Jan
27
2020

La jeunesse burundaise en exil inquiète du climat pré-électoral dans leur pays

Quatre mois avant la tenue des élections générales au Burundi, le Mouvement International de la Jeunesse Burundaise, MIJB, se dit préoccupé par ce rendez vous qui, selon lui, s’annonce dans un contexte “théocratique”.

 

Dans son communique rendu public, le MIJB, composé essentiellement de jeunes burundais en exil, rappelle que depuis 2010,  “tous les processus électoraux organisés par le pouvoir actuel n’ont pas été préparés et ne se sont pas déroulés dans la transparence et le respect des règles de la saine compétition entre les partis politiques”.

 

Le pire, continue le communiqué, a été le scrutin de 2015. “Les manifestations pacifiques qui réclamaient le respect de l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi ont été réprimées avec brutalité et horreur par une milice infiltrée au sein des forces de l’ordre à telle enseigne que les forces de sécurité ont été divisées sur la question de laisser le gouvernement de Nkurunziza, conduire valablement ledit processus électoral” souligne Inarukundo Carène Kelly,  porte Parole du MIJB.

 

Ajoutant que ce processus a été suivi “d’ une intense campagne d’épuration civile et militaire, d’assassinats politiques, de nombreuses disparitions toujours non élucidées et à l’exil de plus de 400.000 burundais”.

 

Une médiation de façade

 

Le mouvement international de la jeunesse burundaise blâme l’équipe de la médiation qui, selon lui, n’a été à la hauteur pour calmer la crise.

 

“La contestation et le rejet des résultats issus des mascarades électorales ont conduit à un dialogue inter-burundais à la quête d’une solution politique inclusive piloté par la médiation Est-Africaine et qui s’est soldé par un échec désespérant” font savoir ces jeunes éparpillés dans plusieurs pays dont le Rwanda, la Tanzanie, l’Ouganda, la RDC, et l’Europe.

 

Théoriquement, insiste le MIJB, “l’insouciance de la médiation et les graves désaccords en son sein ont permis au régime de Pierre Nkurunziza de renforcer un climat de terreur absolu sur toute l’étendue du territoire”.

 

Ainsi, dit le mouvement, “le régime en place a ignoré toutes les voies pacifiques et diplomatiques pour mettre fin à la crise socio-politique. Dans certaines circonstances, le régime en place a même jeté de l’huile sur le feu en téléguidant des manifestions ciblant les représentations diplomatiques”.

 

“Le référendum constitutionnel organisé dans un contexte d’impasse politique et sécuritaire a été initié dans le but d’enterrer définitivement l’Accord d’Arusha, d’accentuer les clivages partisans au parti au Pouvoir, en l’occurrence le CNDD-FDD” renchérit ce mouvement des jeunes.

 

Et le MIJB de faire un constat amer que “l’organisation des élections de mai 2020 comme produit fini de la constitution de 2018 se poursuit sur fond de la crise institutionnelle, politique et sécuritaire enclenchée depuis 2015, qui dresse continuellement un tableau sombre de violations massives des droits humains prenant toute forme de crimes abominables, attisés par des discours de haine distillés à longueur de la journée dans tous les coins du pays par les cadres du Parti au pouvoir, le CNDD FDD”.

 

Des contributions forcées et intolérance politique

 

Selon le MIJB, “la marche forcée vers ces élections financées par le peuple paupérisé est caractérisée par une intolérance politique sans précédent qui se manifeste par les disparitions forcées, emprisonnement arbitraire des opposants”.

 

Ce mouvement n'oublie pas le verrouillage de tout espace d’opinion libre par l’incarcération “injuste des journalistes, l’interdiction des media indépendants en l’occurrence la BBC et la Voie d’Amérique, la commission électorale monocolore, la terreur nourrie par une milice du parti CNDD FDD, les Imbonerakure, des milliers de refugies exclus du fichier électoral etc” insiste le porte-parole du MIJB.

 

Tous ces facteurs, estiment ces jeunes burundais,  définissent bien “les élections de façade, qui ne peuvent en aucun cas être libres, transparentes non violentes pouvant gagner une crédibilité de la jeunesse soif d’un climat politique apaisé”.

 

Le MIJB préfère ne pas  cautionner la poursuite d’élection qu’il qualifie “d’une nouvelle mascarade électorale qui va fractionner davantage la société burundaise déjà traumatisée et brutalisée par des crises politiques cycliques, par l’insécurité, les emprisonnements abusifs, les disparitions forcées, l’injustice, la corruption généralisée, la pauvreté et le fossé qui ne cesse de se creuser entre les différentes classes sociales”.

 

Le Mouvement International de la Jeunesse Burundaise lance un appel vibrant à la jeunesse burundaise “de rester sereine, unie, de se respecter dans la diversité d’opinion, de ne pas céder à la manipulation, à la terreur et aux discours de haine mais plutôt de faire preuve de détermination infaillible dans le processus de la lutte pour notre liberté, dignité et pour le bien commun longuement mis à l’écart par les systèmes de gouvernance qui se sont succédés”.