Vers la valorisation de la filière fruit
Le commerce des fruits est devenu florissant surtout dans les centres urbains. La plupart de ces produits sont consommés étant frais. Les rares unités de transformation des fruits en jus ou encore en confiture peinent à absorber toute la production. Par conséquent, les invendus s’accumulent sur le marché et pourrissent avec le temps. La Banque Mondiale offre une opportunité aux entrepreneurs pour développer la filière fruit
Le Projet de Développement Local de l’Emploi (PDLE) est un don de la Banque Mondiale d’un montant de 50 millions USD. Il comprend quatre composantes, à savoir : l’investissement dans les infrastructures locales, le soutien au développement des chaînes de valeurs, la gestion et le suivi du projet et enfin l’intervention en cas d’urgence ou de catastrophe.
La rédaction du journal Burundi Eco revient sur la deuxième composante qui apporte un soutien aux chaines de valeurs. Elle sera financée à hauteur de 13,5 millions USD répartis comme suit : 2,6 millions USD pour le soutien institutionnel et le développement des chaines de valeurs, 8 millions USD pour faciliter le financement catalytique et 2,9 millions USD consacrés à l’amélioration du climat des affaires. L’objectif de la composante est de soutenir la préservation et la création d’activités génératrices de revenus à long terme. Cela à travers la promotion de chaînes de valeur à fort potentiel (avec une emphase sur les secteurs de l’agroalimentaire et de la construction).
Une série d’activités prévues
Les activités spécifiques soutenues par le projet comprendront une assistance technique aux chambres pour le soutien au développement des chaînes de valeurs et pour leur rôle de plaidoyer. En outre, le projet interviendra dans le paiement des frais d’exploitation tels que le financement du matériel et l’élaboration ou la modernisation et la mise en œuvre de leur plan stratégique respectif.
Qui est éligible au fonds catalytique ?
François Xavier Nsabimana, expert en développement des secteurs au sein du PDLE explique le modus operandi du projet pour ce qui est de l’appui au développement des chaînes de valeurs. La subvention sera accordée aux promoteurs des projets qui n’ont pas de moyens. De même, ceux qui ont des moyens ont besoin d’une technicité ou du savoir-faire managérial. Ainsi, le fonds catalytique va appuyer des projets initiés dans la transformation des fruits et des poissons.
Les entrepreneurs éligibles sont ceux qui prestent dans les domaines de l’agrobusiness et de la construction. Pour ce faire toute entreprise, association ou coopérative travaillant légalement (étant formellement enregistrée) est éligible, mais elle doit au moins avoir deux ans d’exploitation (à la date du dépôt de candidature). Cela pour éviter que les fonds tombent dans les mains des opportunistes qui n’ont pas de savoir-faire en matière de transformation des fruits. En principe, le PDLE va jouer le rôle de catalyseur pour les unités de transformation déjà fonctionnelles, estime Nsabimana.
Le financement à coût partagé privilégié
La subvention accordée aux Micro et Petites et Moyennes Entreprises (MPME) est sous forme de coûts partagés. Elle financera leurs projets dans les domaines de l’agrobusiness (filières fruit et pêche) et de la construction (filière pierre et argile). Pour ce qui est du renforcement des capacités, le PDLE finance à hauteur de 90% ce genre de formation. De plus, le récipiendaire est tenu d’élaborer un plan d’affaires qui précise la valeur ajoutée de ces formations par rapport aux activités de l’entreprise. La contrepartie des bénéficiaires les amène à s’impliquer davantage dans la mise en œuvre du projet. « Ils vont gérer en bon père de famille ces fonds et la pérennité du projet en dépend », laisse entendre Nsabimana.
Pour les unités de transformation qui disposent de matières premières mais n’ont pas des d’équipements de transformation, les propriétaires conçoivent des business plans avec un plan détaillé de financement. En cas de difficultés éventuelles, le PDLE a déjà recruté une équipe d’experts en développement des chaines de valeurs pour plus d’efficacité. La demande individuelle oblige le bénéficiaire à payer 50% du montant dû. Par contre, pour les entreprises groupées, les associations ou les coopératives qui décident de partager les infrastructures, le PDLE va financer à hauteur de 80% le budget nécessaire. Cela dans le but d’amener les investisseurs à travailler en synergie pour leur relèvement et leur croissance, a indiqué M. Nsabimana. Les demandes individuelles ne peuvent pas dépasser un montant de 150 000 USD alors que les entreprises couplées peuvent bénéficier jusqu’à 1,5 million USD.
L’exportation des produits n’est pas exclue
La chambre sectorielle d’agribusiness est prêt à sensibiliser, informer et mobiliser ses membres et les non membres impliqués dans les deux filières, indique M. Adelin Ntungumburanye, secrétaire exécutif de la chambre sectorielle d’agribusiness à la Chambre Fédérale de Commerce et d’Industrie du Burundi (CFCIB). Il invite tous les opérateurs économiques intéressés par les filières fruit et pêche à saisir cette opportunité.
Sur le volet de la certification des produits, le projet va aussi appuyer le Bureau Burundais de Normalisation et de contrôle de la qualité (BBN). Les problèmes liés au manque de matériels de laboratoire persistent chez BBN. Les entrepreneurs qui envisagent l’exportation des fruits et/ou des produits halieutiques peuvent faire des requêtes couplées. Le projet pourrait intervenir dans l’achat et l’installation d’un terminal à froid par lequel va transiter ces produits, rassure M. Ntungumburanye « Un accent particulier sera mis sur la qualité des produits pour conquérir le marché international », dit-il.
Quels sont les résultats attendus ?
Le secrétaire exécutif de la chambre sectorielle d’agribusiness à la CFICIB ne cache pas son optimisme quant aux résultats du projet. Au cours du développement du projet, les résultats seront palpables. De nouvelles infrastructures seront construites et équipées, se réjouit-il. Ce qui fait qu’à la fin du projet le volume de la production sera conséquent grâce à la multiplication des unités de transformation. D’emblée, la réorganisation de la filière fruit inspirera les autres acteurs qui prestent dans les autres secteurs notamment le secteur horticole, conclut M. Ntungumburanye.
En somme, plus de 350 dossiers de candidature sont attendus, avec un montant moyen de 19 000 USD par demande. Le montant va de 3 000 USD pour l’assistance technique à 150 000 USD pour les infrastructures partagées.
Benjamin Kuriyo.
burundi-eco.com