déc
16
2021

Mugombwa (Gisagara): Manque criant d’eau potable

Quatre sur cinq cellules du secteur de Mugombwa, district de Gisagara dans la province du Sud du Rwanda accusent un manque criant d’eau potable. La plupart des gens de ces localités doivent faire un long trajet pour arriver à un robinet public le plus proche.

“Moi je dois faire plus de 2km pour pouvoir arriver au robinet public de ce centre. Si je n'ai pas du temps pour aller puiser de l’eau, je dois payer une somme de 200 Frw (environ 2 USD) à quelqu’un pour faire ce long trajet. Et cette somme pour un paysan comme moi, c’est énorme, pour une denrée qui devrait être disponibilisée par l’administration, mais aussi et surtout que je dois subvenir à d’autres besoins” témoigne Alexis Hategekimana, un habitant de la cellule et secteur Mugombwa.

Si le robinet public est lui aussi sec, ce qui est fréquent, Alexis ajoute qu’il dois faire jusque même à 5km, un trajet d’au moins 30min pour atteindre une fontaine dans vallée. 

“Tu peux y passer plus d’une heure pour puiser un bidon de 20litres, ça dépend des gens que l’on retrouve sur la ligne. Je demande au président de la république de faire le tout possible pour se souvenir de nous et nous donner de l’eau potable ici chez nous”, laisse-t-il entendre, craignant que les maladies des mains sales ne fassent des dégâts humains si rien n’est fait dans les meilleurs délais. 

Pacifique M., une élève de l’école secondaire de la place, fait mention des conséquences néfastes qui découlent de ce manque d’eau potable.

“Des fois j’arrive à l’école en retard parce que le matin je dois d’abord aller puiser de l’eau dans la vallée à une distance de plus 3km. Il arrive même que je rate des cours de la première heure. Pire encore, je connais des élèves qui viennent à l’école sans avoir fait douche par manque d’eau chez eux”, raconte cette jeune fille.

Les cellules les plus touchées sont essentiellement Bishya, Akarambo, Migina et une partie de Impinga.

Le secteur de Mugombwa abrite aussi un camp de plus de 11.000 réfugiés congolais. Ce camp de Mugombwa est quant à lui suffisamment approvisionné en eau potable comme le témoignent les occupants dudit camp.

Pourtant, la population environnante se désole. 

“L’on se demande pourquoi les raccordements peuvent parvenir au camp en passant dans nos villages et champs sans pour autant laisser au moins deux robinets publics dans chaque village. Des ONGs qui prennent en charge les réfugiés devraient aussi faire un plaidoyer pour nous, communauté d’accueil”, a souligné un habitant trouvé sur le centre de Bishya, non loin du camp de réfugiés de Mugombwa.

Cependant, ceux qui vivent tout au tour du camp ne sentent pas les conséquences du manque d’eau.

“Nous, du village Impinga, nous pouvons entrer facilement à l’intérieur du camp pour puiser de l’eau dans des robinets installés dans le périmètre du camp car nous entretenons en tout cas de bonnes relations”, a indiqué Bahigirora Tharcissia, une femme d’une quarantaine d’année, trouvée non loin des bureaux du secteur de Mugombwa, qui se rendait au centre de négoce de la place pour s’apprivoiser en vivres à fin de préparer son diner comme elle l’a précisé. 

L’administration locale fait le même constat amer.

“Je peux affirmer sans hésiter qu’au moins trois cellules sur cinq que composent notre secteur éprouvent un manque criant d’eau potable. Les habitats peuvent faire un trajet de plus de 5km pour arriver à une fontaine, généralement installée dans des vallées”, regrette Damien Sibomana, le secrétaire exécutif du secteur de Mugombwa.  

Cet administratif à la base fait savoir qu’il a déjà fait plusieurs plaidoyers pour que la question soit résolue, en vain.

“Il y a un projet qui est en cours de préparation conjointement avec le district de Gisagara et l’ONG International World Vision qui alimente le camp de réfugiés en eau potable. Des robinets publics non fonctionnels seront en tout cas réparés et nous osons espérer que les raccordements parviendrons aussi aux villages non approvisionnées en eau”, renchérit Damien Sibomana qui tranquillise que “d’ici la fin de l’année prochaine (2022), la problématique du manque d’eau aura trouvé une solution durable”.

Mugombwa, un des 13 secteurs du district de Gisagara, compte au total une population de plus de 27.000 habitants dont plus d’un tiers accuse un manque criant d’eau potable.

D’après les chiffres du ministère de l’infrastructure, au moins 89.2% de la population rwandaise sont servis en eau potable. 

La politique nationale du Rwanda en matière des services de base prévoit qu’en 2024, chaque citoyen aura de l’eau potable à moins de 500m de chez lui dans les villages de l’intérieur du pays et à moins de 200m dans les centres urbains. 

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