Rwanda: Un seul SMS suffit pour que les agriculteurs s'adaptent au changement climatique
Ces derniers temps, au Rwanda, des pluies diluviennes, glissements de terrain et inondations fréquents emportent des vies humaines et des champs de cultures et chassent les habitants de chez eux.
Pendant longtemps, Barthazar Munyaneza cultivait des légumes sur les collines autour de son village dans le district de Nyabihu à l'ouest du Rwanda. Mais, au cours d’une seule saison, en 2018, de fortes pluies intempestives lui ont causé tort et il a risqué de perdre sa vie.
"Il a abondamment plu, les graines de maïs et de petit poids sont tombés et nos champs sont restés presque vides. Pas de récolte. C’est à cause de cela que chez moi, nous avions eu toujours faim", indique-t-il.
Ce père de famille souligne que pendant cette période de famine qui a duré au moins 5 mois, il a été obligé d’aller travailler dans les champs et fermes des autres pour avoir de quoi nourrir sa famille.
Son voisin, Minani a vu lui aussi ses champs se détruire par des pluies torrentielles. Et comme conséquences, "les enfants ne pouvaient pas aller à l'école parce qu'il n'y avait pas d'argent pour payer les frais de scolarité et même trouver de quoi manger était une longue bataille", dira Minani.
Ces pluies ont aussi l’habitude de déstabiliser voir empêcher les activités de pêche dans le petit lac Karago, situé non loin des menages de Minani et Munyaneza.
"Dernièrement, le lac était dans un mauvais état. Il y avait de la jacinthe d’eau au dessus, et donc les poisson ne pouvaient pas y habiter", souligne un des pêcheurs de cette localité.
Selon les données de la météorologie Rwanda, la partie de l'ouest du Rwanda a été ces derniers temps particulièrement vulnérable aux chocs climatiques et aux catastrophes telles que les inondations causées par les changements climatiques.
Dans une conference sur le changement climatique qui s’est tenue fin de l’année dernière à Kigali, différents météorologues de la sous-région ont fait le constat que les changements climatiques imprévisibles ont semé la ruine financière. Les les touchées sont souvent les communautés qui dépendent uniquement de l'agriculture et de l'élevage pour survivre, surtout dans les pays de la communauté de l’Afrique de l’est, EAC, dont le Rwanda fait partie.
"Quand il y a des inondations, il y a des gens qui perdent la vie, des récoltes et des animaux domestiques" a déclaré le service météo de l’EAC.
Un SMS, une alerte
Pour aider les Rwandais en général et les habitants de l'ouest en particulier, à s'adapter aux changements climatiques et à éviter des pertes en vies humaines, le gouvernement du Rwanda, en collaboration avec ONU Environnement et des compagnies de téléphonies mobiles, a investi dans 22 postes de prévision météorologique automatique. Ces dernières fournissent des informations et des avis sur le climat aux habitants de quatre coins du Rwanda.
Ce système permet d’envoyer un SMS (message) chaque matin sur les prévisions météo afin que les habitants sachent ce qui se passera le même jour.
"Les SMS sont reçus au niveau du district, au niveau du secteur et au niveau de la communauté locale, et se propagent de voisin à voisin, ainsi tout le monde est informé" a déclaré le responsable de la division météo du Rwanda.
Un programme national visant à former les gens à l'interprétation des données du climat a été aussi mis en place pour permettre aux agriculteurs de savoir quand sortir et cultiver ou tout garder à l’intérieur, à fin d’éviter des pertes.
"Ce programme est d’une importance capitale car les cultivateurs utilisent ces informations météorologiques et climatiques pour bien planifier leur travail, par exemple pour sélectionner le type de culture à cultiver et le moment de la récolte ou comment sécher et conserver les cultures", a-t-il ajouté.
La météo a aussi introduit des émissions Radio, de petites annonces sur les Télévisons et plusieurs Radio diffusent les conditions météorologiques de chaque jour, chaque fois à la fin du journal.
Effet désirable
Avec toutes ces strategies, maintenant, Munyaneza et Minani savent que de fortes pluies vont continuer jusqu’en mai 2019. Ils ont tous creusé des terrasses et commence à planter leurs cultures.
"Quand il pleut, au lieu de permettre à l'eau d’enlever le sol, elle est absorbée et aide les cultures à bien pousser et en tout cas, il ne va pas y avoir d’érosion" laissent-ils entendre pour expliquer l’avantage de ces terrasses.
Des gens planifient aussi leur déplacements grâce à ce système de messagerie.
"Au mois de janvier 2019, j’ai suspendu mon voyage à l’intérieur du pays après avoir lu un message de la météo dans mon telephone portable. Il avertissait sur le fortes pluies qui allaient s’abattre sur la localité où je devais me rendre. Et comme je devais traverser plus de 3 ponts pour arriver dans mon village natal, j’ai suspendu mon voyage pour éviter des risques" a indiqué un jeune homme, de la ville de Kigali.
Au moment de la rédaction de cet article, un message retentit dans notre téléphone portable. Il donne les conditions météo d’aujourd’hui.
Depuis 2015, l’administration a conseillé les habitants de planter des arbres au tour de la rivière Nyamukongoro qui se jette dans le lac Karago. Pour le moment plus de 55 hectares sont couverts d’arbres qui n’ont pas de conséquences néfastes sur les cultures.
Les pêcheurs du lac Karago apprécient le fait de reboiser les montagnes et vallées des environs de ce lac car "au paravant il était si sale et boueux mais pour le moment il nous donne du poisson" ajoutent-ils.
Les habitants de ces localités, cultivateurs et éleveurs s’accordent tous pour remercier tous ces partenaires qui ont conjugués les efforts pour lutter contre les effets négatifs du changement climatiques et demandent que d’autres mesures et strategies soient prises pour qu’aucune personne ne perde plus sa vie suite à ces catastrophes.
Selon les chiffres du ministère de gestion des catastrophes, ces intempéries ont causé la mort de plus de 230 personnes en 2018 et une perte financière de plus de 204 milliard de Francs Rwandais soit pour des dégâts matériels ou soit pour venir en aide aux victimes.
Ledit ministère estime qu’avec de nouvelles strategies pour lutter contre les dégâts de ces catastrophes naturelles, des pertes seront considérablement minimisés.