Le président de la FENADEB souligne qu’ils travaillent de concert avec certaines organisations des droits humains en Arabie Saoudite et en Oman. «Les Burundaises bénéficient d’une assistance de la part de ces organisations.»

«Nous ne sommes pas au courant»

Jacques Nshimirimana fait savoir que les organisations de la société civile ne sont pas contre que des Burundais aillent travailler à l’étranger. «Ce que nous dénonçons est cette exploitation que subissent ces filles.» Pour lui, il faut que le ministère des Affaires étrangères s’entende avec ces pays afin de faciliter le retour au pays des volontaires. «Parfois, on leur refuse de rentrer.» De plus, poursuit-il, le gouvernement doit s’assurer que leurs droits sont respectés et que leur travail soit légalisé. «Parfois, nous rencontrons des difficultés pour suivre ces dossiers car à Oman, le Burundi n’a pas d’ambassade.»

Bernard Ntahiraja, assistant du ministre des Affaires Etrangères, indique qu’ils ne sont pas au courant de ces emprisonnements. Il assure qu’ils vont suivre de près ce dossier. «Généralement, il y a des voies diplomatiques pour résoudre ce genre de questions. Nous avons une ambassade en Arabie Saoudite et un consulat à Oman.» Concernant la proposition de la FENADEB de faire rentrer les volontaires, Bernard Ntahiraja demande à cette organisation de venir leur soumettre cette requête. «Nous sommes prêts à faire tout dans l’intérêt de notre population.»

Quant aux maltraitances qu’endurent les Burundaises dans ces pays du Moyen-Orient, l’assistant du ministre invite les familles des victimes de saisir son ministère. «Une fois que nous avons l’information, nous écrivons aux ministères des Affaires Etrangères de ces pays.» Et d’ajouter que chaque Burundais qui est à l’étranger bénéficie d’une assistance consulaire lorsqu’il rencontre un problème.

Nécessité d’un fonds de prise en charge

Selon Jacques Nshimirimana, il arrive que certaines familles refusent d’accueillir les filles qui reviennent de ces pays du Golfe. «Elles pensent que les filles faisaient de la prostitution là-bas alors que c’est faux.» Du coup, elles se retrouvent laissées à elles seules. «Certaines tentent d’y retourner, d’autres s’adonnent à la débauche.» Comme c’est un problème social, poursuit-il, le gouvernement doit mettre sur pied un fonds de prise en charge des victimes de la traite d’êtres humains.

En attendant, Jacques Nshimirimana indique qu’ils ont ouvert en zone Kinindo un centre d’hébergement d’urgence pour les filles en situation de risque c’est-à-dire ces filles qui reviennent et qui sont rejetées par la famille. «Nous les prenons en charge en attendant la réunification familiale.»

 

Une traite d’êtres humains d’un autre genre

La FENADEB tire une sonnette d’alarme sur une forme de la traite d’êtres humains qui se passe au Burundi surtout dans la capitale Bujumbura. «Nous observons une traite qui touche essentiellement les jeunes filles qui ont échoué l’école fondamentale.» D’après Jacques Nshimirimana, certaines filles décident de se marier rapidement tandis que d’autres sont exploitées sexuellement par des proxénètes. «D’autres se font embaucher comme femme de ménage mais en réalité elles servent d’objets sexuels.»

Le président de la FENADEB demande au gouvernement de se penche sérieusement sur cette question. Ils exhortent aussi les parents à être vigilants et aux enfants de dénoncer ces rabatteurs qui leur promettent monts et merveilles. Et d’annoncer que la fédération a ouvert un numéro WhatsApp qui sert à dénoncer ces cas de traite d’êtres humains. Le numéro est le 75 821 616.

source: Groupe iwacu

 

 

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