fév
12
2020

L’ex-président soudanais Omar el-Béchir bientôt devant la CPI, quelles leçons?

Le gouvernement soudanais a accepté de remettre l'ancien président Omar el-Béchir et trois autres personnes à la Cour pénale internationale, CPI, pour qu'ils y soient jugés, ont indiqué mardi les autorités du Conseil Souverain du Soudan, un organe qui assure la transition dans ce pays.

 

Omar el-Béchir, 76 ans, est recherché par la CPI pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide. Pour rappel, il ya 17 ans, les forces pro-Béchir ont tenté d’éradiquer des groupes ethniques dans leur totalité au Darfour, une région située dans l’Ouest du Soudan. Les faits remontent à 2003, quand une rébellion est apparue dans la région. Environ 300 000 personnes ont été tuées.

 

L'ONU affirme qu'en plus des personnes tuées lors des combats entre les groupes armés locaux et les forces de Béchir et les milices soutenues par le gouvernement - comme les tristement célèbres milices Janjawids - environ 2,5 millions de personnes ont été déplacées pendant la guerre.

 

La décision d’extrader l’ancien président intervient après des négociations, dans la capitale du Sud-Soudan voisin, entre une délégation du gouvernement soudanais et des groupes rebelles du Darfour.

 

Ahmed Hassan, le porte-parole du Conseil Souverain du Soudan, a confirmé l'accord aux journalistes. Il a déclaré que l’objectif visé par cette décision est d’apporter la justice et une paix durable dans l'ensemble du Soudan.

 

"Nous avons donc convenu que nous soutenions pleinement la CPI et nous avons convenu... que les quatre criminels recherchés devaient être remis à la CPI", a-t-il déclaré. "Il s’agit bien d’el-Béchir et de trois autres personnes. La cour connait leur identité et nous soutenons pleinement le fait qu’ils devaient être remis à la cour” a-t-il ajouté.

 

Des propos confirmés par Ahmed Tugod, un représentant du mouvement rebelle Justice et Égalité.

 

Toutes fois, il précise que l'accord qui autorise leur transfert à la CPI n'entrera pas en vigueur tant qu'il n'y aura pas d'accord de paix global entre les parties belligérantes au Soudan.

 

Satisfaction au niveau de la société civile africaine

 

La Coalition Burundaise pour la Cour Pénale Internationale, CB-CPI, salut cette décision du gouvernement soudanais.

 

“Nous saluons la décision de livrer Omar el-Beshir à la CPI. C’est une décision qu’on attendait depuis très longtemps. Il est vrai, le temps a joué vraiment son rôle" a réagit Maitre Lambert Nigarura, président de la CB-CPI.

 

"Ce qui est important, c’est de reconnaître que les crimes les plus graves comme les crimes de guerre ou crimes de génocide et les crimes contre l’humanité, ce sont des crimes imprescriptibles et inamnistiables… Quelque soit le temps, la situation ou le poste, personne n’est au dessus de la loi" souligne ce professionnel du droit.

 

“Une leçon…. aux autres dirigeants africains”

 

"Cela devrait servir de leçons pour les autres auteurs de crimes les plus graves. On peut se donner des titres honorifiques, on peut se donner toutes les garanties, mais quand le temps arrive, on n’a pas d’autres alternatives. C’est la justice", fait-il savoir comme un clin d’oeil aux autres dirigeants africains.

 

La CB-CPI se félicite car elle avait conjugué les efforts avec celle soudanaise pour que cette décision soit prise. "C’est aussi une satisfaction totale au niveau des victimes des crimes que Omar el-Beshir et son régime ont commis" laisse-t-il entendre.

 

Le premier mandat d’arrêt contre Béchir avait été émis en 2009. Cinq chefs d'accusation sont retenus contre lui : crimes contre l'humanité (pour meurtre, extermination, torture et viol entre autres exactions), crimes de guerre (pour pillage et attaques contre des populations civiles) et trois chefs d'accusation de génocide à l’encontre des ethnies Four, Masalit et Zaghawa.

 

Arrivé au pouvoir par coup d'état en 1989, Béchir a lui-même été destitué lors d'un putsch militaire en avril 2019 après plusieurs mois de manifestations à travers le pays.

 

Les procureurs au Soudan l'ont également accusé d'avoir tué des manifestants lors des événements qui ont conduit à son éviction.

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