Nakivale est un camp pas comme les autres.

Mis en place en milieu rural dès la fin des années 1950, les terrains d’accueil pour les réfugiés échappent à la structure rigoureuse des camps que l’on connaît comme Mahama au Rwanda, Lusenda en RDC ou encore Nduta-Nyarugusu-Mtendeli  en Tanzanie.

A Nakivale, pas de camp clôturé,  pas de  tentes ou maisonettes rangées et serrées où les abris s’alignent à perte de vue. Mais plutôt des villages d’habitations qui occupent de vastes étendues sans organisation prédéfinie.  On se croirait dans une commune quelconque du Burundi où les habitations sont situées sur des montagnes ou dans les vallées. “Comment pouvez-vous clôturer toute une commune” a laissé entendre un réfugiés Burundais. Ce qui fait que même le contrôle des mouvements à Nakivale est très difficile. Il est traversé par une route qui touche d’autres regions de l’Ouganda. Le contrôle policier est à environ 5 km sur cette route, avant d’apercevoir les premières habitations des réfugiés.

Arrivé à l’intérieur de Nakivale, on se croirait dans un village. Cabanes en dur et abris de fortune dessinent à perte de vue ce plus grands et plus vieux camps de réfugiés d’Ouganda. Il y a même une partie qui est dénommée “New Bujumbura”. C’est la partie occupée essentiellement par les réfugiés Burundais “qui ont un peu de moyens”. Là, on y trouve des échoppes, des bars, des restaurants, un parking de voiture et bus qui connectent le camp avec la ville de Mbarara qui est la plus proche de ce camp.

Ecoles et dispensaires ont été ouverts par des privés-réfugiés-qui ont des moyens. Des parcelles de terre ont donc aussi été allouées à ceux qui savent ou peuvent cultiver, ce qui n’est pas fréquent dans d’autres camps du monde.

Il y a également des motels et maisons de passage. Celui (réfugié) qui a des moyens peut y construire des maisons à louer.

On y retrouve aussi des champs de maïs et bananeraie dans des vallées et montagnes tout étant à l’intérieur de Nakivale.

Nakivale s’étend sur 185 km2 et regroupe près de 80 villages au milieu de la savane dans le district d’Isingiro, au sud-ouest de l’Ouganda. Il renferme des communautés venues de plusieurs pays : Rwanda, Somalie, Burundi, RD Congo, Ethiopie, Érythrée ou encore le Soudan et le Soudan du Sud. Ils sont plus de 100.000 à y demeurer.

Et les plus vulnérables sont les Burundais. Ils sont pour le moment plus de 30 000 selon le HCR. Ils ont tous quitté leur pays depuis 2015. Très récemment, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) soulignait que  “la crise des réfugiés burundaise est la plus sous-financée au monde”, ajoutant que “c’est une crise dont on n’entend pas parler et à laquelle on accorde peu d’attention”.