L’ONU dénombre dix charniers dans le Kasaï Central
Des enquêteurs de l'ONU ont déclaré mercredi avoir dénombré dix fosses communes liées aux violences qui secouent depuis septembre le Kasaï Central, province située dans le centre de la République Démocratique du Congo.
« Nous avons communiqué au gouvernement congolais la présence de sept fosses communes dans le territoire de Demba […] et trois fosses communes à Tshimbulu », a déclaré Barbara Matasconi, agent du Bureau conjoint de l’ONU aux droits de l’Homme en RDC (BCNUDH) au cours d’une conférence de presse à Kinshasa.
D’autres fosses communes ?
Demba et Tshimbulu sont deux territoires du sud de la province du Kasaï Central, où est née en septembre la rebellion Kamwina Nsapu, avant de s’étendre à trois provinces voisines.
« Depuis l’année dernière, [le BCNUDH enquête] sur des allégations de présence de fosses communes principalement dans le Kasaï Central et à moindre mesure dans le Kasaï Oriental », a indiqué Barbara Matasconi, ajoutant que des « allégations très sérieuses » sur l’existence d’autres fosses communes restaient à « confirmer ».
Le 8 mars, le Haut Commissaire de l’ONU aux Droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, avait fait état de la découverte de trois charniers dans le Kasaï. Le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, avait alors reconnu « l’existence de plus de trois fosses communes » dans la région, sans préciser l’identité des personnes tuées ni les auteurs des tueries.
Enfants-soldats et massacres
La rébellion Kamwina Nsapu porte le nom d’un chef coutumier local entré en conflit avec le pouvoir central et tué par les forces de l’ordre en août. Elle a été accusée par l’ONU de recruter des enfants et d’avoir commis de nombreuses atrocités. En face, les forces de l’ordre se voient régulièrement reprocher par les Nations Unies de faire un usage disproportionné de la force contre des miliciens armés essentiellement de bâtons et de lance-pierres.
Depuis le début de la rébellion, les violences ont fait au minimum 400 morts dans le Kasaï. Samedi, la justice militaire congolaise a annoncé avoir arrêté sept soldats dans le cadre d’une enquête diligentée après la publication sur les réseaux sociaux d’une vidéo mettant en cause un peloton militaire dans un massacre présumé, perpétré dans le Kasaï Oriental.
Deux membres du groupes d’experts de l’ONU chargés d’enquêter en RDC pour le Conseil de Sécurité en vertu d’une résolution remontant à 2004, dont une spécialiste des Droits de l’Homme, sont portés disparus depuis le 11 mars. On était toujours sans nouvelles d’eux mercredi, de même que des quatre Congolais qui les accompagnaient.