fév
08
2019

Dialogue Inter-Burundais: Le facilitateur Benjamin Mkapa non satisfait par ses résultats

Le facilitateur dans la crise burundaise, Benjamin Mkapa a rendu public son rapport de trois ans de tentatives de resolution de la crise.

 

Selon cet ancien président Tanzanien, la situation politique au Burundi reste préoccupante, d'autant plus que le pays se prépare aux élections de 2020.

 

“L'absence d'accord à la suite de la cinquième session du dialogue inter-burundais, débouchant sur une résolution durable de la crise de 2015 est également un sujet de préoccupation. Le gouvernement et l'opposition, avec l'appui de la région et de la communauté internationale, devraient discuter et s'accorder sur le cadre juridique et les mécanismes pour la tenue de ces élections’ dit-il.

 

Mkapa a enregistré pas mal d’entraves. “La mise en place de la CNDI, Commission Nationale de Dialogue Interne qui visait à mener un processus de dialogue interne parallèle à celui de la CAE témoigne du manque d’engagement du gouvernement à l’égard des efforts de l’équipe de facilitation. Le résultat du dialogue interne semble avoir présenté le fait accompli au processus mené par l’EAC. La facilitation a été presque ignorée alors que le gouvernement burundais organisait un référendum pour amender la Constitution. Cela a confirmé la réticence de longue date du gouvernement à s'engager dans un dialogue inclusif et global” détaille Mkapa.

 

Le vieux Tanzanien se dit aussi  “profondément déçu de la décision du gouvernement de la République du Burundi, du parti au pouvoir et des partis alliés de ne pas participer à la cinquième session”. Selon lui, c’est une occasion manquée pour les parties de parvenir à un accord consensuel sur la voie à suivre.

 

De la part de la région, Benjamin Mkapa ne manque pas d’exprimer son insatisfaction. “L’absence  d’un sommet de l’EAC consacré à la crise au Burundi me privait du soutien régional dont elle avait tant besoin. En outre, il n’existait pas de mécanisme clair pour financer les activités de l’équipe de facilitation, ni de budget spécifique pour les activités prévues” estime-il.

 

Toutes fois, le facilitateur est soulagé par l’obtention du calme relatif.  “Malgré les difficultés rencontrées, la situation politique et en matière de sécurité a beaucoup changé pour le mieux depuis 2016, année de mon processus de facilitation. Il peut sembler que toutes les forces qui auraient été prêtes à escalader une violence aient été maîtrisées dans l'espoir de parvenir à un règlement négocié. Clairement, mon appel à la cessation des hostilités semble avoir été entendu par toutes les parties”.

 

 

Mkapa persiste à croire que le dialogue continue d'être la seule voie véritable et durable permettant aux parties prenantes burundaises de sortir de la situation actuelle. “À cet égard, j’encourage les parties concernées à s’acquitter de leurs obligations pour mettre un terme à la crise politique dans le pays” conclut-il.

 

Ce rapport est rejeté en bloc par le président burundais. Dans une conférence publique que le président Pierre Nkurunziza animé le 28 Décembre dernier, il a indiqué que ce rapport est tendancieux et qu’il s’agissait du piège tendu par les putschistes de son régime pour passer par la médiation et accéder au pouvoir sans passer par les urnes.

 

Le dernier sommet des chefs d’Etats de l’EAC a accusé reception de ce rapport et indiqué qu’il va mener des consultations internes pour dégager la nouvelle orientation de la resolution de la crise Burundaise.