Burundi: l'UE demande l'ouverture de consultations dans le cadre de l'article 96 de l'accord de Cotonou
Aujourd'hui au Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères du Conseil européen, l'institution de l'UE qui définit les orientations et les priorités politiques générales de l'Union Européenne, ont approuvé un projet de lettre préparé par la Commission européenne "invitant le Burundi à des consultations conformément à la procédure prévue par l'article 96 de l'accord de partenariat UE-ACP en cas de non respect des éléments essentiels de l'accord que sont les droits de l'homme, les principes démocratiques et l'Etat de droit. L'objectif des consultations est de rechercher une solution acceptable pour les parties, à travers l'identification des mesures à prendre afin de remédier au non-respect de l'accord", souligne le communiqué diffusé par le services de presse du Conseil européen.
La Haute Représentante de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, l'italienne Federica Mogherini a jugé que "la situation au Burundi reste très préoccupante. Nos consultations doivent aussi contribuer aux efforts de l'Union Africaine et de la région à lancer un dialogue inter-burundais pour trouver une issue consensuelle à la crise que traverse le pays. C'est la seule voie pour préserver la paix et consolider la démocratie et l'état de droit au Burundi. A Addis il y a quelques jours, j'ai convenu avec Madame Zuma, Présidente de la Commission de l'Union Africaine, de travailler étroitement ensemble pour atteindre cet objectif".
Pour sa part, le Commissaire pour la coopération internationale et le développement, Neven Mimica, a ajouté que "l'UE est - et restera - fermement engagée auprès de la population burundaise dans cette crise qui a fait déjà plus de 120 morts et des milliers de blessés, et a forcé plus de 190.000 personnes à se réfugier dans les pays voisins. Notre solidarité avec le peuple burundais, davantage fragilisé par la crise, reste entière."
C'est là tout l'enjeu des relations actuelles entre l'UE et le Burundi. Pour Bruxelles, il s'agit d'un coté de maintenir une pression maximale sur le régime burundais afin qu'il relance au plus vite un dialogue national et inclusif, et de l'autre de s'assurer que les sanctions politiques et les "menaces" financières ne touchent pas directement la population burundaise, dont le niveau de vie s'est largement dégradé au cours de cette année électorale.
"L'ouverture de consultations dans le cadre de l'accord de Cotonou fait partie de l'action de l'UE en soutien des efforts de la communauté internationale, en particulier ceux de la Communauté de l'Afrique de l'Est et de l'Union Africaine, afin d'atteindre une solution politique durable à travers un dialogue inter-burundais inclusif, auquel toutes les parties engagées à soutenir un processus politique, se trouvant à l'intérieur et à l'extérieur du pays, devraient pouvoir participer", souligne le Conseil européen. "Il est essentiel que ce dialogue, basé sur les principes de l'Accord de Paix de Arusha ait lieu dans les plus bref délais, à Kampala ou à Addis Ababa."
"La situation au Burundi s'est dégradée au cours de la période précédant les élections législatives et présidentielles de juin et juillet. L'UE avait intensifié avant les élections le dialogue politique avec le Burundi mené conformément à l'article 8 de l'accord de Cotonou, avec pour objectif de contribuer à créer un consensus politique sur le processus électoral et à la mise en place de conditions crédibles et transparentes.
L'UE a appelé toutes les parties à s'abstenir de tout acte de violence et à les condamner à plusieurs reprises. Le 1er Octobre, le Conseil de l'UE a adopté des restrictions en matière de déplacements et un gel des avoirs à l'égard de quatre personnes dont les actions compromettent la démocratie ou font obstacle à la recherche d'une solution politique à la crise actuelle au Burundi. Malgré cela, le manque de progrès dans la recherche d'une solution politique à la crise a mené à une escalade de la violence.
L'article 96 de l'accord de Cotonou prévoit que les consultations soient entamées dans les 30 jours qui suivent l'invitation. Il est proposé que ces consultations se tiennent à Bruxelles, à une date à convenir avec les autorités burundaises."