Plusieurs organisations de la société civile et des médias viennent d'adhérer au mouvement international “Tournons La Page”, TLP. Cette campagne a été lancée en 2014 par sept coalitions africaines pour promouvoir l’alternance démocratique en Afrique.

TLP milite aussi pour “l’instauration de vraies démocraties qui redonneraient espoir à une jeunesse sans avenir avec les régimes en place”.

Cette initiative internationale “Tournons La Page” regroupe différentes coalitions nationales de la société civile et des médias originaires de neuf pays à savoir le Cameroun, le Congo Brazzaville, le Gabon, le Niger, la République Démocratique du Congo, le Tchad, le Burundi, la Guinée et la Côte d’Ivoire.

D’après le coordinateur de la branche du Burundi, Maitre Janvier Bigirimana, la société civile en son entièreté doit réfléchir sur l’état de droit et la démocratie pour se convenir sur les actions appropriées à mener.

“A la veille des élections de 2020, face à une situation chaotique en matière de droits humains que nous vivons, la crise politique qui est loin d’être résolue avec le récent échec de la médiation, la crise humanitaire qui bat son plein, une mobilisation citoyenne doit être menée pour relever ces défis” a précisé maitre Bigirimana.

Alors que TLP-Burundi semble devenir efficace à quelques mois des élections de 2020, plusieurs membres de cette coalition burundaise sont sceptiques quant au recouvrement de l’alternance démocratique au Burundi à travers les prochains scrutins.

“Regardez l’arbitre CENI (commission électorale nationale indépendante) mise en place par presque le seul parti au pouvoir, la nouvelle constitution taillée sur mesure du président actuel, le climat politique malsain avant les élections où les militants de l’opposition sont matés tous les jours, les violations graves des droits humains, les tueries ciblées…Ce tableau sombre ne présage pas de bon pour une alternance démocratique que nous prônons” détaille Anchaire Nikoyagize, président de la Ligue Iteka.

Est-ce une autre face du mouvement “Halte au 3ème mandat” de 2015?

“Non”, rétorque le coordinateur de TLP-Burundi. Selon lui, les deux mouvements sont complémentaires car opérant sur le même terrain et travaillant presque sur la même matière. 

“L’un ne remplace pas l’autre et rien n’empêche que les deux mouvements partagent les mêmes objectifs ou les membres” dit-il.

En 2014, le Burundi a été représenté dans un forum organisé par la campagne internationale Tournons La Page. “C’était en fait le mouvement Halte au 3è mandat qui avait été invité et nous avons adhéré aux idéaux de TLP Internationale” explique Maitre Janvier Bigirimana.

Bigirimana n’ignore pas que le traitement réservé par le gouvernement du Burundi au mouvement Halte au 3è mandat les attends au tournant.

“Je pense que c’est une diversion de la part de ce régime parce qu’il a toujours dit que les défenseurs des droits humains, les acteurs pro-démocratie sont assimilés soit aux putschistes soit aux ennemis du pays, et ça c’est un mensonge grossier. Les Nations Unies et la Cour pénale internationale sont témoins car ces dernières enquêtent sur les violations des droits humains et les crimes contre l’humanité qui s’observent dans ce pays” estime-t-il, avant de rassurer que cela ne va pas les décourager.

“Et d’ailleurs le mouvement Tournons La Page ne peut pas se porter candidat aux élections et ne peut en aucun cas soutenir une lutte armée” ajoute-t-il.

Tournons La Page Burundi doit opérer dans un contexte particulier par rapport aux autres pays. Toutes les organisations et forum de la société civile et des médias regroupés en son sein sont en exil et ne sont pas reconnus par leur pays.

“D’où notre mobilisation citoyenne doit s’adapter aussi aux conditions du moment, alors que dans d’autres pays comme au Cameroun, au Niger ou en RDC de telles coalitions sont libres d’organiser des réunions et rassemblement ou marches manifestations dans les rues” laisse entendre son coordinateur.

Dans un premier temps les organisations qui composent “Tournons la Page Burundi” sont Acat, Aprodh, Forsc, Focode, RCP, Ligue Iteka, Synergie des Jeunes, Mouvement International de la Jeunesse Burundaise, le mouvement féminin pour la paix et la sécurité, UBJ, les médias et organisations des Journalistes en exil et bien d’autres.