aoû
28
2017

Bujumbura mairie : les commerçants ambulants en détresse

Les autorités municipales ont interdit le commerce ambulant au centre-ville de Bujumbura, depuis juillet dernier. Les concernés dénoncent une décision injuste.

La mairie nous empêche de travailler alors que nous avons des documents qui nous autorisent à exercer librement notre métier dans la capitale», se plaint N.K., commerçant ambulant au centre-ville.

La loi burundaise autorise le commerce ambulant sur tout le territoire national. «Chose curieuse, ceci n’est pas le cas en mairie de Bujumbura. Les policiers empêchent systématiquement les commerçants ambulants d’accéder au centre-ville.»

Un autre commerçant ambulant accuse les autorités municipales de s’en prendre aux petits marchands : «La mairie nous demande de nous organiser alors que nous avons une association de commerçants ambulants.» Aujourd’hui, il se plaint que la police rende les commerçants ambulants responsables de l’insécurité qui prévalait il y a quelques mois. Il signale qu’auparavant la police leur exigeait les documents les autorisant à exercer comme des commerçants ambulants.

S. H., un autre commerçant ambulant, reproche à certains policiers de les arrêter même dans les quartiers périphériques. «J’ai été arrêté à Buyenzi et j’ai passé 4 jours en prison.» Pour être relâché, les policiers lui ont exigé une somme de dix mille Fbu. «Ce qui me fait mal, c’est que je n’ai pas pu récupérer mes marchandises, mon unique gagne-pain.»

Pour avoir l’extrait du registre de commerce ambulant, il indique avoir dépensé 40 mille Fbu. Et de préciser qu’il a dû renoncer à son métier par peur d’être arrêté encore une fois.

«Les autorités municipales ne veulent plus les commerçants ambulants. Ils ont interdit les administrateurs communaux à octroyer des extraits du registre de commerce.» Il révèle que sur chaque extrait délivré, la commune perçoit cinq mille Fbu pour un document gratuit. Notre source estime le nombre de commerçants ambulants à 800 personnes.

«Le port du gilet et des badges ne suffit pas»

Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère de la Sécurité publique, conteste les accusations de ces commerçants ambulants. «La police n’a pas interdit le commerce ambulant en mairie de Bujumbura.»

Selon lui, elle a tout simplement restreint leur espace. «Désormais, les commerçants ambulants n’ont pas accès au centre-ville.» Pour des raisons de sécurité, la police ne veut pas qu’ils encombrent le centre-ville.

Ceci pourrait gêner les autres activités et pourrait être également à l’origine de l’insécurité. «Le port de badges et de gilet ne suffit pas.» Du reste, il avoue que les commerçants ont le droit d’exercer leur métier partout en dehors du périmètre interdit.

De son côté, Freddy Mbonimpa, maire de la ville de Bujumbura, reconnaît que c’est pour des raisons de sécurité que le commerce ambulant a été suspendu. «Cette décision a été prise suite aux recommandations du conseil national de sécurité (CNS).» Ce dernier a suggéré à la mairie et au ministère du Commerce de gérer cette activité au sein des comités mixtes de sécurité. Cette suspension est de trois mois.

Aimable Nkezumwami, assistant du ministre du Commerce, n’est pas du même avis que le maire : «Le CNS n’a jamais informé le ministère du Commerce de cette suspension.»

Le CNS avait recommandé seulement à ce ministère de trouver un endroit adéquat pour les vendeuses de fruits et de légumes qui écoulaient leurs produits aux alentours de l’ancien marché central de Bujumbura.

iwacu-burundi.org

 

 

Langues: 
Genre journalistique: 
Thématiques: 

Partager