jui
02
2018

"Urubere", une manne pour les habitants de Mishiha

La commune Mishiha en province Cankuzo est connue pour son climat aride. Pourtant, une plante y prolifère à profusion, le sorgho blanc localement appelé Urubere qui y est fortement cultivée. Depuis 10 ans, la Brarudi a décidé de soutenir cette céréale qui sert à la fabrication de ses deux nouvelles marques, à savoir Nyongera et Viva Malt

C’est notre café à nous. Urubere nous aide à entretenir nos familles. Je le cultive depuis 8 ans et je suis content des résultats, a indiqué M. Claver Hicakibuko  de la colline de Rutsindu avant d’ajouter que s’il peut envoyer ses enfants à l’école et habiller sa femme c’est grâce principalement à la culture d’Urubere. « L’année passée j’ai récolté 300 kg que la Brarudi m’a acheté à 800 FBu le kg. Cela m’a beaucoup aidé », a-t-il renchéri.Hicakibuko est responsable de l’association Tugwize Umwimbu de sa colline qui regroupe 270 cultivateurs. Il remercie la Brarudi pour le soutien qu’elle apporte à la culture de cette céréale. « Auparavant, un bol de sorgho d’1/2 kg n’était vendu qu’à 200 FBu seulement. Néanmoins, si le prix pouvait être porté à 1000 FBu, cela serait bien pour nous.  L’année passée, la récolte n’a pas été bonne. Les cultivateurs n’ont pas pu rembourser l’argent des intrants que la Brarudi avait mis à leur disposition, mais cette année-ci la situation est bonne. On est content », a annoncé M. Hicakibuko.

Les variétés Urubere à l’Est du pays et Gambella dans le région de l’Imbo

Ils sont plus de 10500 ménages dans la commune de Mishiha à pratiquer cette culture. Cette commune produit 70% du sorgho   dont la Brarudi a besoin. Urubere est la variété de sorgho qui s’est bien adaptée à Mishiha. Par contre, dans la région de l’Imbo c’est la variété Gambella qui y est cultivée. Cette dernière a l’avantage d’offrir deux récoltes par an, car son cycle végétatif n’est que de 3 mois alors que celui d’Urubere cultivée à l’Est est de 6 mois, a expliqué M. Moïse Twisabire, agronome du projet « Amasaka » de la Brarudi à Cankuzo.    

Une assistance technique et financière

Dans le but de développer la filière sorgho, la Brarudi assiste depuis quelques années les cultivateurs du sorgho blanc. Cette assistance est technique, mais aussi financière.

Techniquement, l’entreprise met à la disposition des cultivateurs des agronomes qui les encadrent, mais leur octroie aussi des intrants qu’ils remboursent après la récolte.

Financièrement, les cultivateurs   sont regroupés en coopératives. La Brarudi leur facilite l’accès aux petits crédits à travers une institution financière.

Actuellement, il existe 24 coopératives réparties dans 7 provinces qui cultivent le sorgho blanc. La récolte ayant été mauvaise l’année passée, la Brarudi a supporté la perte pour amortir le choc.

Les cultivateurs satisfaits de la collaboration avec la Brarudi

Mme Gloriose Ndayisaba est responsable de la coopérative Dukorere Urubere implantée sur la colline Kibimba de la commune Mishiha. Cette coopérative regroupe plus de 200  cultivateurs de sorgho blanc. Elle est satisfaite de la collaboration étroite avec la Brarudi. La culture d’Urubere est devenue rentable grâce à l’intervention de la Brarudi. Avant, le prix était bas et le marché était étroit. Maintenant avec une bonne récolte, on peut construire une maison, soigner son enfant en cas de survenance de maladie ou acheter un lopin de terre pour agrandir sa propriété.

C’est très bénéfique de travailler en coopérative, car la récolte est facilement écoulée. En fait, la Brarudi nous donne des containers où on stocke l’Urubere. On achemine facilement la récolte vers les points de vente et tout se passe bien, annonce Mme Ndayisaba.

Des recherches pour améliorer la production du sorgho blanc

La Brarudi soutient aussi les recherches entreprises pour améliorer la production du sorgho blanc. Un champ expérimental est implanté sur la colline Mwiruzi de la commune Mishiha. Les recherches effectuées pour purifier les variétés d’Urubere sont dirigées par Pr Gérard Rusuku, enseignant à l’Université du Burundi, dans la faculté d’Agronomie.

