juin
11
2020

La cour constitutionnelle saisie pour désigner le successeur du président burundais

Un conseil des ministres extraordinaire s’est tenu ce jeudi avec un seul point à l’ordre du jour: “la gestion de la situation consécutive au décès inopiné du président burundais Pierre Nkurunziza, en date du 8 juin 2020”.

 

Selon la constitution du Burundi en ses articles 121 et 288, l’organe compétent pour constater la vacance du poste du président est la cour constitutionnelle, saisi par le gouvernement.

 

Ce jeudi, les deux vices président et tous les ministres, après leur conseil, ont saisi cet organe judiciaire.

 

“Il revient à cette cour de procéder au remplacement du président décédé conformément aux dispositions de la constitution en vigueur.

 

Qui va assurer l'intérim

 

Selon l’article 121 de la constitution de 2018, il revient au président de l'Assemblée nationale, Pascal Nyabenda, d'assurer l'intérim jusqu'à la prestation de serment du nouveau président élu, prévue le 20 août.

 

D’après un politologue et homme de droit, la cour constitutionnelle peut aussi anticiper la prestation de serment du président élu. Il aura alors la tache de d’organiser à son tour élections sénatoriales et collinaires.

 

Toutes fois, à ce sujet, il se pose une question du respect de la durée des mandats présidentiels.

 

“Si Pierre Nkurunziza a été élu pour un mandat de 5 ans en août 2015, il prendra fin en août 2020 tandis que celui de son successeur en la personne d’Évariste Ndayishimiye qui a été élu devrait logiquement débuter juste à la fin du mandat de son prédécesseur”, analyse maitre Janvier Bigirimana.

 

Cet activiste de la société civile, coordinateur du mouvement “Tournons La Page” trouve qu’au niveau juridique, cette prestation de serment anticipée serait sujette de controverses sur base des dispositions constitutionnelles qui prévoient la durée du mandat des institutions.

 

Deuil de 7 jours

 

Les drapeaux ont été descendus à mi-mât, dans les capitales politique et économique du Burundi, Gitega et Bujumbura, tandis que les 11 millions d'habitants entamaient un deuil national d'une semaine en mémoire de leur président, Pierre Nkurunziza, décédé lundi d'un "arrêt cardiaque", selon le gouvernement.

 

Les musiques dans les bars, les boites de nuit et les karaokés doivent être suspendues.

 

Grand sportif et chrétien évangélique "born again" qui considérait son pouvoir d'essence divine, Pierre Nkurunziza laisse derrière lui un pays profondément meurtri par une crise politique qui a fait plus de 1 200 morts et conduit 400 000 Burundais à l’exil selon l’ONU.

 

Les relations diplomatiques entre le Burundi et la sous-région ainsi que les Nations Unies ne sont pas aussi au bon fixe.

 

En avril 2015, sa candidature à un troisième mandat très controversé avait provoqué un vaste mouvement de contestation populaire réprimé dans le sang par les forces de sécurité, plongeant son pays dans une crise majeure et contraignant à l'exil de nombreux opposants, activistes des droits de l'homme et journalistes indépendants.

 

Plusieurs personnalités politiques dont Paul Kagame, président du Rwanda voisin avec lequel le régime burundais n’entretenait pas de bonnes relations diplomatiques ces dernières années, ont présenté leurs condoléances au peuple burundais et à la famille de feu Pierre Nkurunziza.