Centrafrique : Trois chefs rebelles nommés « conseillers militaires »
Trois importants chefs rebelles de Centrafrique ont été nommés « conseillers spéciaux militaires » à la primature, selon un décret présidentiel rendu pubic lundi.
Ces nouveaux conseillers sont Ali Darassa, chef de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), Mahamat Alkatim, chef du Mouvement patriotique pour la Centrafrique (MPC) et Bi Sidi Souleymane (alias Sidiki), chef du groupe armé 3R ( (Retour, réclamation, réconciliation).
Ils seront chargés auprès du Premier ministre Firmin Ngrebada de la mise en place des unités spéciales mixtes prévues par le dernier accord de paix de Khartoum, signé le 6 février à Bangui.
Ces unités seront composées de membres des Forces armées centrafricaines (Faca) et des groupes armés qui contrôlent 80% du territoire de Centrafrique, afin d’en assurer la sécurité.
D’autres responsables rebelles ont également été nommés conseillers spéciaux à la primature, dont Adama Chaïbou du MPC, chargé des relations avec le monde arabe. Le décret précise que « les conseillers spéciaux ont rang et prérogatives de ministres délégués ».
Gaetan Kongo, « citoyen engagé pour la renaissance durable et la modernisation de la Centrafrique », a jugé sur son compte Twitter qu’en nommant notamment Ali Darassa, le président Faustin Archange Touadéra « vient de franchir la ligne rouge. La justice tant attendue par le peuple ne sera jamais rendue ».
Vendredi dernier, le président Touadéra avait désigné un nouveau gouvernement accordant davantage de portefeuilles aux groupes armés signataires de l’accord de Khartoum, sans toutefois leur confier de ministère régalien.
L’annonce au début du mois d’un nouveau gouvernement après la signature de l’accord de Khartoum, avait soulevé une vague de protestations de la part des groupes armés qui réclamaient davantage de ministères pour leurs représentants.
L’Union africaine (UA) avait alors convoqué à Addis Abeba une réunion de suivi entre les autorités et les quatorze groupes armés signataires de l’accord, pour tenter de le sauver. Au terme de cette réunion, les signataires de l’accord de paix s’étaient entendus sur un nouveau gouvernement inclusif.
L’accord de Khartoum, signé le 6 février, soutenu par tous les partenaires de Bangui et préparé depuis 2017 par l’UA est le huitième signé depuis le début de la crise marquée par le renversement en mars 2013 du président François Bozizé.
Aucun des précédents accords n’a abouti à un retour de la stabilité, pas plus que la présence de la Minusca (Mission des Nations unies pour la stabilisation de la Centrafrique) déployée en 2014 et forte de 11 000 Casques bleus.
Riche en ressources naturelles, la Centrafrique est déchirée par la guerre depuis 2013. Près d’un quart de ses 4,5 millions d’habitants ont dû fuir leur domicile.
La semaine dernière, 14 organisations de la société civile burundaise ont saisi l’Union Africaine pour prendre les reines du dialogue inter-burundais. Elles prennent l’accord de paix centrafricain comme exemple de la réussite d’un dialogue inclusif ef fructueux et demandent à l’UA d’en faire de même pour le Burundi.
Ces organisations estiment que la communauté Est-Africaine ont échoué pour mener à bon port ce processus de resolution de la crise burundaise qui a éclaté en 2015.