fév
26
2019

Tanzanie-Burundi: Rapatriement non suivi de reintegration effective des réfugiés burundais

Une ONG Humanitaire qui s’occupe des droits des réfugiés a sorti un rapport ce mardi 26 février 2019. L’Initiative Internationale pour les Droits des Réfugiés, IRRI (ou International Refugee Rights Initiative en anglais) affirme s’être basée sur des entretiens avec des rapatriés au Burundi.

 

Son rapport est intitulé « Ils ne veulent même pas comprendre pourquoi nous avons fui : la voie difficile de la réintégration au Burundi » décrit la lutte quotidienne des réfugiés récemment rentrés de Tanzanie pour subvenir aux besoins de leur famille.  Selon IRRI, “la plupart de ce réfugiés comptent sur l’aide de voisins ou des autorités locales, mais cette solidarité est vite débordée, car un plus grand nombre de personnes est susceptible de revenir avant les prochaines élections de 2020”.

 

Lucy Hovil, chercheuse senior à IRRI a déclaré que « pour briser le cycle des conflits et des déplacements au Burundi, le gouvernement et les acteurs internationaux doivent reconnaître que le rapatriement est un processus complexe et à long terme qui doit être soutenu de manière adéquate ». Elle ajoute que l’assistance humanitaire et l’aide au développement doivent reconnaître les besoins des rapatriés et des communautés d’accueil, et lutter contre les tensions sous-jacentes qui ont contribué à leur déplacement en premier lieu.

 

Des centaines de milliers de Burundais ont fui vers les pays voisins depuis 2015. La majorité d’entre eux ont fui vers la Tanzanie. Là, ils affirment  subir des pressions pour repartir. Les gouvernements burundais et tanzanien  et le HCR ont déjà confirmé leurs plans tripartite pour rapatrier 116 000 réfugiés d’ici fin 2019.

 

Selon ce rapport d’IRRI, ces réfugiés n’ont maintenant que deux options : “retourner dans leur pays d’origine, malgré les difficultés socio-économiques et les violations des droits humains, ou bien rester dans des camps caractérisés par un manque chronique de ressources”.  Les rapatriés ont déclaré à IRRI qu’ils étaient forcés de rentrer chez eux à cause de la situation humanitaire catastrophique à l’intérieur des camps et des exactions commises à l’encontre des réfugiés qui se hasardaient à en sortir.

Cependant, certains réfugiés continuent de résister à cette pression indue. Mais  d’autres encore se sont inscrits pour rentrer au pays.

 

Le HCR a récemment indiqué que faute de moyens financiers, le processus de rapatriement est extrêmement lent. Et pour consequences, certains d’entre ces réfugiés ont utilisé le peu d’argent en leur possession pour rentrer de leur propre chef.  Le HCR a même regretté que les rapatriés assistés par cette agence Onusienne reçoivent peu de moyens, seulement un transport gratuit pour traverser la frontière et un paquet de retour forfaitaire qui ne dure même pas les trois mois qu’il est censé couvrir.

 

De surcoit, l’Initiative Internationale pour les Droits des Réfugiés dresse un bilan de retour non suivi par l’integration effective. “ La plupart des personnes interrogées se trouvaient dans une situation extrêmement précaire. Leur paquet de retour était épuisé, or il n’existe guère d’autre soutien. Étant donné que beaucoup de ceux qui ont fui figuraient déjà parmi les plus vulnérables, leur lutte pour la survie n’a fait que s’intensifier à leur retour. Un grand nombre des personnes interrogées n’avaient pas de terre et les litiges fonciers non résolus par le passé continuent à jeter une importante zone d’ombre” lit-on dans le rapport.

 

Ces rapatriés ne sont même pas compris par les residents.  “Certains résidents ressentent de la rancœur face à l’assistance, aussi dérisoire soit-elle, que les rapatriés ont reçue, alors qu’eux-mêmes sont tout aussi vulnérables. Certains rapatriés, de leur côté, se sont plaints d’avoir été accusés de soutenir l’opposition. Certains d’entre eux avaient été menacés, voire physiquement maltraités” relate le rapport.

 

Certains rapatriés s’inquiètent pour l’avenir, avec les élections prévues pour l’année prochaine.  « Dans un contexte où le rapatriement est considéré comme étant la ‘solution durable‘ la plus souhaitable – et souvent, en pratique, l’unique ‘solution durable’ –, il est essentiel que la communauté internationale veille au moins à ce que le rapatriement ne soit pas seulement volontaire, mais qu’il soit suffisamment soutenu pour promouvoir une réintégration efficace » recommande le rapport.

 

Depuis septembre 2017, plus de 52 000 burundais ont été rapatriés de la Tanzanie selon le HCR.

 

Bujumbura et HCR assurent une reintegration temporaire

 

Le 7 février 2019, Ssur mille attendus, 335 burundais réfugiés en Tanzanie sont rentrés. Ils ont été accueillis au poste frontalier de la province de Ruyigi, à l’Est du Burundi.

 

A bord de cinq bus, ils ont été accompagnés d’une délégation du HCR et des forces de l’ordre tanzaniennes. A la frontière, ces Burundais qui retournent au bercail ont été accueillis par la sous-délégation du HCR basée à Ruyigi et la directrice générale de rapatriement.

 

Madame Chantal Hatungimana les a appellé aux travaux de développement. Elle a réitéré , avec l’appui des partenaires dont le HCR, son soutien pour leur réintégration. Saoudatou Bah-Mansaré, cheffe de la sous-délégation du HCR de Ruyigi, a assuré que ces rapatriés bénéficieront d’un minimum d’assistance pour «leur réintégration temporaire».

 

Les adultes ont eu droit à une enveloppe de 70 mille BIF et les jeunes de moins de 18 ans, 35 mille BIF chacun.

 

Tous ces rapatriés passent par les sites de transit avant d’être embarqués vers leurs communes respectives d’origine.

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