Il indique que lui et son équipe ont pu  identifier 4 sous-variétés d’Urubere pour les purifier. Il s’agit des sous-variétés Urusari, Gikore et Kinwacimpfizi. La 4ème n’a pas encore été baptisée. Elle est provisoirement appelée X. Le mélange des variétés n’est pas de nature à favoriser la productivité des champs ; d’où la nécessité de la purification variétale. La deuxième étape qui devrait suivre est la multiplication des semences. Mais cette étape dépasse les moyens de la faculté.

On peut augmenter la productivité d’Urubere

Actuellement, la productivité du sorgho est de 800 kg par hectare. Mais les recherches montrent qu’elle peut monter jusqu’à 2500 kg voire 4000 kg par hectare, fait savoir Pr Rusuku. La diffusion de la technique dans la population devra faire intervenir le ministère ayant l’agriculture dans ses attributions à travers les Directions Provinciales de l’Agriculture et de l’Elevage (DPAE), préconise-t-il. Dès lors  qu’on possède le paquet technique, le reste ne devrait pas être difficile. Néanmoins on devra travailler avec les économistes pour déterminer  la rentabilité des différentes sous-variétés d’Urubere, ajoute-t-il.

Une initiative à encourager

e 2ème Vice-Président de la République, M. Joseph Butore, est venu spécialement de Bujumbura pour voir de ses propres yeux où en est le projet « Amasaka » que le Brarudi a initié depuis quelques années. Il se dit satisfait à plusieurs égards. Lors du Salon Industriel qui s’est tenu il y a une semaine, la Brarudi a insisté sur deux boissons fabriquées à partir d’ingrédients locaux dont le sorgho blanc.  On s’était alors promis de venir voir ce qu’il en est réellement sur terrain. Nous sommes au centre d’un projet tripartite qui fait intervenir à la fois les cultivateurs du sorgho, les industriels et les chercheurs, estime Joseph Butore. Ce projet cadre parfaitement avec la politique prônée par le gouvernement qui consiste à encourager la transformation de nos produits agricoles, ajoute-t-il.

Le projet est intéressant à plusieurs titres

C’est dans le cadre de la valorisation de l’agriculture, un secteur important dans l’économie du pays, qu’il faut comprendre l’intérêt de ce projet. Il est aussi intéressant dans la mesure où il permet d’économiser les devises. La Brarudi utilise beaucoup de devises pour importer ses matières premières.  C’est une économie des devises qui est réalisée quand l’entreprise peut utiliser des produits locaux.  C’est un bon moyen aussi d’encourager la recherche au niveau local, car ce sont des Burundais qui font ces recherches. Il faut que ce genre d’initiative soit encouragé dans d’autres communes et provinces du pays. Ce qui est bon ici à Cankuzo est aussi bon ailleurs. Ce qui est valable pour le sorgho peut l’être aussi pour l’ananas ou tout autre produit agricole, indique M. Butore. L’exemple d’Urubere devrait inspirer d’autres industriels et d’autres agriculteurs des autres localités, a-t-il souligné.

« Le gouvernement est à l’écoute des agriculteurs et des industriels »

Le gouvernement promet qu’il restera aux côtés des industriels et des agriculteurs. Dans cette optique, il a détaxé la boisson Nyongera. Il facilite également l’accès des agriculteurs aux engrais chimiques. L’Etat reste aussi à leur l’écoute pour la réalisation de leurs rêves et de leurs projets et il continuera à encourager d’autres initiatives qui vont dans le sens de valoriser les produits locaux.

Une céréale multi usages

Urubere n’est pas un simple produit industriel servant à la fabrication des produits Brarudi, il peut aussi être cuit et mangé comme du riz. Il peut également être torréfié et dégusté comme les cacahuètes que les enfants adorent. On peut aussi moudre ses graines et fabriquer soit de la pâte qu’on consomme très bien avec des légumes, des haricots, de la viande ou du poisson ; soit de la bouillie à partir de sa farine. Il sert aussi à la fabrication d’une bière artisanale fortement alcoolisée que les habitants de Mishiha consomment volontiers. Urubere est une vraie manne du ciel pour les habitants de Mishiha qui comptent bien tirer le maximum cette culture. Toutes les 12 collines que compte la commune en sont couvertes. Partout, le long des pistes qui serpentent sur les montagnes, dans les vallées, Urebere est roi.

A côté de la variété du sorgho blanc (qui comprend les sous-variétés, kinwacimpfizi, gikore, urusari et X), il existe le sorgho rouge qui est aussi cultivé dans plusieurs coins du pays. Mais ce dernier ne peut pas servir à la fabrication de Nyongera ou  de Viva Malt de la Brarudi car il a un goût légèrement amer.

burundi-eco.com

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