Coup de main à plus de 50 millions de femmes d’affaires en Afrique
Trois communautés à savoir l’Afrique de l’Est (EAC), la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le Marché Commun de l'Afrique Orientale et Australe (COMESA) ont lancé, mardi 26 novembre à Kigali au Rwanda, un projet destiné à plus de 50 millions de femmes entrepreneuses de ces blocs. C’était lors du Sommet Mondial sur le Genre (Global Gender Summit 2019).
Il s’agit d’une plate-forme numérique disponible sur le Web et sur des appareils mobiles sous la forme d'une application. Elle a pour objectif de connecter 50 millions de femmes dans 38 pays africains, de créer et développer leurs entreprises en leur fournissant un guichet unique pour leurs besoins spécifiques en informations.
Lors du lancement de ce projet, le secrétaire adjoint de l’EAC chargé des questions sociales et de productivité, Christophe Bazivamo indiqué ce projet vient résoudre le probablement de financement que rencontrent 80% de femmes d’affaires.
“ L'Afrique subsaharienne héberge près de13 millions de petites et moyennes entreprises formelles et informelles avec une ou plusieurs femmes propriétaires, mais seules 16 à 20% des femmes entrepreneurs ont accès à un financement à long terme auprès d'institutions financières officielles pour développer leurs activités”.
Raison pour laquelle, ajoute-t-il, “avec ce projet, il sera plus facile aux femmes d’affaires d’avoir des crédits bancaires, une fois qu’elles sont en associations”.
La plate-forme dénommée “50 Million African Women Speak” vise aussi à faciliter un échange d'idées dynamique et engageant entre les femmes entrepreneurs, selon madame Générose Minani, chef du département de l’Egalité de Genre à l’EAC.
“Les femmes de Makamba ou Cankuzo au Burundi, de Rwamagama au Rwanda, de Kisumu en Ouganda ou de Meru au Kenya se verront connectées via cette plateforme. Elles vont échanger des informations sur le marché d’écoulement de leurs produits, sur le cours de changes, sur les moyens d’accès au crédit ou encore sur des opportunités d’affaires” a-t-elle souligné.
Le projet “50MAWS” est soutenu financièrement par la Banque Africaine de Développement.
“Nous sommes contents de participer au développement de la femme en Afrique. Nous savons que le gap est toujours profond dès lors que les projets des femmes nécessitent plus de 3 milliards de USD. Mais je ne pense pas que nous ayons besoin de tout mettre en place pour rêver grand en Afrique. Ces petits pas ont une part importante sur ce terrain” a déclaré Madame Vanessa Moungar, directrice du département Genre, femmes et société civile à la Banque africaine de développement.
Pour atteindre, tout ce monde féminin, le projet compte passer par des femmes leaders en business qui embarqueront d’autres dans leurs communautés locales. Elles bénéficieront des formations de renforcement des capacités sur l’accès aux capitaux, la gestion d'une entreprise, l'accès aux marchés et les règles de jeux d’un commerce transfrontalier.
Défis et obstacles
Le premier défis est lié au fonctionnement de la plateforme, au groupe cible et à la langue. Elle est basée sur la technologie alors que de nombreuses femmes africaines n’ont pas accès aux smartphones.
“Elles n’ont pas besoins d’avoir toutes ces téléphones mobiles. Et même les femmes qui sont au fin fond du pays pourront utiliser des téléphones simples. Seulement nous encourageons ces femmes qui font du business dans les pays que couvrent 50MAWS de se mettre ensemble dans des association pour bénéficier aussi des crédits sans intérêt” ont rappelé les concepteurs de cette plateforme.
Le second obstacle, est que entre certains pays de l’EAC, il se remarque des tensions diplomatiques qui affectent le business. On peut citer à titre d’exemple le Burundi et le Rwanda d’un coté et le Rwanda et l’Ouganda de l’autre.
“Nous osons espérer que ces tensions diplomatiques vont se résoudre prochainement pour ne pas affecter ce projet. Et puis, le projet vise aussi à réduire le mouvement des femmes. Elles n’auront pas besoin de se déplacer. Pourquoi pas faire des commandes des marchandises via la plateforme et les recevoir en toute sécurité car la plateforme sera comme une famille qui fait rencontrer des businesswomen de différents pays” a rassuré madame Génerose Minani.
La nouvelle plate-forme continentale des femmes a été initié en 2018 et va durer trois ans dans un premier temps. Cependant, ses concepteurs sont optimistes qu’elle sera pérennisée.
Elle utilise initialement trois langues: l’anglais, le français et l’arabe mais les outils de travail comme des brochures seront traduites en langues locales.