L'ONU contrainte de fermer son bureau au Burundi
Le drapeau des Nations Unies est descendu ce lundi soir à Bujumbura, un signe de fermeture du bureau de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU.
Ce bureau avait été créé en 2016 au plus fort de la crise née de la décision de l’ancien président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat, jugé illégal par ses détracteurs.
Pour l’ONU, la page est en train d’être tournée dans ce pays.
“Le gouvernement et le peuple burundais ont enregistré des progrès majeurs indéniables dans la consolidation de la paix et la réconciliation nationale depuis 2015”, a souligné l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour la région des Grands lacs, Huang Xia, après avoir plié l’insigne des Nations Unies.
Cependant, l’ONU reconnait que des défis persistent encore.
“Le bureau de l'envoyé spécial pour le Burundi tire sa révérence mais l'équipe pays reste résolument engagée aux côtés de l'Etat burundais dans le renforcement de la coopération entre l'Onu et le Burundi sous la directeur du bureau du coordinateur résident. L'Onu continuera d'apporter ses contributions stratégiques et opérationnelles, à la consolidation de la paix, à la réconciliation et au développement durable”, insiste ce diplomate Onusien.
Gitega, qui a mis fin à la mission Onusienne, tourne les pouces.
“Nous nous réjouissions de cette étape et nous en remercions l’ONU. Ils ont compris que nous ne sommes plus des enfants à tenir les bras, pour que nous puissions garantir un meilleur avenir pour tout burundais sans exception aucune. Nous allons démontrer à la communauté internationale que nous pouvons”, a précisé sur twitter, le président burundais Evariste Ndayishimiye.
Le gouvernement burundais rappelle que la raison d’être du bureau des Nations Unies au Burundi n’est plus.
“Il était venu pour nous accompagner dans un processus de paix après la crise de 2015. Maintenant, la paix et la stabilité règnent sur tout le territoire national. Le pays n’est plus sur l’agenda périodique du conseil de sécurité de l’ONU. Et donc, la page est tournée”, a souligné Isidore Ntirampeba, le secrétaire permanent au ministère burundais de la diplomatie.
La société civile agacée...
Le constat est tout autre pour la société civile burundaise. Dix sept organisations ont adressé une correspondance au secrétaire général de l’ONU, alertant sur “le risque potentiellement élevé de réédition des crimes graves au Burundi”.
Cette situation est exacerbée, expliquent-elles, par le processus en cours engagé par le Gouvernement CNDD-FDD à travers la Commission Vérité et Réconciliation (CVR).
“En effet, Excellence Monsieur le Secrétaire Général, le Gouvernement du Burundi vient de prendre position contre la résolution AG/12324 du 18.05.2021 des Nations Unies sur la responsabilité de protéger et la prévention du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité”, argumentent les leaders des ces ONGs.
Les organisations signataires considèrent une telle attitude comme “un mauvais présage sur le risque imminent de génocide au Burundi, sans possibilité d'intervenir comme cela s'est malheureusement passé au Rwanda en Avril 1994”.
Au nom de ces organisations, Vital Nshimirimana, délégué du FORSC, va plus loin. “Au lieu de prévenir des crimes internationaux à venir, les autorités burundaises s’inscrivent dans les perspectives de s’exonérer de leur responsabilité en cas de génocide et d’autres crimes contre l’humanité comme elles ont tenté de le faire en se retirant du traité de Rome en octobre 2017 pour échapper aux poursuites judiciaires de la CPI qui enquête sur les violences commises au Burundi depuis 2015”, laisse-t-il entendre.
Gitega rejette ces allégations et parle de “arsenal mis en place par des gens qui veulent ternir l’image du pays”.
L’ONU quitte pour rester...
Selon l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour la région des Grands lacs, l’ONU reste disposée à apporter sa contribution au Burundi pour la consolidation de la paix. Il a signifié qu’elle gardera un oeil vigilant sur le Burundi.
Pour preuve, la commission Onusienne d’enquête sur les violations des droits de l'Homme au Burundi continue son travail depuis 2016.
Trois émissaires ont occupé ce poste fermé depuis cinq ans. Il s’agit de l’Algérien Saïd Djinnit, le Marocain Jamal Benomar et du Burkinabé Michel Kafando. Ils ont soit démissionné ou refusé par le gouvernement ou encore l’opposition.