La délinquance Juvenile fait rage à Mahama et à Nakivale
Les camps de réfugiés burundais de Mahama au Rwanda et Nakivale en Ouganda sont peuplés par des jeunes à plus de 70%. Et la délinquance juvenile s’invite.
“Ici chez nous à Mahama, on retrouve des ligalas à chaque coin du village. Des jeunes garçons qui n’ont rien à faire préfèrent tuer leur temps en se lançant des blagues inutiles, en prenant des cigarettes et d’autres produits stupéfiants” regrettent certains parents rencontrés dans ce camps de réfugiés situé à l’Est du Rwanda.
Des boissons alcoolisés même si ils ont prohibés, ces jeunes gens n’en manquent pas. “Ils sont tout le temps ivres. Et là, comme ils n’ont pas de travail rémunéré pour acheter ces boissons, ils volent des ustensiles de cuisine ou des vivres pour aller les vendre” se lamentent d’autres.
Même les jeunes filles ne sont pas épargnés. “En tout cas une bonne partie des jeunes filles qui ne sont à l’école ont deja mis au monde. Ce n’est pas parce qu’elles sont mariées. Non. C’est plutôt des grossesses non désirées” laissent entendre des mères dans le camp.
Pour essayer de parier à cette situation, des Clubs culturels ont été mis en place. Le premier est celui initié par par une bonne trentaine de femmes. Il s’appelle Club Ngumirizakaranga. Jacqueline Nduwayezu, présidente de ce Club indique que des résultats positifs sont visibles. “ Beaucoup de filles qui avaient abandonné l’école à cause des grossesses non désirées ont pu regagner les classes grâce à nos enseignements. Plusieurs d’entre elles sont d’ailleurs intégrées dans notre Club. Et plusieurs garçons aussi ont retrouvé leur culture de dignité. Pour enseigner ces jeunes gens, nous passons par de petits groupes et nous les encadrons un à un” a-t-elle souligné.
Pour réussir ce pari, ce Club féminin utilise la culture. “Des chansons et danses culturelles, des visites, des seances de moralisation, discussions et conscientisations, tels sont nos canaux” témoignent des mères et grands mères de ce Club.
Un autre Club culturel masculin est aussi à l’oeuvre. Il s’appelle “Club Intahesha ku Karanga”. Pierre Claver Ruvyogo, réfugié sexagénère, président de ce Club témoigne. “Ici à Mahama nous avons choisi d’éduquer les jeunes à la culture surtout battre le tambour. Par là, nous passons de villages en villages pour sensibiliser les gens aux bienfaits de l’école pour que les enfants aiment l’école”. Il ajoute que les résultats sont positifs quant à la lutte contre la délinquance juvénile.
Cette situation se rencontre aussi dans le camp de Nakivale en Ouganda.
Des jeunes gens s’adonnent aux chanvres, aux boissons alcoolisés, au vol et même au viol. “Ici, la situation est dramatique car comme le camp n’est pas bien contrôlé, c’est le désordre total. Les jeunes font ce qu’ils veulent” regrettent un parent.
“Des grossesses non désirées chez les filles! Ici, on n’en revient pas. Presque toutes ces filles là que tu vois ont mis au monde” regrette une mère en pointant du doigt un groupe de filles qui sont assisses à quelque vingt mètres d’elle.
La situation est d’autant pire à Nakivale car plus de 5 000 filles et garçons du primaire et du secondaire n’ont pas encore regagné l’école depuis leur exile en 2015, faute de moyens.
Que ce soit à Mahama comme à Nakivale, ces burundais demandent aux Agences des Nations Unies comme le HCR, de penser aussi au volet culturel pour mieux éduquer et encadrer la jeunesse.