sep
13
2019

Burundi: la Commission d'enquête de l'ONU alerte sur les violations graves des droits de l'homme

A moins d’un an des élections présidentielle, parlementaires et locales en 2020, la Commission d’enquête des Nations Unies sur le Burundi a conclu, dans son dernier rapport, à l’existence d’un climat de peur et d'intimidation de toutes les personnes qui ne démontrent pas leur soutien envers le parti au pouvoir, le CNDD-FDD.

 

Ce jeudi, les trois commissaires qui font l’enquête ont animé une video-conférence de presse depuis leur siège à Genève, suivie par des journalistes burundais au bureau du PNUB à kigali, au Rwanda. 

 

“Depuis mai 2018 de graves violations des droits de l’homme – dont certaines constituent des crimes contre l’humanité – continuent, en particulier des violations du droit à la vie, des arrestations et des détentions arbitraires, des cas de tortures et autres mauvais traitements, des violences sexuelles et des violations des droits économiques et sociaux, le tout dans un climat général d’impunité”, a tenu à souligner le président de cette Commission, Mr Doudou Diène. 

 

Collaboration entre la commission et la CPI...

 

Ces commissaires ont entre autre indiqué que cette commission a déjà eu une liste de présumés auteurs de violation graves de droit de l’homme au Burundi.

 

“La liste, nous l’avons déjà mais nous la tenons encore secrète. Si jamais il y a une cour nationale ou internationale qui veut mener des procès sur ces cas, nous allons partager avec elle cette liste” a indiqué Mme Françoise Hampson, un de ces trois commissaires.

 

Cette liste sera mise à la disposition de la CPI.

 

“Notre coopération avec la CPI est bonne et la liste sera partagée avec cette cour qui mène aussi ses enquêtes pour en faire bon usage”, a-t-elle ajouté.

 

Leur dernier rapport décrit comment des jeunes affiliés au parti au pouvoir “Imbonerakure” ont commis des meurtres, des disparitions, des arrestations et détentions arbitraires, des actes de torture et des mauvais traitements, ainsi que des viols contre des membres de l'opposition politique, réels ou présumés. La Commission constate que ce niveau de violence alarmant est alimenté par l'impunité généralisée qui prévaut au Burundi.

 

La Commission est actuellement le seul mécanisme international indépendant qui enquête sur les violations et les atteintes aux droits de l'homme commises au Burundi, ont-ils dit.

 

Compte tenu de la période électorale à venir, politiquement sensible, la Commission affirme avoir constaté huit facteurs de risque communs pour les atrocités criminelles sont commises au Burundi.

 

“Ces signes avant-coureurs sont suffisamment éloquents, notre analyse doit être soigneusement prise en compte pour que les engagements réitérés en matière de prévention aient une quelconque signification”, a déclaré le Président de la Commission.

 

Les membres de la Commission ont mis un accent particulier sur l’urgence de mettre en œuvre des mesures en vue de prévenir la détérioration de la situation des droits de l’homme dans le contexte des élections de 2020. La Commission souligne que la situation au Burundi doit être suivie avec la plus grande vigilance par la communauté internationale.

 

Les conclusions de la Commission sont basées sur plus de 1200 témoignages de victimes, de témoins, d’auteurs présumés de violations des droits de l'homme et d’autres sources recueillis au cours de trois années d’enquête.

 

Cette commission crée en septembre 2016 a déjà produit trois rapports. Son mandat a déjà été renouvelé par le conseil de l’ONU deux fois. Pour le moment, ces commissaires ont réitéré que leur mandat soit prolongé de plus pour qu’ils continuent le travail d’alerter sur la situation des droits de l’homme au Burundi.

 

Rapports biaisés selon Gitega...

 

Le gouvernement du Burundi rejette toujours les rapports de cette commission. Il a même refusé des visas aux trois commissaires. 

 

Selon Willy Nyamitwe, conseiller en communication à présidence burundaise,  “la fameuse commission dirigée par Doudou Diène publie des rapport politiquement motivés, commandités par l’Union Européenne contre le Burundi”. Il assure que “le Burundi n’est plus intéressé de répondre aux mensonges et à la manipulation d’opinion de la part de certains Occidentaux qui ne visent que la déstabilisation du Burundi”.

 

D'autres officiels sont montés au créneau. L'ambassadeur du Burundi à New York parle du “complot de 2015 contre les institutions élues n'est ni mort, ni enterré”, souligne-t-il.