Uprona, l’entropie
Les héritiers légaux ou illégaux, légitimes ou illégitimes du prince Louis Rwagasore, le leader historique de l’Uprona, éparpillés aux quatre coins du Burundi et du monde, se querellent, s’entredéchirent, divergent sur tout.
Quelques couacs, voire quelques coups de bec au sein d’un parti politique ne sont pas exclus. C’est même le signe d’une certaine vitalité. Du choc des idées jaillit la lumière, dit-on… Mais quelquefois aussi des étincelles, même des explosions. L’Uprona a connu tout cela. C’est dans l’ADN de ce parti. Dieu seul sait combien de tribuns, certains d’ailleurs très brillants, de grandes «gueules », de rhéteurs, de discoureurs et de phraseurs, que l’Uprona a connus.
Des crocs-en-jambe, des peaux de banane, des trahisons, des conspirations, des intrigues, des coalitions, des cabales et des complots, ce parti a vécu tout cela. Et ce n’est pas pour rien qu’il a toujours rappelé à ses militants qu’ils doivent être des ‘’Badasigana’’, « ceux qui marchent au même pas ». Un idéal souvent oublié, trahi au gré des intérêts.
Mais aujourd’hui, le parti a franchi un autre palier. Les ténors du parti se donnent en spectacle, ils ne parviennent même plus à faire semblant pour accorder leurs violons, concilier leurs intérêts inconciliables, faire taire leurs appétits.
Car ce n’est pas une lutte pour l’idéal du Prince Rwagasore… Oui, il ne faut pas perdre de vue que l’ancien parti Etat, qui naguère ne tolérait aucune voix discordante, reste parmi les partis les plus riches. Terrains, immobiliers…
Cela crée des convoitises. En filigrane dans ce conflit, il est question de « vente de propriétés appartenant au parti » notamment. Officiellement, c’est pour ‘’subvenir aux besoins grandissants légitimes’’ de ce dernier. Les mauvaises langues disent que c’est plutôt dans l’intérêt de quelques apparatchiks… Et la lutte est féroce.
On assiste à des scissions, des éjections, le parti se voit pousser des ailes, non pour voler haut, mais pour plonger dans la fange, les schismes.
Libérés, tels des électrons libres, certains Badasigana se cherchent d’autres connexions.
En physique, cet éclatement de l’ordre porte un nom : l’entropie. C’est l’image qu’offre l’Uprona