Rwanda : Expo des start-up médicaux
Un premier sommet « HealthTech Africa » de trois jours s’est tenu à Kigali au Rwanda du 2 au 4 juin 2022. Il a rassemblé plusieurs technologies en matière de la santé.
Deux principales organisatrices : la Fondation Novartis, un groupe pharmaceutique Suisse, crée en 1996. C’est une organisation non gouvernementale et à but non lucratif qui fait progresser la santé et l'équité de la population grâce aux données et à l'intelligence artificielle (IA), ainsi que Norrsken East Africa, une fondation à but non lucratif, non religieuse et non partisane dédiée à aider les entrepreneurs à résoudre les plus grands défis du monde.
Des innovateurs Rwandais, Nigériens, Congolais, Kenyans, Sud-africains,.. saluent la vision avant-gardiste du Rwanda, démontrée par le désir palpable et l'accent mis sur l'innovation et des partenariats en agissant comme un pays de preuve de concept technologique.
« Les Rwandais réagissent positivement à l'innovation en matière de soins de santé et adoptent des comportements de recherche de soins de santé. Avec ces outils, les patients n'ont pas à passer du temps à voyager ou à subir une perte de revenus lorsqu'ils recherchent des soins », a tenu à préciser Dr Shivon Byamukama, la directrice générale de « Babyl Rwanda », une des technologies modernes qui révolutionnent le secteur de la santé.
D’origine britannique, lancée en 2013, cette application mobile de consultation médicale permet de mieux orienter les patients grâce à un start-up qui fait le pont entre un malade et un médecin.
« Nous sommes réunis dans une salle à Kigali. Nous sommes entre 15 et 20 docteurs et chacun est dans son coin, considéré comme une chambre de consultation. Je reçois un appel tous les sept minutes et peux facilement consulter plus de 60 patients pour les 8 heures de mon shift par jour », explique un docteur généraliste, qui travaille 4 fois la semaine dans cette nouvelle technologie qui a révolutionné le secteur de la santé.
« Je consulte principalement le paludisme, les maladies sexuelles, la grippe, les maux de têtes, les maladies des femmes, les Allergies, les Démangeaisons anales, l’Asthme, les Problèmes d'allaitement, la douleur chronique, les Rhume, … bref les maladies qui ne nécessitent pas obligatoirement la présence physique du patient », renchérit le docteur.
Introduit en 2016 au Rwanda, ce système dénommé « Babyl » (Babylone au Royaume Uni) est en partenariat avec le ministère de la Santé pour développer un nouveau modèle de prestation de soins de santé appelé « Digital-First Integrated Care » qui consiste à un accès pratique à des médecins et infirmières qualifiés, en particulier pour les personnes vivant dans des zones reculées.
Il traite plus de 40 maladies dont la Douleur abdominale, les Allergies, les Démangeaisons anales, l’Asthme, les Problèmes d'allaitement, la douleur chronique, les Rhume, la grippe et infections des voies respiratoires, le Constipation, Conseils contraceptifs, Maladies diarrhéiques (symptômes légers), Intoxication alimentaire et bien d’autres.
Défis et opportunités…
Au cours de ce sommet, le ministère de la santé a rappelé les défis majeurs que les nouvelles technologies doivent relever en matière de la santé.
Il s’agit notamment des infrastructures peu nombreuses ou non adéquates, combler le gap laissé par un nombre insuffisant de ressources humaines (en 2020, il y avait 800 médecins pour plus de 12 millions d’habitants), la surpopulation dans les structures sanitaires, l’émergence de nouvelles pandémies, etc.
En temps du Covid-19, ces start-up ont démontré à jamais leur pertinence.
« Imaginez, on était en confinement total répétitif, mais des gens ont continué à recevoir des médicaments pour des maladies chroniques comme le Diabète, l’Asthme, la distribution des poches de sang n’a pas été freinée, la prise en charge des cas de VIH-Sida, mais aussi et surtout la vaccination au Covid-19,.. tout cela a été rendu possible par des technologies introduites dans le secteur de la santé », a précisé le ministre d'État rwandais chargé des soins de santé primaires, le Dr Tharcisse Mpunga, à l’ouverture du sommet.
Aussi, les spécialistes de la santé reconnaissent que les nouvelles technologies ont contribué à la réduction des cas du paludisme et que le contrôle de la lutte contre cette maladie au Rwanda a fait de bons progrès et des réalisations impressionnantes, à ce jour, mais aussi grâce à un engagement politique fort du gouvernement ainsi qu'à la participation de la communauté.
« Grâce à tous ces efforts combinés, le Rwanda a enregistré une baisse de l'incidence du paludisme de 400 pour 1000 en 2017 à 148 pour 1000 en 2020. Les décès liés au paludisme ont aussi sensiblement diminué. En 2021, les progrès ont été meilleurs que ça », note le RBC, (Rwanda Biomedical Centre), l’agence biomédicale rwandaise de la santé.
Un centre multi-sectoriel technologique africain à Kigali.
Le Rwanda et ses partenaires décident d’ailleurs de construire un centre d'innovation continental qui devra permettre au gouvernement rwandais de devenir une plaque tournante des TIC et de l'innovation en Afrique.
La méga installation technologique abritera différents pôles de technologie et d'innovation dans les domaines de la santé, de l'énergie propre, du climat, de l'éducation, de l'agriculture et des médias, entre autres.
Le hub estimé à 20 milliards de dollars est actuellement construit au cœur de Kigali par Norrsken East Africa.
La Fondation Novartis, soutient aussi le Rwanda pour mettre en place ce « Hub Health Tech ».
Le Dr Ann Aerts, responsable de Novartis, a déclaré que le Rwanda a un défi à prouver que l'innovation technologique est possible en Afrique.
« Il s'agit du premier hub technologique sur le continent africain et nous avons choisi le Rwanda comme hôte en raison de sa structure politique et de gouvernance favorable aux investisseurs. Ainsi, le succès du hub sera un succès pour l'Afrique », a déclaré le Dr Aerts.
Aerts a également indiqué qu'en soutenant l'idée du hub, l'on s'assure que sa solution répond aux problèmes locaux et aux besoins réels de la population grâce à une technologie innovante qui, à son tour, peut être reproduite en Afrique.
« Assurez-vous que vos solutions (à Kigali) répondent à un problème local et à un besoin réel. C'est la philosophie derrière le Tech Hub, c'est pourquoi nous travaillons avec le gouvernement, y compris le ministère de la Santé et le ministère des TIC », a-t-elle ajouté.
D’après le classement « Doing Business 2021 », le Rwanda est classé parmi les premiers pays qui innovent en matière de la technologie.
« L’innovation technologique est omniprésente. On la retrouve notamment dans des secteurs comme la santé (e-cliniques, livraison de médicaments par drone), les services municipaux (informatisés et accessibles en ligne, ce qui contraste avec la forte bureaucratie rencontrée dans les autres pays de la région) ou encore l’accès aux services financiers », note le rapport.