Le Rwanda à l’avant garde pour contrer l’Ebola
Depuis le 20 septembre dernier, à l’annonce d’Ebola en Ouganda voisin, le Rwanda a rétabli l'utilisation de thermomètres sans contact dans tous ses postes frontaliers à la suite d'une épidémie d'Ebola dans ce pays voisin du nord qui a tué une cinquantaine de personnes et infecté une centaine d’autres.
Au poste frontalier de Gatuna, les gens se fassent tester la température, un a un, du moins ceux qui viennent de l’autre côté, en Ouganda.
« Je viens de l’Ouganda, mon pays. Je dois suivre des mesure de prévention comme on le faisait du temps du covid-19 : se laver les mains, éviter de toucher n’importe où et d’autres mesures d’hygiène », déclare un passant ougandais.
Les agents de santé portant des manteaux de protection et des masques faciaux aux frontières de Gatuna et de Kagitumba ont commencé à mesurer les températures des voyageurs et à noter leurs antécédents de voyage alors que Kigali cherche à prévenir les infections transfrontalières.
Bien que le Rwanda n'ait pas connu un seul cas d'Ebola dans le passé, le district ougandais de Mubende, où le virus Ebola a été signalé, se trouve à environ six heures de route de la frontière.
Les habitants, du côté du Rwanda, ont pour le moment peur de s’y rendre. Surtout les commerçants.
« J’ai des parentés et des familiers en Ouganda, tout à côté, mais je ne peux pas m’y rendre avant que l’Ebola ne soit pas maitrisée. J’ai peur de me contaminer et de contaminer ma famille et par là mon pays, le Rwanda », indique un commerçant.
Celui-ci, n’en revient pas.
« L’Ebola est plus que dangereux que le covid 19, car l’Ebola tue énormément plus de gens alors que le covid-19 lui peut guérir. Nous avons peur de nous rendre de l’autre côté en Ouganda. Même des voies clandestines sont vides », dit-elle.
Cette femme qui revient de l’Ouganda regrette qu’elle aurait dû suspendre son voyage.
« Si jamais j’avais l’info sur Ebola, je ne me serais pas hasardée sur ce terrain à risque. J’aurais utilisé le téléphone pour appeler et saluer mes amis et parentés. En tout cas, je n’y retournerai avant que la situation ne soit totalement maitrisée. Je conseille aux rwandais de limiter les voyages non essentiels vers l’Ouganda pour se protéger », a-t-elle souligné.
Si il y a un cas suspect, il doit être transporté par une ambulance postée non loin de la frontière, vers un centre de quarantaine installé dans le district de Gicumbi, à une trentaine de minutes de la frontière.
Après trois ans de tension entre les deux pays, les frontières n’ont ouvert qu’en mars dernier, et le commerce a repris.
Mais l’Ébola vient de nouveau ralentir les échanges. C’est au moment où entre 600 et 800 personnes traversent chaque jour la frontière entre le Rwanda et l’Ouganda, ce pays où se sont déclarées les souches d’Ebola.
La Fédération du secteur privé du Rwanda, PSF, regroupant des commerçants tranquillise, mais sonne en même temps la sonnette d’alerte.
Eric Kabera, il est chargé de la communication à la fédération, PSF.
« Les commerçants et autres hommes d’affaires de la sous-région doivent avoir un seul consigne : Ils doivent se protéger et protéger la vie des rwandais, continuer leurs activités commerciales mais plutôt de faire plus d’attention, par exemple ne pas aller là où l’épidémie d’Ebola s’est déclaré et dans toute autre zone à haut risque. Et donc éviter de mettre en danger leurs vies et leur business », dit-il.
« Ils doivent s’informer de la situation minutes par minutes. La question est aussi prise aux sérieux par d’autres secteurs à haut niveau comme la mini-santé mais nous, on les conseille d’être prudents et d’éviter ces régions qui connaissent déjà l’épidémie d’Ebola », ajoute-t-il.
La proximité entre le district Ougandais de Mubende et le Rwanda a accru la vigilance au Rwanda, le gouvernement exhortant les habitants à envisager des mesures préventives.
Dans presque tous les grands hôpitaux du pays, des centres de mise en quarantaine sont apprêtés.
Dr Menelas Nkeshimana, il est chargé des soins au Centre Biomédical du Rwanda, un organe national à l’avant garde pour ces épidémies.
« On se prépare partout, sur les frontières et même à l’intérieur du pays car une personne peut sillonner le pays en une seule journée. Et donc les médecins sur les grands hôpitaux sont aussi aux aguets. Ils ont tout le matériel et médicament car les maladies n’ont pas de frontières », précise-t-il.
Et d’ailleurs un grand centre réservé pour Ebola est déjà disponibilisé à Nyamata, non loin de la capitale Kigali.
Le ministre de la santé publique Dr Daniel Ngamije tranquillise la population mais exige une grande vigilance.
« Ce centre va accueillir des cas critiques d’Ebola qui proviennent de Kigali et des centres urbains limitrophes. 30 cas critiques et plus de 80 cas non graves peuvent être traités ici. Tous les équipements sont disponibles et le personnel est en place ainsi que des médicaments et tout le nécessaire. Et donc nous sommes prêts à faire face à cette épidémie si jamais elle est déclarée », a affirmé Dr Ngamije.
Depuis fin octobre, la capitale ougandaise a enregistré 14 cas du virus Ebola, qui a déjà fait 49 morts dans le pays, selon le gouvernement.
Au total, 130 cas ont été confirmés. Une évolution qui inquiète l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dans un contexte de forte densité démographique, d'autant plus qu'aucun vaccin n'existe contre cette souche d'Ebola dite « soudanaise ».
Selon toujours l’OMS, entre 40 et 100% des patients contaminés peuvent en mourir, en fonction de la souche d’Ébola.
En 2008, l’Ebola s’est aussi déclarée en RDC, voisine du Rwanda, et Kigali a su se prévenir et prendre des mesures de riposte pour minimiser les dégâts.