aoû
27
2019

La Tanzanie décide de rapatrier les réfugiés burundais de gré ou de force

Les ministres burundais et tanzanien de l’intérieur ont signé un nouveau accord de rapatriement des réfugiés burundais qui sont en Tanzanie. Selon le journal SOS Médias Burundi, cet accord dit que ces burundais doivent regagner leur pays car « la paix y est totale ». Le Haut Commissariat pour les Réfugiés ne fait pas partie de cet accord que les signataires qualifient de « geste amical ».

 

Cet accord signé ce dimanche à Kigoma en Tanzanie sonne comme un coup de tonnerre dans les oreilles des réfugiés burundais.

 

“Ce gens doivent rentrer chez eux, de gré ou de force. Le Burundi a recouvré la paix et la sécurité. Nous ne voyons pas pourquoi ils ne veulent pas retourner dans leur pays natal”, a annoncé le ministre tanzanien de l’intérieur, Alphaxard Kangi Lugola, devant la presse, ce dimanche après la signature de cet accord.

 

Ce document précise que les réfugiés des camps de Nduta et de Mtendeli, les seuls qui hébergent uniquement les burundais, seront les premiers à être rapatriés.

 

“Ce rapatriement ne doit en aucun cas être interrompu par qui que ce soit : burundais, tanzaniens ou HCR”, a prévenu M. Lugola avant d’avertir que celui qui sera attrapé entrain de dire aux réfugiés que “le Burundi n’a pas de paix”, aura à “affronter le feu du président tanzanien John Pombe Magufuli”.

 

La Tanzanie semble donc être décidée. “Nous savons qu’il y a des gens ou des organisations internationales qui disent aux réfugiés que le Burundi n’est pas pacifique, ce qui est faux, le pays est en paix et les réfugiés devraient rentrer massivement”, a-t-il laissé entendre.

 

Pascal Barandagiye, ministre burundais de l’intérieur, en visite en Tanzanie depuis vendredi dernier a rassuré ses compatriotes, à travers la presse.

 

“Rien ne leur arrivera. Plusieurs autres sont déjà rentrés et même des leaders politiques de l’opposition sont en route. Pourquoi ces petits paysans ne veulent pas suivre le mouvement? Nous remerçions vivement la Tanzanie qui vient d’accepter de nous aider pour que cette activité soit effectuée correctement”, a-t-il dit, ajoutant que ces rapatriés recevront un accueil chaleureux de la part du gouvernement burundais.

 

Côté réfugiés, c’est la désolation totale. “Nous sommes jetés dans le feu par celui qui nous avait donné refuge. La communauté internationale ne devrait pas croiser les bras face à cette situation inédite pour nous”, disent ces réfugiés.

 

Ils se rappellent du mauvais sort qu’ont connu leurs compatriotes dans les années 2 000.

 

“Voilà, nous l’avions prédit. Nos compatriotes qui avaient fui le pays en 1972 et pendant la guerre civile de 1993 ont été tués. Des enfants, des femmes et des vieux jetés dans les rues sans aucune intervention après que la police tanzanienne ait brulé leurs maisonnettes au camp de Mtabila en 2012. Nous craignons de subir le même sort”, se lamentent d’autres.

 

Ces Burundais invoquent le concours de l’EAC, l’UA, l’UE, et de l’ONU pour leur garantir la sécurité en terre d’exil.

 

Les accords de rapatriement des réfugiés doivent être en principe tripartite et signés par le pays d’exil, celui d’origine des réfugiés et le HCR. Mais curieusement celui-ci signé ce dimanche entre le Burundi et la Tanzanie n’engage pas le HCR à en croire le ministre de l’intérieur tanzanien.

 

“Nous allons accomplir cet acte même sans l’accord et l’aval du HCR, qui est en fait un des barrières à ce retour comme nos sources l’indiquent”, a martelé M. Lugola.

 

Ces burundais ont jusqu’au 1er octobre de cette année pour s’enregistrer volontairement, si non “des mesures adéquates seront prises” selon les termes de cet accord.

 

Vendredi dernier, les deux ministres étaient dans les camps de Nduta et Mtendeli pour sensibiliser les réfugiés burundais au retour volontaire. Ils se sont heurtés à un “Non” catégorique des réfugiés qui ont par ailleurs hué ces émissaires burundais et tanzanien.

 

Le CAVIB dénonce la décision prise par la Tanzanie et le Burundi de rapatrier deux mille réfugiés par semaine à partir du 1 er octobre « en violation des lois internationales ». Le collectif des avocats pour la défense des victimes de crimes de droit international commis au Burundi assure que de toute évidence, le gouvernement tanzanien a pactisé avec le régime de Gitega pour « renvoyer à l’abattoir les réfugiés burundais qui avaient fui la terreur et les crimes contre l’humanité en cours au Burundi».

 

La Tanzanie héberge plus de 183.000 burundais qui ont fui la crise politique de 2015.