fév
05
2020

Violences faites aux enfants : plus de 50 cas en un mois !

Torturés, tués, violés, enlevés, abandonnés…Les enfants sont victimes de toutes formes de violences chaque semaine. Une psychologue explique ce comportement « inhumain ».

1,140 cas de violation des droits de l’enfant ont été répertoriés par la Fédération nationale des associations engagées dans le domaine de l’enfance (Fenadeb) en 2019.

Depuis le début de cette année 2020, cette fédération a déjà documenté 52 victimes de violence contre les enfants, la plupart âgés de moins de 13 ans, partout dans le pays. Ce sont des cas de meurtre, infanticide, viol, maltraitance grave, trafic, rafles des enfants de la rue, enlèvement, abandon, etc.

Les derniers cas remontent à la semaine dernière, entre le 15-19 janvier. Un enfant de 12 ans poignardé et tué par son voisin, dans la province Ngozi. Un autre de 3 ans brûlé aux testicules par son père, à Muyinga. Un autre de 6 ans a failli être amputé de ses testicules par son père, à Rutana.

La Fenadeb se dit très préoccupé par ces actes « ignobles » dont les enfants sont victimes. Le coordonnateur de la fédération, Isidore Nteturuye, demande à l’administration locale d’être très sévère envers les auteurs de ces violences.

Il relève un grand défi : certaines autorités locales protègent les criminels pour cause de corruption ou degré de parenté. D’après lui, certains officiers de police judiciaire (OPJ) au niveau communal, corrompus, reçoivent les plaintes mais libèrent, par la suite, les auteurs. Il parle de quatre OPJ déjà connus dans les provinces Karusi et Gitega. « S’ils ne changent pas, nous allons les dénoncer».

Les crises, les mauvaises conditions de vie… à l’origine

Selon la psychologue Annick Nikokeza, coordinatrice de la plateforme des intervenants en psychosocial et en santé mentale (PPSM), certains parents sont atteints de traumatisme dû aux circonstances dans lesquelles ils ont grandi. « Du coup, ils n’ont pas d’empathie, de pitié envers leurs enfants».

Ces parents ont, en outre, évolué dans un contexte de crise sociopolitique. « Certains se sont déplacés, ont vécu dans les camps de réfugiés. Même ceux qui n’ont pas été victimes directement ont assisté à des scènes de violence».

Cette psychologue évoque un autre facteur. Dans la société burundaise, la tolérance diminue au fil du temps. Les gens ont tendance, poursuit-elle, à beaucoup plus recourir à la violence même face à de petits problèmes. « Les parents sont convaincus que la meilleure punition est de battre l’enfant plutôt que de communiquer avec lui pour mieux comprendre pourquoi il fait ceci ou cela ».

De surcroît, explique la coordinatrice de la PPSM, beaucoup de ménages, surtout ruraux, vivent dans la pauvreté. Ils sont malheureux et instables. Et les enfants deviennent victimes de cette misère. Les enfants sont comme un fardeau. Et les parents se défoulent sur eux.

Comme conséquence, ces enfants victimes peuvent développer une blessure psychologique grave qui conduit au suicide, assure Mme Nikokeza. Ils peuvent s’adonner à la délinquance, notamment la drogue pour oublier cette mauvaise passe.

Ces violences se répercutent aussi sur leurs études. « L’enfant perd la concentration au point d’abandonner l’école. »

 

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