juin
02
2021

Vers un budget de consommation ?

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Domitien Ndihokubwayo : « Au cours de deux derniers exercices budgétaires, le gouvernement s’est retrouvé avec des arriérés de paiement sur la carte d’assistance médicale estimés à 21 milliards de BIF. »

L’Assemblée nationale a adopté, vendredi 14 mai, le projet de loi portant fixation du budget général de l’Etat pour l’exercice 2021-2022. Le ministre des Finances explique la provenance des recettes.

Le ministre des Finances a indiqué que les recettes du budget général de l’Etat pour l’exercice 2021-2022 sont passées de 1422.82 à 1563.3 milliards de BIF, soit une augmentation de 9.87%. Les dépenses du budget général de l’Etat passent de 1576 .03 milliards de BIF à 1715.1 milliards, soit une augmentation de 8.8%.

Le déficit global du budget général de l’Etat pour l’exercice 2021-2022 s’élève à 151.8 contre 153 .2 milliards de BIF en 2020-2021, soit une diminution de 1.4 milliards de BIF (0.91 %). Avec ces prévisions, précise le ministre Ndihokubwayo, le gouvernement compte porter le taux de croissance économique annuel à 3,6% au cours de l’année budgétaire 2021-2022.

Des innovations

Domitien Ndihokubwayo : « Au cours de deux derniers exercices budgétaires, le gouvernement s’est retrouvé avec des arriérés de paiement sur la carte d’assistance médicale estimés à 21 milliards de BIF. »

Le projet de loi présenté par Domitien Ndihokubwayo, ministre des Finances, suscite de l’espoir pour les usagers des routes qui se trouvent actuellement, pour la plupart, dans un état délabré. Ledit budget prévoit un fonds d’entretien des routes à hauteur de 28 milliards de BIF. L’objectif du gouvernement burundais est: « zéro nids de poule ».

Pour atteindre cet objectif, précise le ministre des Finances, le budget 2021-2022 propose un mécanisme de financement pour alimenter ce fonds par des redevances préalablement affectées au financement des dépenses d’entretien des routes estimées à 8.2 milliards de BIF par an.

Par ailleurs, ce budget propose aussi une institutionnalisation d’une taxation de la téléphonie mobile via les mégabits. Ainsi, à partir d’une capacité supérieure à un GB, souligne M. Ndihokubwayo, le projet de loi prévoit une imposition de 18 % du coût d’achat et une redevance annuelle routière forfaitaire.

En outre, poursuit M. Ndihokubwayo, le budget prévoit la hausse du prix de la carte d’assistance médicale. Le coût d’acquisition de cette dernière va passer de 3 mille BIF à 25 mille BIF pour les gens au revenu moyen et de 100 mille BIF pour les citoyens à revenu élevé. Les recettes issues de la carte d’assistance médicale reviendront à la fiscalité de l’Etat gérée par l’Office Burundais des Recettes.

M. Ndihokubwayo fait savoir que la ligne budgétaire de l’exonération prévue pour l’exercice 2020-2021 est passée de 18 milliards BIF à plus de 168 milliards pour l’exercice 2021-2022.

De surcroît, souligne le ministre des Finances, aucune société ne sera exonérée de l’impôt sur les revenus et de la taxe sur la valeur ajoutée sur les ventes. Et ceci pour des objectifs d’égalité de traitement des titulaires des marchés publics et d’éviter la concurrence déloyale.

Un autre changement majeur est qu’aucun marché public attribué et exécuté par les entreprises, fournisseurs et prestataires nationaux  ne peut être libellé en devises. Cela va éviter la fuite des devises vers l’extérieur.


Des élus du peuple s’inquiètent

Certains élus du peuple ont exprimé des doutes quant à la réalisation de ces prévisions. Mêmes inquiétudes du côté de l’Olucome qui propose un budget porteur de croissance et non un budget de consommation. Le ministre des Finances, quant à lui, se veut rassurant.

Prenant la parole, le député Bernard Ndayisenga fustige la hausse du prix de la carte d’assistance médicale : «Même avec l’ancien prix fixé à 3000 BIF, certaines personnes n’étaient pas à mesure de s’en procurer. »

Cet élu du peuple estime que le gouvernement ne devrait pas hausser le prix de la carte d’assistance médicale. Il propose que cette dernière soit financée par les recettes collectées dans d’autres secteurs.

Come Manirakiza, député du parti au pouvoir, abonde dans le même sens : « Le gouvernement devrait subdiviser la population en trois catégories pour fixer le prix de la carte d’assistance médicale. Celle à faible revenu, moyen et revenu élevé. » Et de proposer 3000 BIF, le prix de la carte d’assistance médicale pour les gens à faible revenu.

Les élus du peuple sont revenus aussi sur la problématique de l’exonération. Selon eux, ce sont les plus nantis qui en bénéficient.

Face à ces inquiétudes des députés, le ministre des Finances tranquillise. Selon lui, pour prendre en charge les soins de santé de la population, l’Etat a dû trouver un mécanisme de financement efficace et durable. Et d’expliquer : « Au cours des deux derniers exercices budgétaires, le gouvernement s’est retrouvé avec des arriérés de paiement sur la carte d’assistance médicale estimés à 21 milliards de BIF. »

Par ailleurs, M. Ndihokubwayo dément les propos des députés en rapport avec les exonérations. Il fait savoir qu’à la longue, l’Etat tire des impôts et taxes dans ces exonérations. Il ajoute que les investisseurs accordent des emplois aux chômeurs via ces exonérations.

Des prévisions qui ne rassurent pas l’Olucome

Pour Gabriel Rufyiri, le Burundi devrait voter un budget d’austérité orienté vers les secteurs porteurs de croissance.

Gabriel Rufyiri, président de l’Observatoire de lutte contre la corruption et la malversation des biens économiques (Olucome), estime que le Burundi devrait voter un budget d’austérité orienté vers les secteurs porteurs de croissance économique.

« Le budget voté est toujours orienté à la consommation au détriment des secteurs porteurs de croissance notamment l’énergie, les mines, l’agriculture et d’autres secteurs de production. »

Les ressources internes projetées du budget général de l’Etat, démontre M.Rufyiri, s’équivalent à 1229.367 milliards de BIF alors que les dépenses courantes du budget général de l’Etat exercice 2021-2022 sont de 1038.425 milliards de BIF, soit un budget d’investissement de 190 .942 milliards. »

Le président de l’Olucome s’étonne, par ailleurs, que le rapport de la Cour des Comptes a sorti un montant des dépenses d’investissement de 676 690 378 milliards BIF qui diffère de celui voté par le gouvernement. «  Il est clair que les discours prononcés par les autorités en matière d’investissements sont loin d’être mis en œuvre».

Comme les élus du peuple, M. Rufyiri, dénonce la hausse du prix de la carte d’assistance médicale et la taxe sur la téléphonie mobile. Et d’enchaîner : « Le gouvernement devrait se pencher sur la gestion des exonérations estimées à plus 168 milliards de BIF pour l’exercice 20120-2021 alors qu’elles ne peuvent en aucun cas dépassées 18 milliards de BIF. Soit une augmentation de 528.4%. »  Et de s’indigner que toutes ces nouvelles taxes fiscales et non fiscales  constituent un grand fardeau qui pèse sur les épaules des contribuables.

https://www.iwacu-burundi.org/vers-un-budget-de-consommation/

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