mai
03
2019

Journée de la liberté de la presse: Les journalistes burundais en exil continuent à informer

Près de 70 journalistes burundais ont dû fuir leur pays durant la crise de 2015. Ils ont décidé de baisser les bras.

 

La “Radio Inzamba”, est diffusée exclusivement sur Internet depuis Kigali, la capitale du Rwanda. C’est aussi le cas du programme “Humura Burundi” de la radio RPA, la Télévision Renaissance ou la “Radio Peace Fm”.

 

Ces organes de presse, en exil, produisent quotidiennement des journaux d’information, des articles et des émissions en français et en kirundi, la langue locale du Burundi.

 

Des Informations qui sont relayées sur les réseaux sociaux.  Inzamba, Humura Burundi et TV Renaissance” sont nées il y a bientôt quatre ans, dans la foulée du putsch manqué de mai 2015 contre le président Pierre Nkurunziza. Avec pour conséquences le saccage puis la fermeture des radios privées accusées de collaborer avec les présumés putschistes.

 

“Si on ne se mettait pas au travail, si on ne pratiquait pas, notre métier avait des risques de disparaître. Alors on s’est mis ensemble, on a réfléchi et puis on a dit : informons les Burundais qui suivaient les radios qui ont été détruites” indique Madame Anne Niyuhire, directrice des programmes au sein de la Radio Inzamba.

 

“On a vu qu'on ne pouvait pas émettre sur FM comme on le faisait avant. Aujourd’hui, internet peut nous aider. On a utilisé internet. Nous sommes contents de ce que nous faisons”, se réjouit, Mr Bob Rugurika, directeur de l’emmissio-programme Humura Burundi de la radio RPA.

 

“On fait beaucoup d’info sur le Burundi mais on aurait aimé être sur le terrain, être au pays pour pouvoir exploiter un peu plus ce qui se passe là-bas”, regrette Bob Rugurika.

 

La “Radio Peace Fm” est essentiellement une radio des jeunes. Son directeur Joe Philbert Karangwa souligne que son champ de travail est surtout dans les camps de réfugiés.

 

“Nous sommes comme des portes paroles des réfugiés. Nous avons une émission qui fait rencontrer les familles dispersées. Par exemple une femme qui est au camp de Nduta en Tanzanie appelle et salue son mari ou ses enfants qui sont  à Lusenda en Rdc, il y en a d’autres qui retrouvent les membres de leurs familles à partir de cette émission. C’est vraiment encourageant même si c’est difficile” souligne Karangwa.

 

Un grand obstacle que tous ces radio rencontrent est que les officiels au Burundi n’acceptent d’intervenir dans leurs émissions. Ils les accusent de rouler pour l’opposition ou les présumés putschistes, ce que les directeurs de ces radios balaient d’un revers de la main.

 

En dépit de difficultés en tous genres, les journalistes ont un rapport d’écoute satisfaisant.

 

“Quand nous tardons à envoyer les journaux, il y a des demandes incessantes. Tous les collègues sont bousculés de messages WhatsApp qui nous demandent pourquoi le journal traîne. Nous osons dire ce qui est considéré aujourd’hui comme un tabou au Burundi. Si on a besoin d’une intervention d’une autorité qu’on a pas eu la chance d’avoir, ce n’est pas interdit de repiquer à la Radio nationale” témoignent les journalistes de ces organes de presse en exil.

 

A l’occasion de la journée dédiée à la liberté de la presse, édition 2019, Anne Marie Niyuhire a son mot à dire. “Je pourrais dire, surtout aux collègues qui sont en fuite aujourd'hui, courage. Il ne faut pas baisser les bras. Pour ceux qui sont au pays. Il y'en a qui commencent le métier aujourd'hui. Qu'ils ne perdent pas courage. Qu'ils continuent” dit-elle.

 

“Que l'autorité burundaise laisse les journalistes travailler en toute indépendance et fonctionner. Que la liberté d'expression soit une réalité au Burundi. S'il y a cette liberté, c'est tout le monde qui y gagnera” ajoute Bob Rugurika.

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